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LA REVUE DES LIVRES Yves Levant Association Francophone de Comptabilité | « Comptabilité - Contrôle - Audit » 2019/1 Tome 25 | pages 165 à 168 ISSN 1262-2788 ISBN 9791093449159 Article disponible en ligne à l'adresse : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- https://www.cairn.inforevue-comptabilite-controle-audit-2019-1-page-165.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour Association Francophone de Comptabilité. © Association Francophone de Comptabilité. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. 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Une théorie de l’entreprise fondée sur le projet Alain Desreumaux et Jean-Pierre Brechet, Presses du Septentrion, Lille, 2018, 205 p., 22 € ISBN 78-2-7574-2363-9 Qu’est-ce qu’une entreprise ou ce qu’elle devrait être, pourquoi existe-elle, quelles sont ses frontières, comment expliquer son agencement interne, telles sont les questions qui peuvent faire l’objet d’un débat essentiel compte tenu de l’importance de l’entreprise dans la société. En réaction à de nombreux débats et contributions remettant en cause les théories dominantes sur la grande entreprise, l’ouvrage d’Alain Desreumaux et de Jean-Pierre Bréchet a pour objectif d’éclairer le débat sur la théorie de la firme, en proposant une refondation reposant sur le concept de Projet avec un grand P . Les auteurs rappellent que les quatre grandes conceptions désormais classiques de l’entreprise, comme : nœud de contrats (théorie de l’agence et des droits de propriété), organisation hiérarchique (théorie des coûts de transaction), lieu d’apprentissage (théorie évolutionniste, courant cognitif) ou institution encas­ trée dans un environnement politique et social (économie des conventions, école de la régulation) n’arrivent pas à répondre à nos interrogations. Les sciences de gestion tendent, soit à prendre l’entre­ prise comme donnée, soit à emprunter des théories produites par d’autres disciplines. Par ailleurs la nature de l’entreprise se transformant continuellement, elle est un objet multéiforme et protéiforme, disqualifiant a priori, tout essai de théorie de la firme. Face à cela, elle reste un objet, un élément fon­ damental d’abord initié par l’homme, donc reposant sur le projet, vision permettant une théorie à la fois générale et autorisant le singulier. Dans un premier chapitre, les auteurs reprennent l’histoire de la pensée de la théorie de la firme, consi­ dérée comme une succession de métaphores remettant en cause les postulats de l’entreprise classique. Ils rappellent par ailleurs, que la théorie de la firme s’appuie sur les trois champs disciplinaires que sont l’économie, la théorie des organisations et le management stratégique, eux-mêmes parfois divisés en sous-champs. Ils proposent pour cela un schéma évolutionniste de cette théorie résultant d’une tension entre des perspectives « production » et « échange », aboutissant à des conceptions univoques les distinguant d’autres institutions de la vie économique. Il en résulte un dialogue laborieux entre ces trois champs accentuant la fragilité de cet édifice théorique. Le caractère multiforme de l’entreprise (TPE, PME, entreprises familiales…) et protéiforme, car évoluant en fonction des circonstances, des stratégies… rend difficile toute théorisation. Des nombreux débats récurrents apparaissent par ailleurs, car ces disciplines reposent sur des prémisses ou présupposés épistémologiques différents rendant fragiles leurs emprunts réciproques. Aucune théorie existante ne permet donc, en l’état, de répondre à l’ensemble des questions liées à la firme. Les auteurs proposent alors de rechercher une théorie « englobante » sous l’égide d’une même structure théorique considérant l’entreprise comme une action collective prenant sens par rapport à un projet, dans un univers concurrentiel, recherchant les compétences et les relations à nouer entre les acteurs pour mener ce projet à bien, avec au cœur les modalités de construction, de gouvernance et le substrat institutionnel qui l’intègrent dans la société. Dans un second chapitre les auteurs s’interrogent sur les figures de l’entrepreneur en parcourant la littérature économique. Si l’importance de son rôle est reconnue, il a été peu pris en compte, ignoré par la plupart des grands auteurs de l’économie classique et néoclassique. De ce qui a été écrit, les Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 217.64.107.136 - 28/08/2019 08:26 - © Association Francophone de Comptabilité Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 217.64.107.136 - 28/08/2019 08:26 - © Association Francophone de Comptabilité LA REVUE DES LIVRES 166 Comptabilité – Contrôle – Audit / Tome 25 – Volume 1 – Avril 