Marcel cohen Marcel Cohen Lettre à Antonio Saura Les pages qui suivent sont extraites de la Lettre à Antonio Saura édité par L ? Echoppe en Seule exception dans ce numéro d ? un texte de langue française non inédit cette lettre nous importe car elle est u
Marcel Cohen Lettre à Antonio Saura Les pages qui suivent sont extraites de la Lettre à Antonio Saura édité par L ? Echoppe en Seule exception dans ce numéro d ? un texte de langue française non inédit cette lettre nous importe car elle est une splendide méditation sur la disparition du djudyo une langue judéo-espagnole Une langue qui s ? éteint ce n ? est pas une bibliothèque qui brûle c ? est plus que cela la ?n d ? une expérience à la fois singulière et collective du monde telle qu ? une langue la porte dans sa structure sa syntaxe son vocabulaire Que sont des livres écrits dans une langue à laquelle plus personne n ? a accès sinon une ? le sans abord qui dérive et retourne à l ? état de terra incognita Mélancolie solitude essentielle celles-là mêmes qui naissent à l ? approche d ? un exil l ? agonie d ? une langue ??C ? est un peu comme se retrouver seul dans le silence ? sans asile ni chance de retour Romancier Marcel Cohen est notamment l ? auteur du Grand Paon de nuit Gallimard d ? Assassinat d ? un garde Gallimard et de Galpa réédité par Michel Chandeigne en L ? Echoppe a également édité l ? année dernière un ensemble de textes que Marcel Cohen a consacrés à Antonio Saura sous le titre Quelques faces visibles du silence La pensée de midi CUne mère étrangère LETTRE A ANTONIO SAURA QUI CROYAIT PEINDRE DES PORTRAITS IMAGINAIRES PAR UN SÉFARADE DE TURQUIE SE SOUVENANT PARFAITEMENT DE CHACUN DE SES MODÈLES La pensée de midi CMarcel Cohen - Lettre à Antonio Saura I Cher Antonio Je voulais t ? écrire en djudyo avant que s ? éteigne tout à fait la langue de mes ancêtres Tu n ? imagines pas Antonio ce qu ? est l ? agonie d ? une langue C ? est un peu comme se retrouver seul dans le silence C ? est se sentir sikileoso sans comprendre pourquoi II Ce que je note ici est à peu près tout ce que je garde en mémoire en dépit des cinq siècles passés en Turquie par mes ancêtres Je suis né à Asnières un faubourg de Paris et mes parents avaient une trentaine d ? années lorsqu ? ils vinrent s ? installer en France Ils parlaient parfaitement français puisque c ? était à l ? époque la langue de tous les Juifs de l ? ex-Empire ottoman Ils l ? apprenaient très jeunes dans les écoles de l ? Alliance israélite universelle puis à Istanbul au Lycée français de Galata Sarail Comment n ? auraient-ils pas aimé la France Cela ne les empêchait nullement de continuer à parler djudyo à la maison et c ? est donc en les écoutant que je m ? en suis imprégné faute de tout à fait le parler moi-même III Pour retrouver mes mots je dois fermer les yeux Antonio et bien
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- Publié le Jan 09, 2022
- Catégorie Industry / Industr...
- Langue French
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