L’ONTOLOGIE DU CAPITALISMECHEZ GILLES DELEUZE Julián Ferreyra L’ONTOLOGIE DU CA

L’ONTOLOGIE DU CAPITALISMECHEZ GILLES DELEUZE Julián Ferreyra L’ONTOLOGIE DU CAPITALISME CHEZ GILLES DELEUZE L A P H I L O S O P H I E E N C O M M U N Collection dirigée par Stéphane Douailler, Jacques Poulain et Patrice Vermeren ISBN : 978-2-296-11777-8 31 € Julián Ferreyra L’ONTOLOGIE DU CAPITALISME CHEZ GILLES DELEUZE Un jour, peut-être, le siècle sera deleuzien. Un jour. Mais pas encore. Notre siècle, notre monde est plutôt capitaliste. A partir de son interprétation de Leibniz, Deleuze construit l’ontologie, selon laquelle la convergence des séries et le privilège de l’intériorité constituent « le meilleur des mondes possibles ». Mais ce n’est là qu’une image. Ce n’est qu’un rapport. Le rapport de production capitaliste. Nous les hommes, nous vivons dans ce rapport qui nous constitue. Mais dans ce rapport nous existons au seuil minimum de notre puissance. Heureusement, l’ontologie de Deleuze dépasse celle de Leibniz. Les séries divergent, le cercle se décentre, des fenêtres s’ouvrent dans les monades, l’air frais y entre. Le fond ontologique offre dans son mouvement l’espoir d’en finir avec le capitalisme. Mais il ne s’agit pas de sauter vers l’anarchie couronnée. Dans le chaos il n’est pas possible de vivre. La question est de savoir s’il est possible pour nous, les hommes, de construire une forme de société où nous pourrions vivre au maximum de notre puissance. A partir de la puissance du virtuel-intensif, et cependant dans ce siècle qui un jour, peut-être, deviendra ainsi deleuzien. Julián Ferreyra, docteur en philosophie de l’Université Paris X - Nanterre et l’Université de Buenos Aires (UBA) est enseignant d’anthropologie philosophique en Argentine et directeur du groupe de recherche « Deleuze, ontologie pratique ». Ils est chercheur au Centre National de la Recherche Scientifique argentin (CONICET). Illustration de couverture : Julián Ferreyra * * 1 2 3 L’ONTOLOGIE DU CAPITALISME CHEZ GILLES DELEUZE 4 5 Julián FERREYRA L’ONTOLOGIE DU CAPITALISME CHEZ GILLES DELEUZE 6 7 à Mercedes, pour l’amour et le désir pour charger ma vie, ces mots, les étoiles - et la vie ensemble 8 9 PREFACE Par Francine Markovits-Pessel. (Université Paris Ouest Nanterre La Défense). Le point de départ de L’ontologie du capitalisme chez Gilles Deleuze fut une thèse en co-tutelle entre l’université de Paris Ouest Nanterre La Défense et l’université de Buenos Aires, mais la portée du livre dépasse largement les normes académiques. Ecrit avec goût et sensibilité, dans le sens d’un véritable engagement philosophique, l’ouvrage suit Marx et Deleuze dans une réflexion sur la modernité de la servitude. C’est Georges Labica, une figure de l’université de Nanterre, à la fois par ses travaux de philosophie et par ses responsabilités, et très récemment disparu, qui, il y a quelques années, me recommanda Julian Ferreyra pour le diriger dans sa recherche. Je fus tout de suite intéressée par son désir d’une pratique de la philosophie, servie par sa connaissance des langues, qui ne soit pas séparée de la réalité historique et politique. Le livre dégage plusieurs formes de critique de l’anticapitalisme, entre l’échec à reproduire en Argentine le débat européen et l’échec à découvrir, en Europe, la pensée spécifique des argentins. Dans les effets mutuels de méconnaissance d’un monde globalisé, l’auteur demande comment la philosophie politique est convoquée à penser la modernité dans ses formes libérales et antilibérales. Les concepts de ce qu’on appelle post modernisme seraient trop faibles pour nous permettre d’analyser cette situation : au delà des notions classiques d’Etat et de souveraineté, au delà des distinctions idéologiques entre politique et économie, l’introduction dessine le sens d’un recours à une philosophie de l’histoire inspirée de Braudel et de Deleuze pour penser le présent. Car instituer une nouvelle forme d’humanisme ne peut se faire sans critique des fondements théoriques d’une pensée du sujet et de l’homme. Julian Ferreyra dit que faire de la philosophie politique apparaît presque comme une entreprise de science-fiction si l’on veut appliquer directement et sans médiations à la politique les concepts deleuziens de rhizome, de théorie des diversités et des strates, les théorèmes de déterritorialisation, de corps sans organes… etc. « Faites rhizome et pas 10 racine ». Et en outre, depuis les travaux « monographiques » du Deleuze des années 55 sur Spinoza, Hume, Nietzsche, Bergson, jusqu’à l’Anti- Œdipe et à Mille Plateaux, comment rendre compte de la liberté d’une œuvre qui embrasse des systèmes d’expression aussi différents que le théâtre contemporain, avec la référence à Beckett, au cinéma, à l’anti- psychiâtrie dans ses rapports aux institutions ? Il faut prendre en compte l’extraordinaire pluralité des disciplines et des concepts qui s’entrecroisent dans les textes de