La lettre a louis xiv 1ere stmg2
Fénelon LA LETTRE A LOUIS XIV La personne Sire qui prend la liberté de vous écrire cette lettre n'a aucun intérêt en ce monde Elle n'écrit ni par chagrin ni par ambition ni par envie de se mêler des grandes a ?aires Elle vous aime sans être connue de vous elle regarde Dieu en votre personne Avec toute votre puissance vous ne pouvez lui donner aucun bien qu'elle désire et il n'y a aucun mal qu'elle ne sou ?r? t de bon c ?ur pour vous faire conna? tre les vérités nécessaires à votre salut Si elle vous parle fortement n'en soyez pas étonné c'est que la vérité est libre et forte Vous n'êtes guère accoutumé à l'entendre Les gens accoutumés à être attés prennent aisément pour chagrin pour ? preté et pour excès ce qui n'est que la vérité toute pure C'est la trahir que de ne vous la montrer pas dans toute son étendue Dieu est témoin que la personne qui vous parle le fait avec un c ?ur plein de zèle de respect de ?délité et d'attendrissement sur tout ce qui regarde votre véritable intérêt Vous êtes né Sire avec un c ?ur droit et équitable mais ceux qui vous ont élevé ne vous ont donné pour science de gouverner que la dé ?ance la jalousie l'éloignement de la vertu la crainte de tout mérite éclatant goût des hommes souples et rampants la hauteur et l'attention à votre seul intérêt Cependant vos peuples que vous devriez aimer comme vos enfants et qui ont été jusqu'ici si passionnés pour vous meurent de faim La culture des terres est presque abandonnée les villes et la campagne se dépeuplent tous les métiers languissent et ne nourrissent plus les ouvriers Tout commerce est anéanti Par conséquent vous avez détruit la moitié des forces réelles du dedans de votre État pour faire et pour défendre de vaines conquêtes au dehors Au lieu de tirer de l'argent de ce pauvre peuple il faudrait lui faire l'aumône et le nourrir La France entière n'est plus qu'un grand hôpital désolé et sans provision Les magistrats sont avilis et épuisés La noblesse dont tout le bien est en décret ne vit que de lettres d ? État Vous êtes importuné de la foule des gens qui demandent et qui murmurent C'est vous-même Sire qui vous êtes attiré tous ces embarras car tout le royaume ayant été ruiné vous avez tout entre vos mains et personne ne peut plus vivre que de vos dons Voilà ce grand royaume si orissant sous un roi qu'on nous dépeint tous les jours comme les délices du peuple et qui le serait en e ?et si les conseils atteurs ne l'avaient point empoisonné Le peuple même il faut tout dire qui vous a tant aimé qui a eu tant de con ?ance commence à perdre l'amitié la con ?ance et le respect Vos victoires et vos conquêtes ne le réjouissent plus il est plein d'aigreur et de désespoir La sédition s'allume
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- Publié le Fev 16, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
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