Presse et numérique - L’invention d’un nouvel écosystème Jean-Marie Charon Juin
Presse et numérique - L’invention d’un nouvel écosystème Jean-Marie Charon Juin 2015 Rapport à Madame la Ministre de la culture et de la communication 1 Sommaire Introduction 6 Evolutivité et incertitude 6 Effets puissants sur les modèles économiques 7 Nouveau paysage de la presse 9 De la présentation du paysage à la notion d’écosystème 11 Présentation de la démarche 12 1 Bouillonnement éditorial 15 Nouvelle vague de création de pure players d’information 15 Des projets éditoriaux très circonscrits 15 Une majorité de très jeunes entrepreneurs 16 Des entreprises au financement limité 16 Des organisations légères et flexibles 17 Les modes de rémunérations des contenus 17 Le développement et l’enrichissement de pure players de la première génération 17 Transformation des entreprises de presse écrite 19 Diversité des initiatives et innovations éditoriales : 20 Développement de nouvelles structures : 21 Recherche de nouvelles organisations : 22 Expérimentation d’approches commerciales plurielles : 23 Lancement de nouveaux magazines Start-up, agences, studios… contributeurs à la conception et production éditoriale 25 2 Start-up de contenu : 25 Agences d’information : 26 Start-up au service des entreprises productrices d’information : 28 Création – renouvellement de pure players de contenu 29 Formation – le numérique pour tous 32 Penser l’écosystème et les interrelations entre ses acteurs 34 2 A la recherche de nouvelles écritures 36 Dans l’instantanéité 36 Traitement décalé de l’information de flux 37 Expérimentation 41 3 Construction de la complémentarité des supports 42 Des complémentarités différentes selon les formes de presse 42 Retour sur quelques étapes de la construction de la complémentarité 44 Optimisation de la production de l’imprimé 46 Leaders, expérimentateurs 47 4 Dynamique : diversité et construction de pôles 49 Prime à la légèreté et à la multitude des approches 49 Effet de taille 50 Modèles de groupe avec complémentarité numérique et imprimé ? 50 5 Modèles de rédaction. 53 Concevoir un modèle de « rédactions ouvertes » 53 La contribution de professionnels extérieurs à la rédaction 54 Les contributions « d’amateurs » 55 3 6 Un milieu professionnel créatif et fluide 59 Un encadrement faisant le pont entre numérique et imprimé 59 Extrême mobilité 60 Expérience internationale 61 Le rôle des consultants et formateurs 61 Articulation avec l’univers de la formation 62 7 Relations presse en ligne et « infomédiaires » 64 Concurrents 64 Partenariat 65 Fonds pour l’Innovation Numérique de la presse (FINP), « Fonds Google » 67 Rapport de force déséquilibré 68 Open Internet Project 69 8 Développement et sécurisation des ressources 70 Addition de recettes des lecteurs/utilisateurs 71 Tension entre logique d’éditeur et formes d’usages. 74 Services associés 75 Enrichissement de l’offre publicitaire 77 Maximisation de l’audience 79 Renouvellement de l’offre de services publicitaires 80 Activité et engagement des utilisateurs 83 9 Basculement des modèles 84 De la verticalité à l’horizontalité des usages et des organisations 84 Une « circulation « horizontale » des utilisateurs : 84 4 Les implications d’un écosystème horizontal : 84 Du métier au rôle du journaliste 86 De l’optimisation des risques à la compréhension des échecs 87 Du chacun pour soi à la recherche de formes de mutualisation 88 D’une offre de masse à une offre personnalisée 88 De l’exhaustivité à la sélection de l’information 89 Dualité sociale 90 Journalisme à deux vitesses 92 Conclusion – préconisations 94 Placer l’écosystème au cœur de la réflexion 94 Accompagnement du couple innovation-expérimentation 95 Financement et accompagnement : 95 Valorisation : 97 Cadre juridique d’entreprise de presse 97 Etablir des passerelles entre filières de formation 98 Sécurisation des parcours professionnels des journalistes 98 5 Introduction. La presse écrite et l’édition numérique d’information1 sont au cœur de la mutation des moyens de communication. La question de l’interrelation entre le numérique et la presse écrite n’est pas nouvelle puisqu’elle commence à se poser dès la fin des années soixante. Il s’agissait alors de faire évoluer le mode de production de l’imprimé (association de l’informatique et de la photocomposition), et d’envisager des diversifications du journal ou du magazine. Les premières banques de données d’information, au New York Times par exemple, voient le jour en 19722. Jusqu’à l’émergence de l’internet dans ses modalités grand public, au milieu de la décennie quatre-vingt-dix, l’impact du numérique pour la presse écrite se traduira surtout par un bond de productivité. Pour autant, les ressources liées à la diversification, seront souvent modestes, hormis le cas de la France avec le Minitel et son système de kiosque et ses différents paliers de rémunération. En revanche, à partir des années quatre-vingt-dix la presse américaine va ressentir un impact puissant du numérique sur l’une de ses principales ressources, les petites annonces. Evolutivité et