Jean-Claude Decourt Une « nouvelle » cité dans la vallée de l'Enipeus : Paliamb

Jean-Claude Decourt Une « nouvelle » cité dans la vallée de l'Enipeus : Paliambéla- Phyllos In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 110, livraison 1, 1986. pp. 357-391. περίληψη Ή ξερεύνηση τς κάτω κοιλάδας το 'Ενιπέα, νάμεσα στά Φάρσαλα καί στόν παραπόταμο μέ τόν Πηνειό, δηγε σέ πανεξέταση τν ταυτίσεων πού εναι γενικά παραδεκτές γιά τό σύνολο τν κλασικν καί λληνιστικν πόλεων τς περιοχς : 'Αστέριον-Πειρασίαι, Λιμναον, Φάκιον καί Φύλλος. Βασιστήκαμε σέ νέες ρχαιολογικές νακαλύψεις, διαίτερα στήν τοποθεσία Μαγούλα Παλιάμπελα, πίσης στή χρησιμοποίηση νός θεωρητικού πρότυπου ρμηνείας το χώρου πού δανειστήκαμε πό τή σύγχρονη νθρωπογεωγραφία, πρότυπο πού ναμάζεται « το πλησιέστερου γείτονα», καί τέλος σέ μιά νέα νάγνωση τν παλαιν πηγν, διαίτερα τν στρατιωτικν οδοιπορικν. Résumé La prospection de la basse vallée de l'Enipeus entre Pharsale et le confluent avec le Pénée conduit à remettre en cause les identifications communément admises pour l'ensemble des cités classiques et hellénistiques de la région : Astérion-Peirasiai, Limnaion, Phakion et Phyllos. On s'est appuyé pour ce faire sur de nouvelles découvertes archéologiques, en particulier sur le site de Magoula Paliambéla, sur l'utilisation d'un modèle théorique d'interprétation de l'espace emprunté à la géographie humaine contemporaine, le modèle dit « du plus proche voisin », enfin sur une relecture de nos sources anciennes, au premier rang desquelles les itinéraires militaires. Citer ce document / Cite this document : Decourt Jean-Claude. Une « nouvelle » cité dans la vallée de l'Enipeus : Paliambéla-Phyllos. In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 110, livraison 1, 1986. pp. 357-391. doi : 10.3406/bch.1986.1804 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bch_0007-4217_1986_num_110_1_1804 UNE «NOUVELLE» CITÉ DANS LA VALLÉE DE L'ENIPEUS PALIAMBÉLA-PHYLLOS* Le bassin de l'Enipeus offre, pour une étendue relativement modeste (environ 1 000 km2), une grande variété de paysages naturels : plaine alluviale et ses pitons calcaires détachés, collines des Révénia qui séparent les deux plaines thessaliennes, contreforts septentrionaux de l'Othrys. Du point de vue archéologique, la région a été très peu explorée. Les spécialistes du néolithique se sont davantage intéressés à la façade égéenne de la Thessalie ou au bassin de Larissa1. Les pages que Stàhlin a consacrées à la vallée dans son ouvrage sur la Thessalie2 sont en nombre très limité, et seules quelques études ponctuelles3 ont été réalisées depuis : sans être terra incognita, la région restait très mal connue4. Les quatre campagnes de prospection organisées depuis 1979 ont donc sensiblement accru notre documentation. La présente étude sur la magoula Paliambéla, partie d'un ensemble plus vaste de recherches sur la vallée de l'Enipeus, est née de la reconnaissance, au cours de notre prospection, d'un site d'importance, qui avait été jusqu'alors presque totalement négligé. Les problèmes posés par ses relations avec les sites voisins, connus ou inédits, (*) Ont participé au travail sur le terrain à des titres divers : M. H. Aude, N. Decourt, B. Feuer, B. Helly, I. Jacques, G. Lucas, M. J. Tournebise. L'entreprise n'aurait pas pu avoir lieu sans la collaboration de tous les instants du personnel des éphories de Larissa et de Volos, en particulier de leurs responsables M. Gallis et M. Khourmouziadis, ainsi que des gardiens locaux du service des antiquités. Que tous en soient ici remerciés. (1) Voir par exemple le catalogue publié par A. J. B. Wace et M. S. Thompson, Prehistoric Thessalg (1912), p. 8-12. (2) F. Stâhlin, Das hellenische Thessalien (1924), p. 130-135 et 143. (3) Cf. en particulier la série publiée par Y. Béquignon sous le titre « Études thessaliennes », BCH 52 (1928), p. 9-44 : « Le champ de bataille de Pharsale »; p. 444-465 : «La retraite de Philippe V en 198 et l'incursion étolienne en Thessalie » ; BCH 54 (1930), p. 367-375 : « Une prétendue inondation de l'Enipeus » ; BCH 56 (1932), p. 89-191, « Recherches archéologiques dans la région de Pharsale », qui présente, entre autres sites, celui de Ktouri ; p. 403-409 : « Nouvelles remarques sur le champ de bataille de Pharsale » ; BCH 84 (1960), p. 176-188 : * Nouvelles observations sur le champ de bataille de Pharsale»; BCH 98 (1974), p. 119-123 : « Encore le champ de bataille de Pharsale ». (4) Une exception toutefois : Pharsale, la cité bien sûr, mais surtout le site de la bataille de 48 av. J.-G. Le nombre colossal — le mot n'est pas trop fort — de publications sur ce sujet a sans doute conduit à négliger le reste de la région ou du moins à fausser la vision que nous pouvions en avoir. — — ί Fig. 1. - Carte de la région de magoula Paliambéla. 