Createurs en mal de provocation

Créateurs en mal de provocation Réitérant à tour de bras le fameux geste de Marcel Duchamp exposant un urinoir sans voir qu ? il a perdu toute charge subversive l ? art contemporain le plus médiatisé ne fonde plus sa légitimité que sur le snobisme et sur la valeur marchande générée par celui-ci Conformiste dans son individualisme capitaliste exacerbé il éclipse par sa prétention tapageuse la démarche d ? artistes plus discrets dont l ? ?uvre conserve une réelle dimension libératrice par Dany-Robert Dufour avril L ? art contemporain est révolutionnaire en conséquence ceux qui ne l ? apprécient pas sont soit de francs réactionnaires soit des réactionnaires qui s ? ignorent c ? est-à-dire des néoréactionnaires De telles étiquettes sont aujourd ? hui systématiquement posées sur tous ceux qui osent encore s ? interroger devant certaines ?uvres et pratiques de l ? art contemporain Plutôt que de courir le risque d ? être soupçonné de populisme d ? incompétence ou de sottise rien d ? étonnant si l ? on choisit le plus souvent de taire ses réserves Vous préférez-vous réactionnaire ou révolutionnaire Du côté de la modernité ou de l ? académisme Ce procédé qui clôt tout débat avant qu ? il ne commence a une remarquable e ?cacité dont les ressorts et les objectifs méritent assurément d ? être élucidés car s ? il est déployé aussi bien dans un certain type de discours sur l ? art que dans un certain type d ? art indissociable de ce discours de façon bien plus large il opère également dans le vaste domaine de la rhétorique politique Le champ artistique examiné ici sert donc de modèle ? destiné à en éclairer les enjeux Pour en analyser le fonctionnement il n ? est pas inutile de prendre pour exemple l ? énoncé fondateur de la pensée libérale proposé par Bernard de Mandeville dans la fameuse Fable des abeilles Les vices privés l ? égo? sme l ? avidité font la vertu publique ? Autrement dit Ce que vous prenez pour du vice est en réalité vertu ? Ou bien encore Si vous vous en tenez au premier degré c ? est du vice mais si vous le prenez au second degré c ? est de la vertu ? Ce discours est pervers au sens clinique du terme et non pas moralisateur dans la mesure o? il fait du problème la violence souvent dévastatrice des passions et pulsions issues de cet amour de soi qu ? on nomme l ? égo? sme la solution Pervers il l ? est même doublement puisqu ? il brouille tout repère en revendiquant de pouvoir tout dire et son contraire le vice est vertu le blanc est noir Cette rhétorique-là agit donc en machine de destruction de Ctoute argumentation critique qui s ? appuie au contraire sur la distinction entre le vrai et le faux Pour atteindre ce second degré ? il su ?t que celui qui parle exhibe ce que personne ne doit

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