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Recherche Newsletter Liens Contact Membres FILS RÉCENTS POLITIQUE CULTURE MONDE HISTOIRE MOUVEMENT WALLON MONARCHIE ARCHIVES AFRIQUE ECONOMIE Que valait véritablement la Wehrmacht en 1940? Article paru dans la revue du Centre liégeois d'histoire et d'archéologie militaire (CLHLM) ERIC SIMON Toudi mensuel n°70, janvier-février-mars 2006 Les loups sont entrés dans Paris (la Wehrmacht y défile le 14-6-1940 «C'est la victoire qui a conféré à la guerre-éclair un statut de doctrine» (Hew Strachan) 1 PREAMBULE SOUS FORME DE CHASSE AUX IDEES RECUES Dans la littérature militaire, on ne compte plus les ouvrages qui tentent d'apporter leur éclairage sur la défaite cinglante qu'ont subie, sur le continent, les puissances occidentales (France, Grande-Bretagne, Pays-Bas, Luxembourg et Belgique) entre mai et juin 1940. Dans la grande majorité des cas, et encore à l'heure actuelle, l'argumentation avancée est à ce point satisfaisante et réconfortante, qu'elle n'a rencontré aucune difficulté pour s'imposer dans la mémoire collective en tant que Vérité absolue. En règle générale, ce sont d'ailleurs malheureusement les théories simplistes qui triomphent le plus souvent des questions compliquées. En ce qui concerne le présent sujet, chacun d'entre nous a déjà été confronté à l'une ou l'autre des affirmations reprises ci-dessous: • Les Nazis possédaient beaucoup plus de blindés que les Alliés. • Les blindés allemands étaient bien meilleurs que les blindés occidentaux. • La Luftwaffe était de loin supérieure aux aviations alliées et ceci tant quantitativement que qualitativement. • L'Allemagne possédait plus de divisions que les Alliés. • Le moral et le matériel allemands étaient supérieurs à ceux des Alliés. • Les Alliés se sont enfermés derrière des fortifications désuètes, alors que les Allemands ont privilégié la motorisation et la guerre de mouvement. • L'industrie de guerre allemande était florissante alors que l'industrie d'armement française avait été minée par le Front Populaire. • La tactique et la stratégie allemandes supplantaient largement celles des Alliés. L'état-major allié était sclérosé, tandis que l'état-major allemand regorgeait de stratèges compétents et créatifs. • Le plan allemand était génial et imparable, le plan français était complètement inadapté. • Par leur neutralité, les Belges ont empêché les Alliés d'attaquer l'Allemagne en septembre 1939 pendant la campagne de Pologne. Neuf mois plus tard, l'armée belge a de toutes manières été écrasée par un adversaire supérieur à tous les points de vue. A première vue, il ne faut rien ajouter à ces arguments. Tout cela semble tellement cohérent et irréfutable qu'il n'y aurait presque plus qu'à aller se coucher! Et pourtant, si l'on se penche attentivement sur chacun des points évoqués, tous ou presque, s'avèrent irrémédiablement faux et ne résistent pas à une analyse un tant soit peu sérieuse. C'est du moins ce que nous allons nous atteler à démontrer. 2 LA SUPERIORITE ALLEMANDE EN MATIERE DE BLINDES Les spécialistes sont aujourd'hui unanimes, aussi ne tournerons nous pas longtemps autour du pot. En mai 1940, la Wehrmacht possédait moins de chars que l'armée française et à fortiori que toutes les forces alliées réunies. En outre, la qualité des blindés allemands laissait parfois fortement à désirer. Précisons d'emblée que les Allemands ont privilégié une option diamétralement opposée à celle des Alliés en général et des Français en particulier. Dans la préparation d'une guerre, chaque camp répartit ses efforts en fonction de sa stratégie et de sa perception de l'avenir. Nous baptiserons ce phénomène le «syndrome de la durée». L'Allemagne, redoutant une guerre longue, choisit de placer la totalité de ses ressources blindées en ligne dès le départ, de manière à obtenir éventuellement un effet de surprise, quitte à manquer de réserves si la guerre venait à se prolonger . L'état-major français fait exactement le choix inverse. Persuadé également que la guerre sera longue, il est convaincu que la victoire appartiendra à celui qui tiendra le coup le plus longtemps. En conséquences, des stocks de blindés sont conservés à l'arrière, de manière à pouvoir constituer des réserves le cas échéant. Lorsque l'on effectue des comparaisons chiffrées, il faut donc faire très attention et bien distinguer les blindés opérationnels affectés aux unités combattantes, des blindés disponibles maintenus en réserve à l'arrière. L'Allemagne concentre tous ses chars et à quelques exceptions près toutes ses automitrailleuses en dix divisions blindées (n° 1 à 10). Selon les sources, cela représente pour l'Allemagne entre 3.439 et 3.683 blindés: 3.439 blindés allemands 3.439 blindés opérationnels • +/- 1.000 automitrailleuses • 523 Pz-I légers • 955 Pz-II légers • 106 Praga t-35 légers • 228 Praga t-38 légers • 