Axe I L’inconscient est une chose complexe car comme son intitulé le décrit, c’

Axe I L’inconscient est une chose complexe car comme son intitulé le décrit, c’est une chose non manifeste, que l’on ignore, qui reste obscure. En nous y intéressant, il nous faut trouver le moyen d’y accéder ou plutôt être attentif aux indices qu’il laisse apparaitre sur son existence. Rapidement, nous allons être dirigé vers les rêves et leur créativité. Ceux-ci remplissent presque la moitié de notre vie et pourtant on remarque le peu d’intérêt que nous leur portons chaque jour. Qu’est-ce qu’un rêve ? Que devient-il lorsqu’un artiste l’utilise dans son œuvre ? En nous appuyant majoritairement sur les théories de Sigmund Freud à propos de la psychanalyse, nous allons aborder la question du rêve, notamment le cauchemar, dans l’art. Avec la volonté de ramener les rêves et l’inconscient sur le devant de la scène artistique, nous allons tenter de leurs apporter différents supports sensibles pour concrétiser leur réalité. En cela, nous entendons qu’un passage d’invisible à visible et matériel confère à l’inconscient et ses indices une certaine vérité, preuve d’existence. La théorie est la suivante : lorsqu’une chose est obscure, intelligible c’est comme si elle était inaccessible, on peut douter de son existence même. Alors que lorsqu’elle prend forme devant nous, elle peut être considérée car elle prend place dans notre propre espace. L’impact est donc plus important. C’est pourquoi l’art est très important dans ce travail sur l’inconscient. Comment peut-on donner une matérialité à l’invisible et le faire expérimenter si ce n’est par l’art ? Ainsi nous allons filer notre réflexion en gardant un œil sur leur place dans l’histoire de l’art. Le surréalisme est le premier mouvement qui nous vient à l’esprit lorsqu’on évoque l’inconscient dans l’art. Leurs études sur celui-ci nous intéresserons beaucoup, notamment les expériences sur le rêve, automatismes. Mais aussi par le but du mouvement : qui n’est autre que de trouver une supposée réalité supérieure au travers de la connaissance de l’inconscient. On remarque ensuite que les œuvres sur ce sujet s’accumulent dans l’histoire de l’art. On peut citer par exemple : Le Cauchemars de Johann Heinrich Füssli de 1781, Alom (Rêve) de Victor Vasarely de 1966 ou encore Butterfly Dream de Chiharu Shiota de 2018. Ces artistes n’ont en commun uniquement ce sujet du rêve. En effet, l’intérêt souvent discret pour cet invisible revient toujours et ce peu importe le médium ou l’artiste. Dans une pratique diverse et parfois épars à l’instar d’un récit de rêve, nous allons tenter à notre tour de s’approprier ce sujet. En passant par des tests surréalistes, une attention particulière à nos propres activités nocturnes, des installations, nous allons questionner la manière de donner matière aux rêves et à la manière de les faire expérimenter aux spectateurs en état d’éveil. Axe II Pour aller plus loin : si le rêve nous fait vivre des histoires sur lesquelles nous n’avons à priori pas le contrôle, qui a le contrôle ? Qui est cette personne qui se déplace dans notre esprit lors du sommeil ? Est-ce réellement nous-même ou un double sorti de notre inconscient ? En reprenant la théorie de « l’Autre » d’Henry Michaux et du double soi reprise par une multitude d’écrivains et d’artistes tels qu’Antoine d’Agatha, ou encore Marc Quinn. Cet « Autre » c’est un soi obscur, que l’on qualifiera comme personnification de l’inconscient. Ce processus est utilisé pour pouvoir tenter un face à face entre le conscient et l’inconscient. Cet axe se rapprochera aussi des expérimentations d’art sous drogue. En effet, ces états secondaires sont décrits et utilisés par un grand nombre d’artistes dans leur art mais aussi en tant que quête d’identité. En passant par la création d’un double et d’une confrontation de ses doubles, l’objectif est de comprendre son propre esprit, et de créer sans barrière mentale ou morale. En nous contentant d’une connaissance théorique de ses pratiques, nous allons construite cet inconscient personnifié. Nous aborderons alors les notions d’autoportrait et d’autofiction. Toujours en prenant pour base les activités oniriques, nous allons passer par une dissociation de l’inconscient et le conscient grâce à plusieurs formes plastiques. En premier temps avec des projets bidimensionnels, tel que la photographie de visage fragmenté et dans un second nous passerons à une forme tridimensionnel, qui est selon moi plus impactante, où nous aborderons la question de « l’Autre » comme clone. Nous prenons le postulat que la réalité, le vrai est subjectif. Ainsi la drogue, les transes, les états de sommeils montrent-ils une pure fiction ou alors une réalité supérieure ? Permettraient-ils d’accéder à une supraconscience de notre être ? L’art se place comme une des