1 JEAN PAUL LEMIEUX Sa vie et son œuvre de Michèle Grandbois Table des matières

1 JEAN PAUL LEMIEUX Sa vie et son œuvre de Michèle Grandbois Table des matières 03 Biographie 19 Œuvres phares 46 Importance et questions essentielles 57 Style et technique 65 Où voir 71 Notes 76 Glossaire 94 Sources et ressources 103 À propos de l’auteur 104 Copyright et mentions 2 JEAN PAUL LEMIEUX Sa vie et son œuvre de Michèle Grandbois Peintre, illustrateur, professeur et critique d’art, Jean Paul Lemieux (1904-1990) est une figure centrale de la modernité canadienne. Sa peinture marque la grande aventure de la figuration au vingtième siècle. Elle est l’œuvre d’un artiste qui évolue en marge des principaux mouvements de son temps. Né à Québec, Lemieux décide de pratiquer et d’enseigner dans sa ville natale. C’est de là que son art et sa pensée rayonneront pendant plus d’un demi-siècle. 3 JEAN PAUL LEMIEUX Sa vie et son œuvre de Michèle Grandbois Jean Paul Lemieux (à gauche) et son frère Henri à l’hôtel Kent House, v. 1910. ENFANCE ET JEUNESSE Jean Paul Lemieux1 voit le jour à Québec, le 18 novembre 1904. Son père Joseph Flavien, représentant pour Greenshields Limited, un important fournisseur de produits en gros2, est souvent absent, car ses affaires l’obligent à voyager. Son commerce jouxte la résidence familiale du 68, rue Saint-Joseph, où vivent son épouse Corinne Blouin, Jean Paul et sa sœur aînée Marguerite, ainsi qu’une vieille tante et une domestique. En 1908, la famille qui compte un nouvel enfant, Henri, emménage au 128, Grande- Allée, à la Haute-Ville, dans une maison cossue en pierre grise de style victorien. Évoluant aussi bien dans le milieu francophone qu’anglophone, Jean Paul profite d’une enfance choyée qui se déroule pendant les mois d’hiver à Québec et, de mai à novembre, à l’hôtel Kent House (aujourd’hui le Manoir Montmorency), à une douzaine de kilomètres de Québec. Ce lieu de villégiature surplombe la spectaculaire chute Montmorency. C’est là que Lemieux passe une partie de son enfance, époque qu’il conçoit comme « l’âge du bonheur parfait » et qu’il représentera dans 1910 Remembered, 1962, et L’été de 1914, 1965. Jean Paul Lemieux, L’été de 1914, 1965, huile sur toile, 79,2 x 175,5 cm, Musée national des beaux-arts du Québec, Québec. Kent House, aujourd’hui le Manoir Montmorency, est visible dans le coin supérieur gauche. 4 JEAN PAUL LEMIEUX Sa vie et son œuvre de Michèle Grandbois Marc-Aurèle de Foy Suzor-Coté, Les ombres qui passent, rivière Nicolet, 1925, huile sur toile, 102,8 x 138,6 cm, Musée national des beaux-arts du Québec, Québec. Lemieux a dix ans lorsqu’il rencontre à Kent House un artiste américain qui peint des tableaux afin de rajeunir un des pavillons de l’hôtel. « Il s’appelait Parnell », racontera-t-il plus tard. « J’ai pris l’habitude de le regarder peindre de très grandes toiles. J’étais fasciné et c’est ainsi que j’ai commencé à faire des croquis3. » La trajectoire de Parnell nous est inconnue4, mais son passage en 1914 marque la destinée de Lemieux qui peint cette année-là sa première aquarelle inspirée par la vue exceptionnelle de la chute. À l’automne 1916, Corinne et ses enfants quittent Québec. Marguerite, la sœur aînée, souffre de rhumatisme chronique et le climat de la Californie est recommandé par ses médecins. À Berkeley, Jean Paul et Henri poursuivent leurs études en anglais. La famille voyage à San Francisco et à Los Angeles. Le goût que développera Jean Paul pour le septième art provient de ses visites dans les studios d’Hollywood. Quant à Marguerite, elle s’installe définitivement en Californie où elle se mariera en 1919. FORMATION - LES ANNÉES MONTRÉALAISES En 1917, la famille Lemieux s’établit à Montréal. Jean Paul y poursuit ses études au Mont Saint- Louis, puis au Collège Loyola. Durant cette période, il prend des leçons d’aquarelle, puis se retrouve apprenti, en 1926, dans l’atelier de Marc-Aurèle de Foy Suzor-Coté (1869-1937), un peintre impressionniste canadien réputé. Situé dans la maison du sculpteur Alfred Laliberté (1878- 1953), l’atelier accueille aussi les artistes Maurice Cullen (1866- 1934), Robert Pilot (1898-1967) et Edwin Holgate (1892-1977), qui vivent de leur art, exposent régulièrement, et qui sont membres de l’Arts Club of Montreal. En septembre 1926, Lemieux s’inscrit à l’École des beaux-arts de Montréal dans le but de devenir un peintre professionnel. Le dessin, « clef unique et indispensable des Beaux-Arts5 » est à la base du programme d’enseignement. Les laborieuses séances de copies d’antiques et d’ornements n’affaibliront jamais l’importance que Lemieux accorde au dessin, lui qui se plaira à répéter la célèbre formule de Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867) : « Je mettrai sur la porte de mon académie : Ici