Depuis l’arrivée de Global voice, la propa- gande a quelque peu réussi à dénatu
Depuis l’arrivée de Global voice, la propa- gande a quelque peu réussi à dénaturer la si- tuation, mais pas le problème. En réalité, il s’agit d’une nouvelle tarification des termi- naisons d’appels ou du trafic international en- trant consacré par un décret présidentiel. C’est le décret 2010-632 du 28 mai 2010 fixant la nouvelle tarification des appels in- ternationaux entrant en République du Séné- gal et donnant en même temps une directive et une mission à l’Artp pour l’application de cette mesure tout en luttant contre la fraude. Je précise que Global voice est un consultant qui est armé de deux choses : la technologie matérielle et la technologie immatérielle. C’est le savoir-faire qu’il doit faire savoir, pour reprendre les termes de Mademda Sock lorsque nous étions au Conseil économique et social. Global voice nous apporte son assis- tance dans cette dynamique. Mais, le projet est celui de l’Etat du Sénégal qui a simple- ment osé s’inscrire dans une dynamique pour dire non à un ordre international dans le do- maine des télécommunications. L’enjeu c’est quoi ? Il y a plusieurs dimensions : technique, juridique, économique, financière et pratique. LA PROBLEMATIQUE DES TERMINAISONS D’APPELS DANS LE MARCHE DEREGULE Le problème, c’est que l’Etat ne bénéficie d’aucun franc dans le cadre des appels inter- nationaux entrants au Sénégal. Pour expli- quer d’abord ce qu’est une terminaison d’appel, prenons un exemple très simple : une entreprise étrangère qui appelle au Soleil qui est basé au Sénégal. Cet appel est transporté avant d’atteindre sa destination, c'est-à-dire qu’il passe par un transporteur (carrier). C’est pourquoi, dans le marché des télécoms, il y a ceux qu’on appelle les «transporteurs de flux téléphoniques» qui roulent à une vitesse ex- traordinaire et instantanée, supérieure à la vi- tesse du son. Le transporteur peut être France télécom ou Sfr. Ils sont nombreux, mais on peut les identifier. Ce dernier facture le pas- sage. L’appel arrive au Sénégal, mais ne va pas directement chez le destinataire. Il passe d’abord par un réseau. Ce que l’Etat demande, c’est un « droit d’atterrissage », si je puis m’exprimer ainsi. Par exemple, il facture pour le mobile 0,14 euros la minute. Quant au transporteur, France télécom par exemple, il facture au départ de l’appel à l’étranger vers le Sénégal 0,56 euros et il paye à la Sonatel le droit l’atterrissage, soit 0,14 euros. Ce qui fait une marge de 300%. D’autres transportent vers le Sénégal en facturant au départ 1,5 euro et paient 0,14 euro sur le mobile. Ce qui fait une marge de 1100%. Maintenant, le marché des télécommunications est un marché qu’il faut connaitre pour voir là où il y a une déré- gulation et cerner les opportunités. Or, au- jourd’hui, il y a justement dérégulation. Car il y a des entreprises étrangères qui, sur la des- tination du Sénégal, gagnent entre 300 jusqu'à 1100 %. Il y a un problème. Beaucoup d’argent est en jeu. Il est donc normal que Sé- négal aussi réfléchisse pour grignoter sur cette masse financière. Ce premier aspect in- terventionniste de l’Etat est un aspect écono- mique. L’Etat a le droit d’intervenir, notamment les secteurs aussi stratégiques comme l’énergie et les télécommunications. Dans la science économique, c’est normal. L’Etat a le droit de dire, «je veux réguler ce marché des télécoms parce que la destination du Sénégal est prisée. Il y a beaucoup d’argent mobilisé. Je veux réguler à mon profit pour y gagner quelque chose». Dans le cas d’espèce, ce que l’Etat a dit est simple : les tarifs sont actuellement de 0, 10 et 0,14 euro la minute, respectivement et 0,14 le fixe et sur le mobile. 3 LE SOLEIL - MERCREDI 21 JUILLET 2010 L ES RENCONTRES DU SOLEIL « Global voice ne s’installe pas contre la So- natel, mais elle vient (sur la base d’un dé- cret présidentiel) jouer un rôle de partenaire technique pour réguler le trafic international entrant au Sénégal.» Abon- dant dans le même sens que le Directeur gé- néral de l’Artp, Ndongo Diaw, qui estime qu’il n’y a « pas un combat de Global voice contre la Sonatel, Serigne Ben Niang, vice- président de Global voice Group S.A, an- nonce ainsi la couleur. Le géant mondial des télécoms qui revendique à ce jour 12 ans de présence en Afrique va apporter aux opé- rateurs locaux des revenus additionnels sur les appels internationaux entrants. Il s’en- gage aussi à lutter efficacement contre le phénomène dit de « by pass » sur les routes grises. Autre- ment dit, Global voice