r^y->^ :sy(> HIP« m; •^;-^^<^ .** '-^ ï^'< U-' h \(a^ y^ z ^v V*. PAUL BOURGET

r^y->^ :sy(> HIP« m; •^;-^^<^ .** '-^ ï^'< U-' h \(a^ y^ z ^v V*. PAUL BOURGET ESSAIS PSYCHOLOGIE CONTEMPORAINE BAUDELAIRE — M. RENAN FLAUBERT — M. T AINE — STENDHAL PARIS ALPHONSE LEiMERRE, ÉDITEUR 27-3l, PASSAGE CHOISEUL, 27-3 I MDCCCLXXXIII ESSAIS PSYCHOLOGIE CONTEMPORAINE IMrrUMERIE D. PARDIN ET C". A SAlNT-GEnM AIN . — 2510-83. PAUL BOURGET ESSAIS PSYCHOLOGIE CONTEMPORAINE BAUDELAIRE — M. RENAN FLAUBERT — M. TAINE — STENDHAL PARIS ALPHONSE LEMERRE, ÉDITEUR 27-3l, PASSAGE CllOISEUL, 27-3 I MDCCCLXX A III Digitized by the Internet Archive in 2011 witii funding from University of Toronto littp://www.arcliive.org/details/essaisdepsyclioOObour AVANT-PROPOS Les cinq chapitres qui composent ce volume ont paru, Tun après Tautre, dans la Nouvelle Revue, sous le titre, que j'ai cru devoir leur conserver, <XEssais de Psychologie contemporaine. Le lecteur, en effet, ne trouvera pas dans ces pages, consacrées pourtant à l'œuvre littéraire de cinq écrivains célèbres, ce que Ton peut proprement appeler de la critique. Les procédés d'art n'y sont analysés qu'autant qu'ils sont des signes^ la personnalité des auteurs n'y est qu'à peine indiquée, et, je crois bien, sans une seule anecdote. Je n'ai voulu ni discuter des talents, ni pein- dre des caractères. Mon ambition a été de rédiger quelques notes capables de servir à l'historien de la Vie Morale pen- VI PSYCHOLOGIE CONTEMPORAINE dant la seconde moitié du xlV siècle français. Cette Vie Morale, comme il ar- rive dans les sociétés très civilisées, se compose de beaucoup déléments divers. Je ne crois pas énoncer une vérité bien neuve en affirmant que la Littérature est un de ces éléments, le plus important peut- être, car dans la diminution de plus en plus évidente des influences traditionnelles et locales, le Z.z>re devient le grand initiateur. Il r'est aucun de nous qui, descendu au fond de sa conscience, ne reconnaisse qu'il n'aurait pas été tout à fait le même s'il n'a- vait pas lu tel ou tel ouvrage : poème ou roman, morceau d'histoire ou de philoso- phie. A cette minute précise, et tandis que j'écris cette ligne, unadolescent, que ]ePois, s'est accoudé sur son pupitre d'étudiant par ce beau soir d'un jour de juin. Les fleurs s'ouvrent sous la fenêtre, amoureu- sement. L'or tendre du soleil couché s'é- tend sur la ligne de l'horizon avec une dé- licatesse adorable. Des jeunes filles causent dans le jardin voisin. L'adolescent est pen- AVANT-PROPOS VU ché sur son livre, peut-être un de ceux dont il est parlé dans ces Essais. C'est les Fleurs du Mal de Baudelaire, c'est la Vie de Jésus de M. Renan, c'est la Sa- lammbô de Flaubert, c'est le Thomas Graindorge de M. Taine, c'est le Rouge et le Noir de Beyle... Qu'il ferait mieux de vivre! disent les sages... Hélas! c'est qu'il vit à cette minute, et d'une vie plus intense que s'il cueillait les fleurs parfumées, que s'il regardait le mélancolique Occident, que s'il serrait les fragiles doigts d'une des jeunes filles. Il passe tout entier dans les phrases de son auteur préféré. 11 converse avec lui de cœur à cœur^ d'homme à homme. Il l'écoute prononcer sur la manière de goûter l'amoiir et de pratiquer la débauche, de chercher le bonheur et de supporter le malheur, d'en- visager la mort et l'au delà ténébreux du tombeau, des paroles qui sont des révéla- tions. Ces paroles l'introduisem dans un univers de sentiments jusqu'alorN aperçu à peine. De cette première révélation à VIII PSYCHOLOGIE CONTEMPORAINE imiter ces sentiments, la distance est faible et Tadolescent ne tarde guère à la fran- chir. Un grand observateur a dit que beaucoup d'hommes n'auraient jamais été amoureux s'ils n avaient entendu par- ler de Tamour. A coup sûr, ils auraient aimé d'une autre façon. Définir quelques- uns des exemplaires de sentiments que certains écrivains de notre époque propo- sent à l'imitation des tout jeunes gens, et indiquer par hypothèse quelques-unes des causes générales qui ont amené ces écrivains à peindre ces sentiments comme elles amènent leurs lecteurs à les goûter, telle est exactement la matière de ces Essais. Oxford. — i3 Juin i883. CHARLES BAUDELAIRE PSYCHOLOGIE CONTEMPORAINE CHARLES BAUDELAIRE Lire les Fleurs du Mal à dix-sept ans, lors- qu'on ne discerne point la part de mystification qui exagère en truculents paradoxes quelques idées , par elles-mêmes seulement exception- nelles, c'est entrer dans un monde de sensa- tions jusqu'alors inconnues. Il est des éduca- teurs d'âme d'une précision d'enseignement plus rigoureuse que Baudelaire : M. Taihe, par exemple, et Henri Beyle. Il n'en est point de plus suggestifs et qui fascinent