incertitude : Pourquoi parler de numérique, plutôt que d’Internet, pour évoquer la mutation actuelle ? Essentiellement parce que les évolutions extrêmement rapides qui se développent, surtout depuis deux décennies, affectent tout un spectre de domaines. Ceux-ci incluent les réseaux proprement dits, les terminaux, le soft, qui permet la multiplication des applications, et bien sûr l’évolution continue usages. L’ensemble de ces volets interagissent en permanence les uns sur les 1 Il aurait été tentant de parler de presse écrite au sens large, imprimée et numérique. C’était pourtant prendre le risque de refermer trop étroitement l’analyse, sachant que les formes que peut prendre le numérique en matière d’information (au sens journalistique) sont très évolutives et flexibles, s’articulant à l’ensemble des médias écrits, audio ou d’image, même si le lien entre presse écrite et information en ligne apparaît aujourd’hui plus avancé, mais pour combien de temps ? 2 Cf. Journalisme en ligne, sous la direction d’Amandine Degand et Benoît Grevisse, De Boeck, Bruxelles, 2012. 6 autres. Dans ce domaine, il n’est jamais question de pause, ni de certitudes quant au succès d’une nouvelle innovation. Les déconvenues récentes de Google avec ses « Glass », comme celles hier de Sony, avec le « e paper », n’en sont qu’une des manifestations. Il est, d’ailleurs trop tôt pour en donner des explications suffisantes : inadaptés aux usages actuels ? Insuffisamment aboutis techniquement ? Intervenant à contretemps par rapport à l’évolution des usages ?3 Le plus prudent est de retenir l’idée que la diffusion des innovations va se poursuivre à un rythme soutenu. Par ailleurs, l’histoire des innovations technologiques4 montre que les usages sont rarement ceux qu’avaient imaginés les concepteurs des matériels, services ou applications. Un formidable espace est donc ouvert aux créateurs de contenus, que ceux-ci soient d’information, de connaissance, de service ou de divertissement. Effets puissants sur les modèles économiques : C’est peu dire que la mutation en cours des moyens de communication a des effets puissants sur le modèle économique des principales formes de presse écrite. La plupart de ceux-ci se retrouvent d’ailleurs sur les conditions dans lesquelles les pure players s’emploient à trouver leurs propres ressources. Le premier effet, le plus substantiel, concerne la publicité. Il intervient très tôt avec le transfert des petites annonces (PA) du papier vers le numérique : dès la fin des années quatre-vingt-dix en Amérique du Nord, un peu moins d’une décennie plus tard en France. A celui-ci succédera une baisse continue des revenus de la publicité commerciale. Cette dernière est en effet aspirée par des supports beaucoup plus larges, plus puissants (Google, Facebook, etc.), offrant des services et des modalités inédites d’accès au consommateur. Le cumul des deux phénomènes fait de la publicité une ressource qui tendanciellement devient minoritaire, voire très minoritaire pour certains, en même temps qu’elle continue à décroître à un rythme rapide. Le second effet a trait au développement du modèle de la gratuité qui correspondait dès le départ à la conception et aux intérêts des promoteurs de l’Internet. Les métiers de ces derniers sont les flux, les services, voire les 3 Cf. Les usages en matière de contenus sur les tablettes, certains éditeurs ne croient plus aux contenus propres sur ce support, suite à l’échec de The Daily (du groupe de Rupert Murdoch). Pourtant LaPresse+ du groupe Power Corporation, continue son développement quotidien de l’actualité sur tablette, et pourrait infirmer ce pronostic trop précoce. 4 Cf. Patrice Flichy, L’innovation technique, La Découverte, 2003. 7 terminaux. Leur activité est d’autant plus importante que les contenus auxquels accèdent leurs clients sont nombreux, diversifiés, libres d’accès, voire gratuits. De fait dans le contexte des débuts de l’Internet la presse en ligne qui s’adresse au grand public, n’avait d’autres possibilités que d’accepter cet accès gratuit à l’information, alors même que l’ensemble de l’offre de contenu l’était. Cela paraissait jouable tant les coûts étaient modérés pour élargir l’offre d’information aux nouveaux supports. Le problème est que deux décennies plus tard la faiblesse de la ressource publicitaire, combinée à l’élargissement des publics qui n’entendent plus payer pour s’informer (notamment les plus jeunes), conduit à un effet de ciseau redoutable. Les baisses cumulées des ressources issues des utilisateurs et des annonceurs se répercutent sur les infrastructures et moyens sur lesquels reposaient jusqu’ici le média presse écrite, en les ébranlant profondément. C’est d’abord le cas du système d’impression qui doit davantage être mutualisé, à l’exemple de la presse quotidienne nationale, ou qui doit se concentrer davantage, pour uploads/Finance/ 20150602-mcc-rapport-jm-charon.pdf
Documents similaires








-
31
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Mai 14, 2022
- Catégorie Business / Finance
- Langue French
- Taille du fichier 0.7308MB