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La petite fille qui ne voulait pas grossir isabe

CLa petite ?lle qui ne voulait pas grossir CIsabelle CARO La petite ?lle qui ne voulait pas grossir Flammarion À ma mère Maman je te pardonne tout et je t'aimerai toujours malgré ma sou ?rance Pardonne toi aussi le mal que je t'ai fait À mon père de c ?ur C'est toi qui m'as élevée je ne l'oublierai jamais Quelles qu'aient pu être tes erreurs tu as supporté beaucoup de choses à cause de ma maladie À vous deux Désolée de vous avoir entra? nés dans cette spirale infernale Note de l'auteur et de l'éditeur CPrologue Impossible de lui donner un ? ge Son regard pourrait appartenir à une enfant perdue Mais sa peau est distendue et asque comme celle d'une personne ? gée et son corps cadavérique porte les marques de la vieillesse Elle n'est vraiment pas belle celle qui expose sa nudité sur les murs Rien en elle n'a de quoi susciter le désir La pitié plutôt dans le meilleur des cas Renforcée justi ?ée peut-être par le slogan No anorexia Moi cette photo m'inspire de la honte Parce que c'est la mienne Mais j'en suis ?ère également car j'espère qu'elle aidera quelques jeunes ?lles à ne pas tomber dans la terrible maladie qui ruine ma vie depuis treize ans CJ'imagine que la plupart des gens qui l'ont vue se demandent comment on peut en arriver là à cette maigreur e ?rayante qui évoque les rescapés ?lmés au sortir des camps de concentration dans notre société d'abondance et d'obésité galopante C'est l'histoire que raconte ce livre une histoire d'amour et de mort l'histoire d'une petite ?lle qui ne voulait ni grossir ni surtout grandir Cette histoire m'a pendant longtemps semblé tellement folle que je n'osais en parler J'avais honte de dévoiler ce qu'avaient été mon enfance et mon adolescence peur que celle qui en est la véritable héro? ne ma mère ne soit mal jugée par mes auditeurs Mais comment guérir si je ne me détache pas d'elle si je ne suis pas capable de la regarder comme une personne ordinaire et distincte et non plus comme la divinité toute-puissante et adorée en dépit de tout avec laquelle j'ai vécu contrainte et forcée mais ?nalement consentante une symbiose vénéneuse Ne la condamnez pas c'est elle aussi une victime que personne n'a secourue Voici pourquoi je commencerai ce récit en racontant l'histoire de notre famille inextricablement mêlée à la mienne et indispensable à sa compréhension Chapitre La culture du malheur CIl était une fois dans le ?n fond de la Bretagne catholique de l'immédiat après-guerre une famille pauvre Yvon le père revenu malade les poumons mités par la tuberculose d'un camp de travail gagnait chichement sa vie comme cheminot Jeanne la mère une femme très pieuse qui ne manquait jamais la messe de six heures à l'église du village servait à manger dans l'auberge locale là o? elle avait rencontré Yvon La vie était dure le malheur lui non plus ne se reposait jamais En cette ?n des années