2019 (p. 165 à 168) auteurs retiennent quatre grandes fonctions entrepreneuriales mises en évidence : combinaison fac­ teurs de production (Say), innovateur (Schumpeter), celui qui assume le risque inhérent à l’activité économique (Cantillon) et arbitre (Kizner). Dans la microéconomie classique il n’y a pas de place pour l’entrepreneur dans le paradigme de l’équilibre où l’entreprise est réduite à une fonction de production. Les critiques de la microéconomie standard ont conduit à de nouvelles théories de l’entre­ prise où l’entreprise est vue comme une organisation au sein de laquelle les relations entre agents sont complexes. Il faut citer les théories de l’agence, des droits de propriété, des coûts de transaction et la théorie évolutionniste. Cependant, le rôle de l’entrepreneur y reste discret et inachevé car il faudrait prendre en compte l’idée d’action de l’entrepreneur à créer, concevoir, imaginer ainsi que les valeurs engagées dans l’action. En management il y a eu maints débats dont deux ont été retenus par les auteurs : la typologie des créateurs porteurs de projets et le processus de création et de rationalité qui le sous-tend. Des études ont porté sur les traits caractéristiques des entrepreneurs avec trois catégories de figures. Tout d’abord, l’entrepreneur porteur de projet et celui de savoirs. Cependant comment construire des relations par lesquelles ces savoirs vont être compris et diffusés avec l’entrepreneur visionnaire avec ses savoirs d’anticipation et par l’entrepreneur expert avec ses savoirs techniques et spécialisés. Ensuite, l’entrepreneur porteur de relationnel, mais comment s’élabore et se partage les savoirs requis pour concevoir et piloter l’action collective. Enfin l’entrepreneur institutionnel initié par DiMaggio. C’est un acteur collectif à la fois conscient et calculateur, considérant les nouvelles institutions comme des moyens de faire progresser ses intérêts. Toutefois cette approche d’analyse méso/macro n’a pas conduit à développer l’étude du travail institutionnel sur sa propre organisation. Il reste que se pose la question de la constitution des savoirs, comment donner vie au collectif, quelles sont les frontières de l’organisation et les relations avec les acteurs extérieurs. Au-delà de la diversité des figures de l’entrepreneur le phénomène entrepreneurial ne peut se comprendre sans tenir compte des savoirs et des relations dans une action collective qui ne va jamais de soi. Traiter de cette question ne se conçoit pas sans s’interroger sur la rationalité des acteurs et la compréhension de l’émergence organisationnelle sur la base de projets d’action collective. La rationalité des acteurs dans l’activité entrepreneuriale est une réalité projective, créative, anticipative et située. La capacité à imaginer, à créer, à concevoir et à mener des projets, la prise en compte des valeurs engagées dans et par l’action sont les attributs d’un modèle susceptible de rendre compte de l’entrepreneuriat et qui doivent donc être intégrés dans le modèle de la firme. Dans le troisième chapitre les auteurs proposent de ne pas chercher à faire table rase de l’existant mais d’explorer les théories en présence et de tenter à les réconcilier dans un méta-concept forçant à repen­ ser l’épistémologie de la logique de l’action collective. Il faudrait pour cela dépasser les réductionnistes économique et sociologique où ni l’homo œconomicus, ni homo sociologicus n’apportent de solutions. Il faudrait, au contraire, dépasser ces approches et prendre en compte l’interaction des acteurs dans l’action collective. Les sciences de gestion apportent sur cette voie leur contribution où l’épistémolo­ gie de l’action collective est même envisagée par certains chercheurs comme point de départ de toute lecture de l’action. Les auteurs prennent appui sur la théorie de l’action du sociologue et philosophe H. Joas qui s’appuie sur l’agir rationnel, invitant à une réinterprétation de l’intentionnalité et donne une place centrale à l’acteur (individuel ou collectif) dans l’action. Par ailleurs, la notion de pro­ jet est au cœur de l’action collective même si elle est employée pour une large variété d’intentions. La constitution de ce concept s’est faite depuis l’antiquité grecque. Limité à l’architecture à l’origine et Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 217.64.107.136 - 28/08/2019 08:26 - © Association Francophone de Comptabilité Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 217.64.107.136 - 28/08/2019 08:26 - © Association Francophone de Comptabilité uploads/Finance/ cca-251-0165.pdf

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  • Publié le Dec 06, 2021
  • Catégorie Business / Finance
  • Langue French
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