La conception de la traduction en france
LA CONCEPTION DE LA TRADUCTION EN FRANCE AU XVIe SIÈCLE Javier Suso López Universidad de Granada Introduction Vouloir résumer quelle est l'idée de la traduction en France au XVIe siècle ou dé ?nir ce que ce terme représentait dans l'esprit des gens est doublement risqué d'un côté en schématisant les tendances générales on peut trop les simpli ?er de l'autre on oublie toujours les opinions de quelqu'un dont les opinions nous semblaient secondaires et sans relief mais qui sont pour d'autres fondamentales Nous avons essayé ainsi pour réduire cette part du risque de montrer le mouvement des idées au cours du siècle au sujet de la traduction leur genèse et leur portée idéologique à travers un rapide tour d'horizon des opinions manifestées à ce sujet par un certain nombre d'auteurs de traductions dans leurs préfaces Le premier constat est une nette séparation entre la première partie du XVIe siècle et la seconde partie il s'est produit une fracture très forte vers le milieu du siècle qui fait basculer une conception de la traduction comme libre ad sensum jusque-là pratiquement exclusive vers une conception de traduction ?dèle qui prédominera au cours de la seconde moitié du siècle Ce sera dans la détermination de cette notion de ?délité qu'appara? tra une ré exion complexe sur la traduction ce qui permettra de surmonter la disjonction traduction libre-traduction littérale ou ad verbum qui était jusque-là la fausse manière de poser le problème de la traduction La iusta via media et la traduction ad sensum Paul Herbert Larwill a établi dès que les tendances de la traduction dans les premiers temps de la Renaissance montrent une orientation vers la liberté du traducteur dans l'interprétation du sens par-delà les mots concrets attitude qui ne faisait que continuer la conception médiévale de la iusta via media Ainsi Raoul de Presles dans sa version sur Saint Tradition que les premiers humanistes italiens Manetti Salutati ou Bruni ne feront que reprendre et transmettre au reste de l'Europe -Le Comento de Eusebio de Alfonso de Madrigal par exemple- voir Norton - Cette conception était opposée à une traduction littérale extrême Ad verbum interpreta- tio est ubi verbum verbo redditur Ad sensum vero ubi verbis tro- CAugustin considère que son devoir de traduire consiste à ce que je ensuive la vraye simple et clere sentence et le vray entendement sans ensuivir proprement les mots du texte ? Selon cette conception il y aurait une brèche irréparable entre la phrase avec ses valeurs de simplicité clarté et véracité et les mots simples isolés qui bloquent l'accès au sens et à la pensée de l'auteur On n'a aucune di ?culté à voir là la survivance d'un courant philosophique qui à partir du Cratyle de Platon soutenait comme Hermogène une arbitrariété essentielle entre le nomen en tant que désignation d'une substantia particulière du monde et cette réalité substantia en soi les mots seraient ainsi des signes conventionnels sujets à une évolution et une dégénérescence irréversibles Cette conception allait de pair avec une approche linguistique
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Licence et utilisation
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- Publié le Mar 06, 2021
- Catégorie Industry / Industr...
- Langue French
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