davantage. Et tes yeux attirants comme ceux d'un portrait... a-t-il écrit d'une des femmes coupables dont il a subi la magie; il traîne quelque chose de PSYCHOLOGIE CONTEMPORAINS cette attirance et de ce regard au long de ses vers mystérieux et câlins, ironiques à demi, à demi plaintifs. Des stances de lui poursuivent l'imagination qu'elles inquiètent avec une ob- session qui fait presque mal. Il excelle surtout à commencer une pièce par des mots d'une so- lennité à la fois tragique et sentimentale qu'on n'oublie plus : Que m'importe que tu sois sage! Sois belle et sois triste... Et ailleurs : Toi qui, comme un coup de couteau, Dans mon cœur plaintif es entrée... Et ailleurs : Comme un bétail pensif sur le sable couchées Elles tournent leurs yeux vers l'infini des mers... Par tempérament et par rhétorique, Charles Baudelaire fait flotter un vague halo d'étran- geté autour de ses poèmes, convaincu, comme Tauteur de l'incomparable élégie To Helen^ Edgard Poe, qu'il n'est de beauté qu'un peu singulière et que l'étonnement est la condition du sortilège poétique. C'est un sortilège, en effet, pour qui ne se rebute pas des complexi- CHARLES BAUDELAIRE tés de cet art. L'impression est comparable à celle qu'on ressent en présence des figures peintes par le Vinci, avec ce modelé dans la dégradation des teintes qui velouté de mystère le contour du sourire. Une dangereuse curio- sité force Tattention et invite aux longues rê- veries devant ces énigmes de peintre ou de poète •, — et à regarder longtemps l'énigme livre son secret. Celui de Baudelaire est le se- cret de plus d'un d'entre nous, — il y a bien des chances pour qu'il devienne le secret ainsi du jeune homme qui se complaît dans cette lec- ture, inépuisable en révélations. L ANALYSE DE L AMOUR DANS BAUDELAIRE Il y a d'abord dans Baudelaire une concep- tion particulière de l'amour. On la caractéri- serait assez exactement, semble-t-il, par trois épithètes, d'ordre disparate comme notre so- ciété. Baudelaire est tout à la fois, dans ses vers d'amour : m3^stique, libertin et analyseur. Il est mj'stique, et un visage d'une idéalité de PSYCHOLOGIE CONTEMPORAINE madone traverse sans cesse les heures sombres OU claires de ses journées, rappelant la pré- sence, en quelque autre univers dont le nôtre ne serait que l'épreuve dégradée et grossière, d'un esprit de femme « lucide et pur, » d'une âme toujours désirable et toujours bienfai- sante : Elle se répand dans ma vie Comme un air parfumé de sel, Et dans mon âme inassouvie Verse le goût de rÉternel... Il est libertin, et des visions dépravées jus- qu'au sadisme troublent ce même homme qui vient d'adorer le doigt levé de sa Madone. Les mornes ivresses de la Vénus vulgaire, les ca- piteuses ardeurs de la Vénus noire, les raffi- nées délices de la Vénus savante, les crimi- nelles audaces de la Vénus sanguinaire. Ont laissé de leur ressouvenir dans les plus spiri- tualisés de ses poèmes. Il s'échappe un relent d'alcôve infâme de ces deux vers du magni- fique Crépuscule du Matin : Les femmes de plaisir, la paupière livide, Bouche ouverte, dormaientde leur sommeil stupide... Le visage, lustré comme l'ébène, d'une amie CHARLES BAUDELAIRE aux dents d'ivoire, aux cheveux crépus, a ins- piré cette litanie de tendresse : Je t'adore à l'égal de la voûte nocturne, O Vase de tristesse, ô grande taciturne... Des prêtresses païennes eussent reconnu un dévot de leurs fêtes clandestines dans la des- cription de ce boudoir, — fermé par autorité de justice, — où Hippolyte accoude ses lassi- tudes, A la pâle clarté des lampes languissantes Sur les profonds coussins tout imprégnés d'odeur... Et la plus belle pièce du recueil, à mon avis du moins, la Martyre, pourrait porter comme épigraphe la sinistre phrase que Tauteur de la Philosophie dans le boudoir se proposait d'ins- crire sur une des chambres de la petite maison de ses rêves : Ici l'on torture!... L'homme vindicatif que tu n'as pu, vivante, Malgré tant d'amour, assouvir, Combla-t-il, sur ta chair inerte et complaisante. L'immensité de son désir?... A travers tant d'égarements, où la soif d'une infinie pureté se mélange à la faim dévorante PSYCHOLOGIE CONTKMPORAINE des joies les plus pimentées de la chair, Tin- telligence de l'analyseur reste cruellement maîtresse d'elle-même. La mysticité, comme le libertinage, se codifie en formules dans ce cerveau qui décompose ses sensations, avec la précision d'un prisme décomposant la laaiière. Le raisonnement n'est jamais ciitanié par la fiù'Te qui brûle le sang ou par l'extase qui évoque les uploads/Geographie/ essais-de-psycologie-contemporaine-bourget.pdf

  • 38
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager