Ministère chargé de l’environnement - DGPR / SRT / BARPI N° 168 Rupture d’une c
Ministère chargé de l’environnement - DGPR / SRT / BARPI N° 168 Rupture d’une canalisation de transport d'hydrocarbures liquides Le 28 juillet 1989 Rosteig - (Bas-Rhin) France LES INSTALLATIONS CONCERNÉES L'ouvrage impliqué, construit en 1969, est exploité par une société spécialisée dans l'exploitation de pipelines pour le compte d'industriels de la chimie ou de l'industrie pétrolière. Il transporte environ 4 000 tonnes de naphta 1 par jour, à destination de la plateforme chimique de Carling. Le diamètre de la canalisation est d'environ 400 mm. Dans la zone de l'accident, l'ouvrage forme un siphon avec une dénivellation de 120 m d'un côté et de 100 m de l'autre. Trois canalisations traversent la zone où s'est déroulée le sinistre: • la canalisation accidentée appelée également l'oléoduc de la Sarre (A); • un pipeline désaffecté et rempli d'eau de l'ancienne raffinerie de Lorraine (B); • un gazoduc (DN 450). 19 m séparent le pipeline A du gazoduc, le pipeline désaffecté B étant situé entre les deux, à 13 m du premier cité. A l'endroit de la perforation, le pipeline est enfoui sous une hauteur voisine de 1,20 m de terre. L’ACCIDENT, SON DÉROULEMENT, SES EFFETS ET SES CONSÉQUENCES L’accident : A 9h55, sur la commune de Rosteig, le godet d'un chargeur heurte et perce l'oléoduc de la Sarre en réalisant une plate- forme horizontale sur l'emprise d'un terrain privé. Au point d'impact (altitude 271,7m), le chargeur extrait des matériaux d'un talus constitué d'une pente à 15% dans lequel est enfoui l'ouvrage à une profondeur moyenne de 1,2 m. 1 Coupe pétrolière légère dans la gamme des essences (C5-C11) souvent utilisée comme produit de base dans l'industrie pétrochimique (unité de vapocraquage en particulier) Date d’actualisation de la fiche : novembre 2009 Page 1 Explosion Incendie UVCE Canalisation / pipeline Naphta Travaux (tiers) Victimes Profil en long du pipeline Ministère chargé de l’environnement - DGPR / SRT / BARPI N° 168 Au moment de la perforation, le pipeline n'est pas en service mais contient du naphta sous une pression hydrostatique voisine d'une dizaine de bar (16,6 bar à la station de pompage d'Oberhoffen à l'altitude 127,7m). Le pipeline étant à l'arrêt, la pression à l'endroit de la fuite dépend de la hauteur de la colonne de liquide (120 m environ). Selon plusieurs témoignages dont celui du conducteur du chargeur, le naphta gicle au point d’impact à une hauteur de 5 à 10 m. Un épais brouillard jaunâtre se forme et emplit la vallée située en contrebas. En quelques minutes une nappe très odorante se forme sur une surface de plusieurs hectares et progresse vers le village de Rosteig. Les habitants des maisons situées à proximité s’enfuient en direction du village. A 10h05, la gendarmerie est avisée téléphoniquement et envoie une patrouille sur les lieux. Arrivé à environ 300 m du lieu de perforation du pipeline, le moteur du véhicule se serait emballé puis aurait calé. Vers 10h15, le nuage de gaz s'enflamme et explose: le bruit de l'explosion est perçu jusqu'à une distance de 20 km. De nombreux moyens de secours arrivent rapidement sur les lieux et un périmètre de sécurité est établi. Date d’actualisation de la fiche : novembre 2009 Page 2 Ministère chargé de l’environnement - DGPR / SRT / BARPI N° 168 A 10H20, l'exploitant engage la décompression de la ligne par vidange du produit restant vers le point bas situé à Oberhoffen (106 m3 récupérés) suivie à partir de 10h50 de la fermeture des vannes situées en amont (5 km) et en aval (10 km) du lieu de l'accident. La décision est prise de laisser brûler sous contrôle le naphta qui s'échappe de la brèche: cette combustion génère une flamme de 2 m de hauteur environ qui diminuera au fur à mesure de la chute de pression dans la ligne. Mettant à profit les effets de la baisse nocturne des températures sur l'intensité de la flamme, une "pinoche" en bois est introduite en force dans la brèche le 30/07 vers 6h15, suivie en fin de matinée par la pose d'un manchon mécanique après dégagement partiel de l'ouvrage. Les personnes évacuées peuvent alors regagner leur habitation. Les conséquences : Les conséquences de l'accident sont multiples: Conséquences humaines Un gendarme, très gravement brûlé, décède dans les heures qui suivent l'explosion. L'autre gendarme, ainsi qu’un civil qui s'était approché de la fuite avant l'inflammation du nuage, décèderont de leurs brûlures quelques jours plus tard. Dégâts matériels L'explosion et l'incendie provoquent de nombreux dégâts: plusieurs dizaines d'habitations sont fortement endommagées par le souffle de l'explosion (vitres brisées, toitures soufflées,…) et des bâtiments sont détruits. Plusieurs hectares de terrain boisé sont la proie des flammes