va détecter les fraudes sur le trafic international comme elle l’a du reste réussi en Guinée où, en trois mois d’exercice, elle a décon- necté 26 000 lignes télé- p h o n i q u e s frauduleuses, permettant à l’Etat guinéen de renflouer ses caisses. Glo- bal voice opère déjà dans des pays comme la Guinée, le Congo, la République centrafri- caine(Rca), le Togo, le Ghana, la Guinée- Bissau, le Gabon… Elle s’apprête à travailler avec les régulateurs télécoms de la Tanza- nie, de l’Ethiopie ou de l’Ouganda. Dans un pays comme la République centrafricaine où le trafic n’est pas aussi dense que celui du Sénégal, l’entreprise est parvenue à ap- porter des gains de 3 millions de dollars par mois sur les appels entrant en Rca. La société dont l’expertise technologique dans ce domaine pointu est reconnue à tra- vers le monde va désormais aider l’Etat du Sénégal à exercer son droit régalien de connaître le nombre de minutes comptabi- lisées chaque mois sur le trafic internatio- nal entrant dans le pays. En définitive, la société s’engage aussi à renouveler le parc technologique de l’Artp avec des investisse- ments prévus de l’ordre de 20 millions de dollars sur les 5 ans que dure le contrat avec le Sénégal. En tous les cas, le décret prési- dentiel, signé le 28 mai 2010 et fixant la nouvelle tarification en matière de trafic in- ternational entrant est clair. L’Etat facture la minute de communication à au moins 0,215 euro. La puissance pu- blique va percevoir une redevance de 7,5 centimes par minute. Rien qu’avec cette nouvelle donne sur nos « routes télépho- niques internationales », Global voice va verser dans les caisses du trésor national 5 milliards Cfa (7,5 millions d’euros) par mois. Ce qui représente 60 milliards Cfa par année (90 millions d’euros). Sur les cinq ans que dure le contrat, c’est une manne fi- nancière de près de 295 milliards Cfa qui va tomber dans l’escarcelle du trésor public. De quoi financer bon nombre de projets de développement actuellement en veilleuse faute de liquidités. Mamadou Lamine DIATTA Reconnue comme la 10 ème société de télécommunica- tions à travers le monde, Global voice dont le siège se trouve à Miami (Usa) et le point focal africain à Cape Town (Afrique du sud), ambitionne d’être un partenaire technique fiable de l’Artp avec des solutions de pointe, clés en main, pour mieux superviser et contrôler en temps réel le trafic international entrant au Sénégal. Sur les 5 ans que va durer le contrat liant ce grand groupe à l’Artp, l’Etat sénégalais devrait engranger quelque 295 milliards de francs Cfa en termes de redevances. GLOBAL VOICE Pour la visibilité du trafic CONTROLE DES APPELS INTERNATIONAUX ENTRANTS NDONGO DIAW, DIRECTEUR GENERAL DE L’ARTP « Un gisement pour financer le développement socio-économique du Sénégal » Je vais uniformiser, c'est-à-dire passer de 0,10 euro à 0,215 euro sur le fixe et de 0,14 à 0,215 euro sur le mobile aussi. Ceci étant, il y a une différence de 7,5 points sur le trafic entrant au Sénégal. Le trafic moyen minimum venant de tous les pays du monde étant estimé au moins à 100 millions de minutes, si vous multipliez par 7,5 euros, cela fait presque 8 millions d’euros par mois, c'est-à-dire 5 milliards de FCfa par mois. Ce sont les ressources nouvelles que peut géné- rer une régulation du marché des télécommu- nications à destination du Sénégal. Dans cette affaire, seuls l’Etat et le consultant vont en profiter. Le format de ce partenariat public- privé avec Global voice consiste à dire, on dé- couvre ensemble le gisement de télécom, je prends 50%, vous prenez 50%. Vous n’inves- tissez rien du tout. Global voice a un matériel qui coûte près de 7 millions de dollars qu’il met à la disposition de l’Etat pendant 5 ans pour capter ces fonds à travers les appels en- trants. Au Sénégal, la discussion a été très dure. L’Etat a obtenu 51%, cédant à Global voice 49%. Au pire des cas, il n’y aura que la réduction de la marge des grands transpor- teurs par rapport aux appels entrants au Sé- négal. Et l’ajustement tarifaire entrera en vigueur à partir du 1ère août. LA DESTINATION SENEGAL ETAIT SOUS-FACTUREE Un autre aspect économique, c’est l’équilibre du marché. Le marché des télécommunica- tions est un marché financier caché. Ce que l’Etat a fait est génial au sens où il a fixé un prix plancher à 0,215. Les opérateurs ne peu- vent uploads/Finance/ document-controle-des-appels-internationaux-entrants-326 1 .pdf
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- Publié le Mai 15, 2022
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