1986] UNE NOUVELLE CITÉ DANS LA VALLÉE DE L'ENIPEUS 359 et par son identification à partir des sources anciennes qui mentionnent, dans la moyenne et la basse vallée de la rivière, plusieurs établissements antiques, nous ont peu à peu conduit à réexaminer l'ensemble des identifications admises et à avancer pour ces établissements de nouvelles interprétations. I) Magoula Paliambéla (fig. 1). Les magoules, ces petites buttes caractéristiques du paysage de la plaine thessa- lienne, sont nombreuses dans la vallée de l'Enipeus, principal affluent de la rive droite (Sud) du Pénée : au cours de nos quatre campagnes, nous en avons visité presque quatre-vingts. Le plus souvent à peine visibles au-dessus de la plaine, d'étendue modeste à quelques exceptions près, elles ont été, dans cette partie de la Thessalie, peu étudiées. Les plus connues, celles de Tsangli, Tsani et Tsini, ont donné lieu cependant, à des dates déjà anciennes, à des fouilles ou à des sondages5. La magoula Paliambéla (fîg. 2) dresse sa masse compacte, visible de loin sur la plaine parfaitement étale, à quelque distance de la pointe occidentale du Phylléion Oros et de l'Enipeus qui coule à son pied. Un coup d'œil suffit pour se rendre compte combien le mot magoula ne convient pas pour ce vaste quadrilatère aux pentes raides qui, à cause de son appellation somme toute banale pour la région, n'a pas suffisamment attiré l'attention. On désigne parfois la magoula Paliambéla du nom de Khômatokastro. Ce terme rare n'est jamais utilisé pour des magoules « ordinaires » et sa signification (« château de terre ») est très révélatrice de l'aspect massif du site, plus étendu d'ailleurs que tous les sites néolithiques de ce secteur. On verra que cette particularité n'a pas échappé aux chercheurs. Le toponyme est enregistré différemment selon nos sources, d'abord à cause des difficultés bien connues de la transcription de l'alphabet grec dans l'alphabet latin, la difficulté redoublant lorsque, comme c'est le cas ici, le grec transcrit le turc ; ensuite du fait de traditions locales qui n'ont trouvé un écho que dans une ou deux publications ; enfin et surtout parce que, depuis 1881, date du rattachement de la Thessalie à la Grèce, les appellations ont changé, souvent même plusieurs fois, et continuent de changer. Je retiendrai ici le vocable qui figure sur les documents les plus récents : magoula Paliambéla ou Paliambéla6. Il y a en fait peu à tirer de ces (5) Le mot même de magoula n'est d'ailleurs pas sans ambiguïtés. Dans son acception technique, restric tive donc, il désigne dans le vocabulaire archéologique thessalien un groupe de sites d'origine néolithique et d'aspect bien particulier — ce que l'on nomme ailleurs tell ou tépé. Même si, comme cela s'est produit parfois, l'occupation s'est poursuivie par la suite, ou a repris après une interruption, l'aspect général n'en a pas été modifié. De manière plus vague, magoula sert à nommer, par analogie, sur les cartes et dans le langage courant, toute hauteur de faible importance, qui rompt la planéité de la vallée ; on l'emploie, par exemple, pour désigner, concurremment avec le terme plus précis de pétro-magoula, de petites buttes calcaires naturelles, sans traces archéologiques, comme celles qui se trouvent au pied du Kalojéro dans les Révénia centrales ou au Nord de Métamorphosis Sôtiros (sur certains documents pétromagoula désigne parfois non plus cette dernière petite butte, mais le piton de Mêtamorphosis Sotiros, encore appelé Titanion, qui culmine à 329 m, soit 200 au-dessus de la plaine). (6) Le site apparaît ainsi dans la littérature archéologique et sur les cartes sous les noms suivants : — Μαγούλα Παληάμπελα ; Παληάμπελα seul ; Magoula Paliambéla ; Magoulia ou Paliabila seuls. Ces toponymes n'ont rien d'original, puisque les «joues » se comptent par centaines en Thessalie, et que les «vieilles vignes » sont légion en Grèce. — Χωματόκαστρο, Khômatokastro, Chomatocaslro. Trois sites de la région portent ce nom, rarement uti- 360 JEAN-CLAUDE DECOURT [BCH 110 toponymes grecs ou turcs, qui restent très banals. Les cartes aujourd'hui accessibles qui enregistrent la magoula Paliambéla sont peu nombreuses7. Les voyageurs qui, dans le passé, ont parcouru la région, ne semblent pas avoir remarqué la magoula et seuls quelques archéologues et géographes s'y sont arrêtés. La bibliographie relative à Paliambélia est donc des plus réduites8. Cartes et voyageurs font cependant parfois un sort particulier à la magoula Paliambéla ainsi qu'à deux autres sites dont ils la rapprochent, les khômatokastra de Paraprastani9 et de Mataranga10. Si Wace et Thompson se contentent de mentionner le site et son toponyme original, uploads/Geographie/ article-bch-0007-4217-1986-num-110-1-1804.pdf

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