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Andree comparot la lecture des confessions d x27 augustin montaigne

LA LECTURE DES CONFESSIONS D'AUGUSTIN À TRAVERS LES ESSAIS DE MONTAIGNE D autres auteurs s'étaient comme Montaigne racontés dont l'anecdote ou l'a ?rmation plus générale ouvraient la voie à une ré exion profonde Augustin dans les Confessions avait donné l'exemple Le vin de Monique appelait la honte le vol des poires le repentir et dans tous les cas la saisie d'un premier dépassement du vécu dans la recherche de soi que poursuit tout l'ouvrage Ces exemples nous autorisent à notre tour à tirer des Essais une page surprenante pour en chercher le sens dans sa source l'importance dans la pensée du reste de louvrage Les chapitres du premier livre sont plus transparents pour le lecteur parce qu'ils restent proches des sources livresques de la pensée du moins qui a suscité la ré exion Par la suite plus libre dans ? Apologie de Raymond Sebon ? ou le chapitre De l'expérience ? Montaigne prolonge et développe l'a ?rmation première C'est ainsi que chapitre xxiv qui par son titre déjà Divers événemens de mesme conseil ? prétend attirer notre attention impose un propos étrange chez un auteur qui devrait chercher à être entendu de ses lecteurs En fait cette phrase révèle la pensée politique largement humaine de Montaigne et éclairée par sa source une métaphysique chrétienne On a depuis longtemps refusé à Montaigne la connaissance des Confessions d'Augustin parce qu'au chapitre De l'a ?ection des pères aux enfans ? il a supposé qu'il y aurait impiété à Augustin si d'un costé on luy proposoit d'enterrer ses escrits de quoy nostre religion reçoit un si grand fruit ou d'enterrer ses enfans au cas qu'il en eut ? il ne préfér? t Confessions IX-VIII Pierre de Labriolle CUF Paris p sa ? bid lblV Essais II p L'ouvrage de référence est pour les Essais édition du T ivr u Jean Céard dir Paris dU Llvre d e Poche lbidã C ANDRÉE COMPARÛT enterrer ses enfants La proposition incise au cas qu'il en eut ? para? t donner absolument raison à ses détracteurs Mais il ne faut pas l'isoler du contexte L'amour d'Épicure pour sa doctrine a paru en lui remplacer l'a ?ection des pères aux enfants comme peut-être la lettre rapportée par Cicéron au De Finibus II-xxx ou Diogène La? rce X- le justi ?e Mais Montaigne ajoute aussi pour appuyer ce choix la supposition d'un enfant contrefait et mal nay ? ce qui est peu respectueux pour le philosophe dont il doit contrebalancer l' ?uvre écrite même s'il appelle cela mal heur ? et caractérise le livre de sot et inepte ? du moins celui qui entre dans le jeu Montaigne assurément s'amuse dans cette supposition Passant à Saint Augustin il ne présente plus tout à fait la même situation Ce sont ses contemporains qui imposeront au Père de l'Église d'enterrer ses écrits ou ses enfants Ce sont eux qui l'accuseront d'impiété La supposition alors n'est plus parallèle à celle qui frappait Épicure Car Montaigne ajoute aussitôt au nom de Saint Augustin la