on apprend à dessiner, et je ferai des peintres6. » Dans cette école, aucune tolérance n’est admise en faveur de l’art moderne : « L’on ne verra pas le moindre “fauve”, pas le moindre “cubiste”, pas le moindre “dadaïste”, pas le moindre “fumiste” », assure le directeur Emmanuel 5 JEAN PAUL LEMIEUX Sa vie et son œuvre de Michèle Grandbois Fougerat7. À l’arrivée de Lemieux, ce dernier est remplacé par Charles Maillard qui tiendra le même discours pendant les deux décennies suivantes. Lemieux se sent à l’étroit dans le milieu fort conservateur de l’école. De tous les membres du corps professoral, le seul dont Lemieux gardera un bon souvenir est son professeur de gravure Edwin H. Holgate, alors reconnu comme l’un des meilleurs dessinateurs de Montréal. Représentant du renouveau du bois gravé au Canada, Holgate est au sommet de sa carrière d’illustrateur. Son influence se reconnaît dans le souci architectural des dessins que Lemieux crée lui-même pour illustrer deux romans, La pension Leblanc de Robert Choquette (1927) et Le Manoir hanté de Régis Roy (1928). GAUCHE : Edwin Holgate, Le rouet, 1928, gravure sur bois sur papier Japon, 27,2 x 20 cm. Plusieurs des gravures sur bois que Holgate réalise durant cette période dépeignent des bûcherons, des forgerons et des tisserands en milieu rural. DROITE : L’influence d’Edwin Holgate est manifeste dans cette illustration de Lemieux figurant dans le premier chapitre de La pension Leblanc (1927), un roman de Robert Choquette au sujet d’une pension pour touristes située au nord de Montréal. À l’École8, Lemieux croise Paul-Émile Borduas (1905-1960); il tisse des liens de camaraderie avec Jean-Charles Faucher (1907-1995) et Louis Muhlstock (1904- 2001), et développe des amitiés soutenues auprès des peintres Francesco Iacurto (1908-2001), Jean Palardy (1905-1991) et Jori Smith (1907-2005) et du poète Hector de Saint-Denys Garneau (1912-1943). À l’exception de Borduas, dont l’art s’engagera du côté de la non-figuration et de l’abstraction, plusieurs de ses condisciples renouvelleront la peinture figurative au cours des années 1930 et 1940 au Québec. 6 JEAN PAUL LEMIEUX Sa vie et son œuvre de Michèle Grandbois Étudiants de l’École des beaux-arts de Montréal, v. 1927. Lemieux est assis dans le coin inférieur gauche. L’année 1929 et ses jours sombres d’octobre marquant le début de la grande dépression retrouvent mère et fils à Paris, dans le quartier Montparnasse, après des séjours à Londres, en Espagne et en France. La ferveur surréaliste qui enflamme alors les esprits créatifs n’atteint pas Lemieux. Les artistes qu’il défendra plus tard dans ses écrits — Paul Cézanne (1839-1906), Paul Gauguin (1848-1903), Pablo Picasso (1881-1973) ou Henri Matisse (1869-1954) —, frappés de censure à l’École des beaux-arts de Montréal, ne retiennent pas davantage son attention. Toutefois, il y rencontre son compatriote Clarence Gagnon, un peintre bien connu à l’époque pour ses paysages de la région de Charlevoix, qui travaille alors à illustrer une édition du roman Maria Chapdelaine, de Louis Hémon. Lors de son séjour de deux mois à Paris, Lemieux s’intéresse plutôt aux développements récents de l’illustration; il étudie l’art publicitaire, et dessine d’après le modèle vivant à l’Académie de la Grande Chaumière et l’Académie Colarossi. Au terme de son voyage, il pense mieux cerner la place qu’il entend prendre dans le monde des arts. De retour à Montréal, en décembre 1929, il fonde avec ses amis Jean Palardy et Jori Smith une petite société d’art commercial et publicitaire du nom de JANSS, un acronyme basé sur les noms des trois artistes. Rattrapée par la crise économique, la société fermera ses portes six mois plus tard9. 7 JEAN PAUL LEMIEUX Sa vie et son œuvre de Michèle Grandbois GAUCHE : Jean Paul Lemieux, Dessin publicitaire pour cigarette, v. 1929, encre noire, crayon de couleur et graphite sur papier vélin, 27 x 18 cm, Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa. Ce croquis est probablement réalisé alors que Lemieux travaille pour JANSS. DROITE : Jori Smith, Portrait de Jean Paul Lemieux, v. 1932, 62,1 x 48 cm, fusain, pastel et craie sur papier, 62,1 x 48 cm, Musée national des beaux-arts du Québec, Québec. Lemieux, Jori Smith et Jean Palardy codirigent brièvement l’agence publicitaire JANSS. Après ce revers, Lemieux interrompt ses activités et s’accorde un temps de réflexion alors qu’il rend visite à Marguerite en Californie. Sur le chemin du retour, il s’arrête dans les musées et les galeries de Chicago, de New York et de Boston. Il observe la peinture socioréaliste américaine, s’intéresse aux peintres de la Ashcan School, à leurs descriptions de la uploads/s3/ jean-paul-lemieux-sa-vie-et-son-oeuvre.pdf

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