seules façons d’expérimenter ses questionnements. Cependant, met en avant une résistance de l’inconscient d’être mis en lumière. Pouvons-nous réellement accéder à ce qui est non manifeste ? La question n’est en réalité là mais sur ce qui nait de cette réflexion : l’art produit par la quête d’identité au travers du double. Notre pratique se constituera majoritairement de photographies et sculptures. Pourtant nous traiterons beaucoup de littérature sur ce point car le double prend une forme d’une autre dimension, comme si les mots pouvaient décrire plus justement ce double invisible, qu’une copie inactive qu’est le clone ou l’autoportrait. Toutefois nous démontrerons, que les pratiques non-verbales peuvent tout aussi être un moyen d’apprivoiser cet « Autre ». Axe III Cette question de mise en lumière de l’inconscient est paradoxale car elle suppose que l’inconscient est distinguable et montrable. Le processus de refoulement, qui est la cause de la formation de l’inconscient, est un processus qui justement met un voile sur des choses que l’on ne veut pas voir, que l’on nie. Cela peut être des pensées dites non acceptables, ou par exemples des souvenirs traumatiques. L’art peut notamment mettre en avant ses choses sous la forme de catharsis, ou/et d’obsession. En s’appuyant sur des artistes qui sont passés par des périodes de violence et d’horreur comme la guerre, ou d’un évènement de leur enfance qui les ont marqués, nous allons tenter de voir quelles formes prend cet art qui travaille le souvenir. Nous précisons ici, que dans notre travail pratique se construira autour de la mémoire du cauchemars et le motif obsessionnel dans la peinture, qui retranscrirait ce qu’il y a dans l’abysse de l’inconscient. En effet, grâce à une rétrospection personnelle du travail plastique effectué, l’on peut apercevoir une récurrence d’un motif féminin sanglant, d’un conflit, que ce soit dans la peinture produite mais aussi dans les cauchemars resté en mémoire. Nous questionnerons alors la construction d’une pratique plastique sur les ruines du souvenirs. Comment un évènement traumatique permet-il à la création de continuer ? de changer ? C’est en passant par des peintres de guerre tels que Francisco De Goya et Otto Dix, ou des plasticiennes contemporaines que sont Yayoi Kusama et Chiharu Shiota, que nous allons construire cette réflexion. Cet autre approche du sujet laisse apercevoir un penchant plus torturé du refoulement qui n’empêche néanmoins pas la création. Une création qui peut même au contraire, permettre de placer une vérité intérieure sur le devant de la scène, en confrontation avec la réalité des évènements. On reprendra l’idée d’autofiction, ou plutôt nous questionnerons la notion d’interprétation, qui joue un rôle important dans la monstration de l’inconscient au travers de l’art. En passant de la critique d’une nature humaine à une poétique de la mort ou encore à une œuvre cathartique, les artistes du souvenirs sont à l’instar d’archéologues les conservateurs de leurs propres ruines. Cependant l’art leur offre la possibilité de les transformer, les déconstruire, reconstruire, etc. Nous exploiterons cette analogie entre la guerre et la construction de l’être sur les ruines du passées, comme un amas de corps sur laquelle on se construit. L’inconscient est l’endroit où sont entreposées ses corps, ses parties de nous que nous ne voulons pas voir. Nous conserverons la volonté première de montrer les indices de l’inconscient qui se libère dans l’art, dans cette partie où nous explorerons un côté obscurci et violenté de l’être. Bibliographie - De l’art et de la psychanalyse, Freud et Lacan, textes réunis et présentés par Claude This, ENS des beaux-arts, col. Guide l’étudiant en art, dir. Alfred Pacquement, Paris, 1999 - Métapsychologie, Sigmund Freud, folio essais (col), Gallimard, Saint Amand, 1986 - Pour une esthétique psychanalytique, L’artiste, stratège de l’inconscient, Presse universitaire de France, Paris, 1994 - L’inconscient esthétique, Jacques Rancière, coll La philosophie en effet, Galilé, France, 2001 - Montrer l’invisible, Ecrits sur l’image, Jean-Paul Curnier, Ed. Jacqueline Chambon, Mercuès (fr), 2009 - Installations, Itzhak Golberg, CNRS Editions, 2014, La Plaine Saint Denis. - L’Art outsider, Art brut et création hors normes aux XXe siècle, Colin Rhodes, Thames & Hudson, Paris, 2001 - Fabricateurs d’espaces, les presses du réel, coll IAC, Paris, 2009 - Goya à l’ombre des lumières, Tzvetan Todorov, Flammarion, Lonrai, 2011 - Francis Bacon, L’art de l’impossible, entretiens avec David Sylvester, Les sentiers de la création, Edition d’Art Albert Skira S.A., Genève, 1976 - Otto Dix, La Guerre, Gallimard, Historial de la Grande Guerre, Belgique, 2015 - Sigalit Landau, One man’s floor uploads/s3/ axes.pdf

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