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société L I B E R AT I O N LU N D I 1 0 N O V E M B R E 2 0 0 3 V1 15 ment des rues, de l’espace pu- blic. Les cités doivent deve- nir des quartiers ordinaires de la ville. Sans stigmates. C’est ce travail qui empêche- ra les ségrégations urbaines d’opérer. Aujourd’hui, on n’a que de la mobilité négative. Les gens qui s’en sortent cherchent des ailleurs et sont remplacés par des personnes en difficulté. Mais, sur le terrain, avez-vous constaté des améliorations dues à un travail sur l’urbain? J’observe, par exemple, des améliorations à la Croix-Che- valier, à Blois, ou aux Tarte- rêts, à Corbeil-Essonnes. Le processus de rénovation commence à peine, mais les gens sentent que les pouvoirs publics s’occupent d’eux. Lentement, l’ambiance chan- ge. Un quartier qui bouge, ça permet des conversations avec le futur. Les gens peu- vent se rêver dans les cinq ans. En outre, le travail sur l’urbain est porteur de concertation. Le dialogue en- gagé avec les habitants fait émerger d’autres probléma- tiques telles que l’emploi, qui est une question centrale. La loi de programmation sur la ville prévoit la prolongation des 44 zones franches ur- baines (ZFU) existantes et la création de 41 zones nou- velles(1) devant permettre de créer 100000 emplois dans les quartiers en l’espace de cinq ans. Un effort est aussi demandé au secteur public pour qu’il veille, dans ses re- crutements, à faire une juste place aux personnes issues des quartiers. L’urbain est-il un moyen pour mobiliser les acteurs locaux? L’Etat peut créer un cadre législatif, simplifier les pro- cédures, donner des aides. Mais la réussite de la poli- tique de la ville passe par la mobilisation des acteurs lo- caux. Dans les 44 zones franches urbaines, on constate que les résultats –en termes de création d’em- ploi ou d’entreprises – vont de un à sept. C’est un succès quand les élus, les chambres de commerce, les chambres des métiers ont pris les choses en main. L’article1 de la loi d’orientation sur la ville est passé un peu inaperçu. Mais il est redoutable. Car tous les ans, les acteurs lo- caux devront rendre public un rapport montrant les évo- lutions de divers indicateurs: le chômage, la réussite sco- laire, la délinquance… Ça va susciter des débats. Et locale- ment, les décideurs ne pour- ront plus se désintéresser des quartiers.• Recueilli par TONINO SERAFINI (1) Dans les ZFU, les entreprises sont exonérées de charges, de taxe professionnelle et d’impôt sur les bénéfices pendant cinq ans. E tre membre de la Gran- de Loge féminine de France (GLFF) ne concourt pas forcément à la sérénité. Anciennes et actuelles dignitaires s’échar- pent avec une hargne difficile- ment imaginable. Ce déballa- ge est devenu public, avec le renvoi en correctionnelle de Marie-France Coquard, Gran- de Maîtresse de 1993 à 1996, et de son mari, membre du Grand Orient. On leur repro- che d’avoir rédigé une lettre anonyme dénonçant la double casquette d’une franc-maçon- ne, membre de la Cour de cas- sation et de la GLFF . La magis- trate, Emmanuelle Lebée, a porté plainte. Ce genre de lin- ge sale se règle normalement au sein de la «justice maçon- nique». Mais les dissensions sont telles que la «justice pro- fane» est amenée à trancher. Riposte. La GLFF dispose en son sein d’une «commission des juristes», dont fait partie MmeLebée, avec des avocates. Elle a été mise sur pied en 1997, alors qu’une adhérente (radiée depuis) contestait devant les tribunaux de la République les statuts de l’obédience. Char- gées de la riposte, ces sœurs ju- ristes sont formelles: défaite en appel, la GLFF ne doit pas se pourvoir en cassation, ne serait-ceque pour «éviter une publication dans la presse judi- ciaire».Pour remettre de l’or- dre dans les statuts, elles pro- posent la désignation d’un mandataire ad hoc. A la GLFF , certains redoutent l’intrusion d’un tiers désigné par un tribunal profane. Mais les sœurs juristes s’en portent garantes: «Noussommes sûres de cet administrateur judiciai- re,il n’est pas hostile à nos idées et connaît le sens du secret.»Un avocatde la GLFF, lui-même membre de la Grande Loge de France (GLF, réservée aux hommes), n’est pas d’accord avec cette stratégie judiciaire, qu’il trouve risquée. Mal lui en prendra: les sœurs juristes lui collent une procédure devant l’ordre des avocats.Là encore, elles semblent sûres de leur coup, faisant état d’un rendez- vous avec un représentant du bâtonnier, «très scrupuleux sur le plan maçonnique», qui confierait le dossier «à un rap- porteur dont il est sûr de la dis- crétion». La fameuse lettre anonyme a été rédigée dans ce contexte de règlements de comptes. En- voyée le 10juillet 1997 à Pierre Truche, alors président de la Cour de cassation, elle fait état d’une «affaire qui semble peu conforme à la déontologie qui honore habituellement les ma- gistrats»: la présence d’Em- manuelle Lebée au sein de la commission des juristes, au moment où la GLFF se tâtait sur un pourvoi en cassation. Cette lettre est un faux maté- riel car elle est signée par une adhérente inexistante. Est- elle fausse par son contenu? La lettre pousse un peu le bou- chon en indiquant que la ma- gistrate aurait «abusé»de son statut pour imposer le retrait du pourvoi. Pierre Truche confie un exem- plaire de la lettre à Emmanu- elle Lebée, qui soupçonne Ma- rie-France Coquard d’en être l’auteur et commande une ana- lyse graphologique à une ex- perte judiciaire, membre de la GLFF, qui conclut à l’écriture d’un homme. Si ce n’est Marie- France, c’est donc son mari, Alain Coquard. Le GO s’y connaît aussi en bisbilles: un chèque d’adhésion d’Alain Co- quard est transmis à un dignitaire, qui se trouve être l’ex-mari de… Marie-France Coquard. Lorsque Emmanuel- le Lebée se met en quête d’une trace d’écriture, il se fait un de- voir de transmettre une copie. «Secte». Alain Coquard porte plainte pour détournement de courrier. Les mis en examen bénéficient d’un non-lieu. Pa- rallèlement, la magistrate at- taque en dénonciation calom- nieuse. Les époux Coquard sont renvoyés en correction- nelle.Ils contestent les exper- tises les désignant comme au- teurs. Ils devraient pourtant en assumer le contenu, pour avoir envoyé une lettre similaire (et officielle) à la chancellerie. L’audience vient d’être repous- sée à juin 2004 en raison de la maladie de leur avocat. Un ulti- me rab pour se crêper le chi- gnon: Marie-France Coquard exige d’être radiée de la GLFF , qu’elle qualifie de «secte»; l’obédience le lui refuse, gar- dant sous le coude sa procédu- re maçonnique, le temps que passe la justice profane, pour avoir le plaisir de l’exclure.• RENAUD LECADRE Des maçonnes pas très franches Lettre anonyme, dénonciation: les pratiques de la Grande Loge féminine devant la justice. BOULEVERSANTES LES TRENTE Un livre d’Histoire par LIBÉRATION 508 pages en vente en librairie 30euros Corbis/P.Turnley uploads/S4/ c-5.pdf
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- Publié le Apv 22, 2022
- Catégorie Law / Droit
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