Deleuze. Il ne s’agit donc pas pour Julian Ferreyra d’exposer la philosophie de Deleuze, mais plutôt de tenter de penser avec elle, de mettre ses pas dans les siens pour s’interroger sur l’opérativité des concepts que Deleuze a élaborés. L’hypothèse de Julian Ferreyra est que le flux du capitalisme parcourt l’œuvre entière de Deleuze. Il veut donc défendre une lecture continuiste de l’ensemble de l’œuvre selon une perspective politique et pour cela décliner ses différents aspects, étudier ses différents chantiers. Il cite Canguilhem pour dire que « la philosophie est cette discipline pour laquelle toute matière étrangère est bonne, et même pour qui il n’y a de bonne matière qu’étrangère ». Dans la dialectique du Capital et de la misère, comment caractériser la modernité ? L’Auteur confronte le pot-pourri des déterminations libérales et humanitaires, aux équivoques de la critique heideggérienne du sujet cartésien. Dans la critique critique de la fonction sujet qu’institue Deleuze, ce n’est pas l’homme qui est sujet, mais le Capital. « ‘Comme il est beau d’être subjectum !’, se dit l’homme, pendant qu’il continue à être la bête de reproduction du Capital ». Il s’agit d’interpréter cette distorsion. Deleuze nous dit, dans Différence et répétition, que les systèmes de représentation sont des choses ou des produits, que les concepts sont « des objets de rencontre, distribués différemment à chaque fois ». C’est donc la prétention à l’universel des systèmes de représentation qu’il fait interroger. C’est leur fonction d’écran de la réalité qui en fait des idéologies. On doit penser la contingence, sans oublier que nous sommes aussi localisés dans celle-ci pour la penser. Dans une histoire sans téléologie, dans un pluriel d’espaces, la détermination deleuzienne n’est pas de programmer un avenir mais de penser la contingence : « La révolution est nomade ». Les concepts deleuziens d’inconscient, de machines désirantes, de « corps sans organes » impliquent ce décentrement. En retournant contre elle-même la problématique d’un humanisme satisfait de sa représentation de l’homme abstrait, l’Auteur se 11 demande si un des plus puissants motifs de la philosophie ne pourrait pas être « la honte d’être homme ». Toute recherche commence par une violence. L’Auteur cherche les concepts qui puissent, selon l’heureuse expression de Deleuze, servir « d’embrayeur » pour passer d’un champ philosophique à un champ économique, voire politique : c’est exporter l’opérativité d’un concept hors de son domaine d’origine. Ici, c’est Leibniz qui nous permet de penser le capitalisme, c’est le penseur de l’ordre et de l’harmonie préétablie, ce penseur du profit selon Jon Elster, qui nous permet de penser les machines de machines à l’infini dans les structures étatiques. En montrant que « les concepts ont besoin de personnages conceptuels qui contribuent à leur définition », Deleuze fait de Leibniz un « personnage conceptuel » et convoque ses concepts opératoires pour penser un autre présent que celui de l’âge baroque et de ses « plis » dont la problématique manifeste déjà la crise de la pensée théologique. L’ontologie leibnizienne est expressive du capitalisme. La notion de mécanisme s’applique à toute réalité, qu’elle soit chose, esprit, organisme, société, et permet de comprendre une réalité productive, un inconscient impersonnel, une dynamique de l’individuation qui récusent les dualismes de la pensée classique entre essence et opération. Des machines sociales à l’expérience schizophrénique de la machine, l’Auteur du présent essai tente de retrouver la manière dont Deleuze a interrogé les philosophies du jugement et du sujet pour y découvrir la machine de guerre du capitalisme : car le capitalisme a lui aussi sa philosophie du sujet et son ontologie. C’est ce qui donne à cet ouvrage son titre. Le monde de la représentation est bâti sur « le primat de l’identité » et c’est cette identité que Deleuze remet en question sans cesse. Au lieu du ‘je pense’, Deleuze pose un unique auteur qui est le désir et le ‘nous produisons’ comme principe de la représentation. L’enjeu méthodologique deleuzien est donc de ne pas naturaliser le capitalisme. C’est pourquoi il ne se situe pas dans un comparatisme qui se contenterait d’énumérer des formes de société ni d’opposer des systèmes étatiques à des collectivités économiques. L’Auteur confronte les pensées de Deleuze et de Foucault sur la question du codage du désir, car le socius est encodé, depuis la machine territoriale jusqu’aux flux et aux canaux de circulation des signes. Les codes impliquent une régulation des flux, les intersections des flux sont ce qu’on appelle des personnes : l’auteur analyse en uploads/Finance/ l-x27-ontologie-du-capitalisme.pdf

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  • Publié le Oct 21, 2021
  • Catégorie Business / Finance
  • Langue French
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