pendant 3 jours. Rejets de matières dangereuses Une estimation de la quantité de naphta relâchée est effectuée à partir de la topographie du tracé de l'ouvrage, des caractéristiques de la brèche et du naphta, de la nature et des délais d'intervention de l'exploitant. Ce dernier évalue à environ 220 m3 (150 t) la quantité totale de naphta relâchée, la majorité du produit s'étant échappée au cours de la première heure avec un débit de fuite initial estimé à 100 l/s. Conséquences économiques L'alimentation du site chimique en naphta par la canalisation, avec des besoins journaliers de l'ordre de 1 400 tonnes, est interrompue pendant plus de 3 semaines. Échelle européenne des accidents industriels: En utilisant les règles de cotation des 18 paramètres de l’échelle officialisée en février 1994 par le Comité des Autorités Compétentes des États membres pour l’application de la directive ‘SEVESO’ et compte tenu des informations disponibles, l’accident peut être caractérisé par les 4 indices suivants : Les paramètres de ces indices et leur mode de cotation sont disponibles à l’adresse http://www.aria.developpement- durable.gouv.fr/. Date d’actualisation de la fiche : novembre 2009 Page 3 Travaux de réparation (pose provisoire d'une pinoche) et d'extinction (source: DRIRE Alsace) Ministère chargé de l’environnement - DGPR / SRT / BARPI N° 168 L’indice ‘Matières dangereuses relâchées’ est coté à 2 en raison des 150 t de naphta relâchées (seuil haut SEVESO: 25 000 t - paramètre Q1). L’indice ‘Conséquences humaines et sociales’ est égal à 4 car 3 personnes (2 gendarmes et un civil) sont décédées dans l'accident ('paramètre H3'). Les indices 'Conséquences économiques' et 'Conséquences environnementales' ne sont pas renseignés en l'absence de données sur ces indicateurs. L’ORIGINE, LES CAUSES ET LES CIRCONSTANCES DE L’ACCIDENT L'accident a pour origine des opérations de terrassement réalisées par une petite entreprise de travaux publics pour le compte d'un particulier sur un terrain privé dans lequel passe l'ouvrage. Le contexte géologique des lieux est probablement intervenu dans les circonstances de l'accident. La présence de grés rose, roche dure, a vraisemblablement influé sur le déroulement des opérations de terrassement et sur les manœuvres effectuées par le conducteur pour réaliser les travaux prévus. Jusqu'à ce que la fuite soit visible, ce dernier ne suspectait pas d'avoir touché la canalisation dont, selon ses déclarations, il ignorait la présence. En l’absence de grillage avertisseur (non obligatoire), aucun dispositif n'alertait le conducteur de la présence de l'ouvrage. L'ouvrage présente une brèche d'environ 40 cm2 correspondant aux dimensions d'une dent de l'engin de terrassement. Le responsable de l'entreprise de travaux publics, qui connaissait l'existence de cette canalisation, n'a pas informé l'exploitant de l'ouvrage de son intention de réaliser des travaux aux abords de l'ouvrage, information préalable pourtant prévue dans les dispositions d'un arrêté préfectoral en date du 22 janvier 1975. Le naphta contenu dans l'ouvrage s'est écoulé par la brèche à un débit de fuite initial évalué à 100l/s. Les caractéristiques du produit et les conditions météorologiques (vent faible et température extérieure élevée) ont favorisé la constitution d'un nuage de gaz inflammable. Au moment de son allumage (UVCE), par une source qui n'a pas pu être identifiée, 20 min environ après le percement par le chargeur, le volume de gaz enflammé a été évalué à 10 000 m 3 générant une onde de choc à l'origine de dégâts aux maisons situées jusqu'à environ 400 m de l'ouvrage. Les effets thermiques ont été quant à eux mortels pour les 2 gendarmes à l'intérieur de leur véhicule stoppé à 250 m environ du point de fuite et pour un civil prenant des photographies à 150 m environ de ce même point. LES SUITES DONNÉES Une surveillance attentive du respect du périmètre de sécurité est réalisée par la gendarmerie, les pompiers et des agents d'exploitation du pipeline durant les 2 jours précédant le colmatage de la brèche. Le service administratif en charge de la surveillance des canalisations organise plusieurs réunions techniques associant notamment l'exploitant de la plate-forme chimique de Carling, l'exploitant du pipeline et une société spécialisée dans le contrôle des soudures sur équipements sous pression, pour analyser les conséquences de l'accident sur l'ouvrage et définir les modalités de réparation du pipeline. Les travaux sont réalisés du 14 au 19 août et comprennent les principales phases suivantes (cf. schéma ci-dessous) : • soudage d'un piquage 4 pouces et perçage à la partie la plus basse du siphon; • vidange du naphta contenu dans le siphon; • uploads/s1/ fd-168-rosteig-1988-fr.pdf
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