349 Pz-III moyens • 278 Pz-IV moyens • blindés en réserve 3.683 blindés allemands 3.683 blindés allemands opérationnels • +/- 1.000 automitrailleuses • 640 Pz-I légers • 825 Pz-II légers • 396 Praga t-35 et t-38 légers • 456 Pz-III moyens • 366 Pz-IV moyens • blindés en réserve En ce qui concerne les Alliés, les engins blindés sont répartis de manière beaucoup plus diluée: trois divisions légères mécaniques, trois divisions cuirassées et une trentaine de bataillons de chars de combat indépendants en France; chez les autres alliés, les blindés sont répartis un peu partout en soutien d'infanterie. Le total des forces blindées alliées est estimé entre 4.260 et 5.799 unités: 4.260 blindés alliés 3.930 blindés opérationnels • 42 automitrailleuses belges • 450 automitrailleuses françaises • 310 blindés britanniques • 40 automitrailleuses hollandaises • 270 chars légers belges • 2.085 chars légers français • 8 chars moyens belges • 445 chars moyens français • 280 chars lourds français • 330 blindés de réserve • 330 blindés britanniques 5.799 blindés alliés 4.633 blindés opérationnels • 55 automitrailleuses belges • 743 automitrailleuses françaises • 418 automitrailleuses britanniques • 40 automitrailleuses hollandaises • 251 chars légers belges • 2.085 chars légers français • 238 chars légers britanniques • 8 chars moyens belges • 415 chars moyens français • 77 chars moyens britanniques 1 2 3 4 5 6 7 • 280 chars lourds français • 23 chars lourds britanniques • 1.166 blindés de réserve • 45 automitrailleuses britanniques • 630 chars légers français • 174 chars légers britanniques • 135 chars moyens français • 156 chars moyens britanniques • 26 chars lourds français En tenant systématiquement compte des chiffres les plus faibles concernant les Alliés et des chiffres les plus élevés pour l'Allemagne, on obtient un total de: 3.683 blindés allemands • 3.683 blindés opérationnels • 0 blindés disponibles en réserve 4.260 blindés alliés • 3.930 blindés opérationnels • 330 blindés disponibles en réserve D'un point de vue strictement quantitatif, on constate donc un déséquilibre certain entre les forces blindées et pas du tout dans le sens où on l'attendrait. D'autant qu'il convient encore de signaler l'existence au sein de l'armée française de 1.685 vieux chars Renault du type FT, complètement obsolètes et de 206 automitrailleuses présentes dans les colonies. Ce matériel n'est pas comptabilisé en raison de sa faible valeur militaire ou de son éloignement excessif de la métropole. D'un point de vue qualitatif, la comparaison est encore beaucoup plus surprenante. Du côté allemand, les Pz-I et Pz-II n'ont strictement aucune valeur, ils ne servent qu'à faire du nombre. Leur blindage trop faible (13 à 14,5 mm) et leur armement trop léger (mitrailleuses de 7,92 ou canon de 20 mm) ne leur permettent pas de soutenir un combat contre les automitrailleuses françaises (canon de 25 mm), ni contre les chars légers français (canon de 37 court ou long), ni même contre les chars légers belges (canon de 47). Seuls les chars tchèques et les Panzers III et IV ont une véritable valeur combative. Les Praga (t-35 et t-38) disposent d'un canon moderne de 37 mm long, de deux mitrailleuses de 7,92 mm et d'un blindage de 25 mm. Les Pz-III possèdent également un canon moderne de 37 mm long, deux mitrailleuses de 7,92 mm, ainsi qu'un blindage de 30 mm. Quand aux Pz-IV, ils emportent un obusier de 75 mm , deux mitrailleuses de 7,92 mm et un blindage de 30 à 40 mm. Ces quatre types de blindés ne représentent ensemble que 1.218 unités sur les 3.683 engins opérationnels dont, soulignons-le, un millier d'automitrailleuses de qualités très diverses. Les chars français sont généralement moulés (coulés d'une pièce), ce qui leur confère une plus grande résistance que les chars allemands, dont le blindage est soudé ou riveté. Les chars alliés sont généralement mieux blindés et plus fortement armés que leurs homologues allemands. Le char lourd français B-1bis avec un obusier de 75, un canon de 47, deux mitrailleuses de 7,5 et un blindage de 60 mm représente, avec le Matilda II britannique, un mastodonte quasiment invulnérable aux projectiles allemands. En comptant les FCM, les Renault R-35 et R-40, les Hotchkiss H-35 et H-39, les Renault D-1 et D-2, les Somua S-35, les B-1bis et quelques Matilda II, on parvient à un total de 2.518 chars opérationnels du côté des Alliés, sans compter les automitrailleuses, ni les chars belges qui ont également une certaine valeur. Les FCM, Renault R-35 et Hotchkiss H-35 souffrent d'un défaut rédhibitoire, ils sont presque tous équipés d'un canon de 37 mm SA-18 court dont l'efficacité antichar est quasiment nulle, sauf à très uploads/Management/ que-valait-la-heer-en-1940.pdf
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- Publié le Apv 05, 2022
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