RANDRIAMAHAZAKA 3A (CMT 12) Zo Cours d’ouverture : « Les génocides du XXe siè
RANDRIAMAHAZAKA 3A (CMT 12) Zo Cours d’ouverture : « Les génocides du XXe siècle, analyse comparative » Ouvrage choisi : Hayg Toroyan et Zabel Essayan, L'agonie d'un peuple, Paris, Classiques Garnier, 2013. L’ouvrage L’Agonie d’un peuple se décompose en plusieurs parties. Il comprend en premier lieu un avant-propos du traducteur Marc Nichanian, professeur de langue et littérature arméniennes. Puis, s’en suit la traduction française du témoignage de Hayg Toroyan publié en 1917. Ce témoignage est le premier long récit provenant d’un témoin, observateur et survivant publié en arménien. Il a été recueilli et retravaillé par l’écrivaine américaine Zabel Essayan parvenue à échapper aux rafles d’intellectuels à Istanbul en avril 1915. A l’époque, celle-ci a déjà publié plusieurs textes littéraires, notamment son roman Dans les ruines sur les massacres d’Adana commis par les Turcs sur les Arméniens en 1909. Essayan rencontre Toroyan durant l’été 1916 et lui-même est déjà en contact avec des journalistes et des intellectuels qu’il commence à informer des tueries. A sa manière elle met en forme la matière orale et écrite qu’il lui rapporte et c’est ainsi que naît ce que l’on appelle aujourd’hui « témoignage ». Il est suivi d’une postface rédigée par Marc Nichanian, intitulée « La voix et la plume ». Dans celle-ci, l’auteur propose une réflexion sur ce témoignage en le contextualisant, et en le situant dans la littérature de témoignage propre aux Arméniens pendant le XXe. Hayg Toroyan a traversé une partie de la Turquie au moment des massacres qu’il a vu se dérouler notamment le long de l’Euphrate. Au moins 700 000 personnes sont passées par les camps de concentration de la vallée de l’Euphrate. Son témoignage consigne à la fois ce à quoi il a assisté, mais aussi les informations et les récits fournis les personnes qu’il rencontrait au cours de son périple. Le récit débute en novembre 1914 à Diyarbakir, ville où la moitié de la population est arménienne et l’autre moitié est composée de Turcs et de Kurdes. Toroyan décrit les évènements qui ont préparé la déportation générale des arméniens. C’est sur le terrain économique qu’ont débuté les exactions commises sur les populations arméniennes. Des campagnes de boycott économique, des incendies, des réquisitions militaires, et des pillages ont lieu, et les hommes arméniens âgés de moins de 45 ans commencent à être mobilisés pour l’armée. Tout est mis en œuvre pour briser la force physique et mentale des arméniens. Puis, Toroyan se rend à Djerablous, petite ville au bord de l’Euphrate sur la voie de chemin de fer allemand menant à Bagdad. Il y demeurera de décembre 1914 à novembre 1915. La situation des arméniens y est à peu près acceptable jusqu’au mois de février 1915, mais progressivement, une propagande s’organise pour monter la population musulmane contre les arméniens. Des massacres contre les arméniens commencent à avoir lieu. En mai 1915, le ministre de l’intérieur Talaat Pacha fait paraître un ordre de déportation. Il est ordonné que les hommes soient tués sur place et que les femmes et les enfants soient déportés en Mésopotamie. Toroyan décrit comment s’est organisée la déportation des Arméniens de Cicilie dans plusieurs villes. On constate que différents prétextes sont utilisés pour déporter les Arméniens. Si à Zeytoun, les turcs accusent les arméniens de soulèvement, à Dörtyol, ils sont accusés d’être en contact avec les navires de guerre anglais. Une logique d’inversion se met en place : les tueurs accusent la population victime d’avoir à leur encontre des intentions qu’en réalité ce sont eux qui ont. Les conditions de déportation sont aussi différentes selon les villes : les déportés de Zeytoun n’ont aucun moyen de transport tandis que les arméniens d’Ayntab se déplacent sur des carrioles ou à dos de cheval. Les ordres de déportations viennent du gouvernement et même les capitaines chargés de les exécuter n’en comprennent pas les raisons. La déportation des arméniens de Cilicie est menée par étapes : ceux qui ont les moyens sont déportés à Alep tandis que les autres sont envoyés en Mésopotamie. Il est interdit aux hommes de se mêler et de s’approcher de leurs familles. Défigurés par la faim et la chaleur, il devient impossible de distinguer les jeunes des vieux. Tous les jours, des Turcs et des Kurdes viennent rendre visite aux déportés pour acheter des filles et des femmes et emporter les enfants. Toroyan tente d’ailleurs de les en empêcher. Si l’objectif est de détruire le groupe, on considère que prélever des femmes et des enfants ne remet pas en cause l’objectif puisque ces femmes survivront mais en tant que femmes de musulmans, de même pour les enfants qui survivront en tant que turcs. Plusieurs fois, Toroyan mentionne la perte de toute trace d’humanité chez les déportés, visible notamment lors des distributions de pains où il décrit les arméniens « comme des bêtes rendues folles par la faim » (p.50). Le 1er mai, pour la première fois il voit des cadavres d’Arméniens descendre le long de l’Euphrate pendant que les soldats continuent à les dépouiller. Cet atroce spectacle dure jusqu’au 29 mai. Lorsque 70 enfants sont noyés par un homme truc, l’opinion générale des Turcs est la suivante : « Dieu a créé les Arméniens pour le kourban (le sacrifice), les femmes pour l’amusement, mais tuer des enfants est un acte barbare ». (p.54) Les Arméniens du haut-plateau sont eux-aussi victimes des barbaries des Turcs. A Diyarbakir, des arméniens sont enterrés vifs. Les déportations sont organisées par des bandes armées composées d’irréguliers. La tâche principale est l’anéantissement des arméniens mais celle-ci est gardée secrète jusqu’au bout, que ce soit pour les Turcs ou les Arméniens. A Ras-ül-Ayin comme dans beaucoup d’autres gares, les chemins de fer sont devenus des véritables lieux de mort. Le train écrase des enfants et des femmes se jettent sous les roues. Lors d’une campagne d’évasion improvisée, un ami de Toroyan parvient à sauver quelques enfants. Ces derniers sont décrits par Toroyan comme ayant perdu l’aspect familier qu’on les enfants, couverts de rides, ils arborent des expressions animales. Entassés dans des wagons, le manque total d’hygiène cause la mort de certains déportés. Mais même dans cet état extrême, les gendarmes, décrits par Toroyan comme des « monstres à visage humain » (p.62 ), continuent à jouer avec eux. (supprimer cette partie ?) Dans la plaine de Souroudj se trouve le cimetière des arméniens. Sur cette large étendue de terrain, 60 000 Arméniens sont rassemblés. Les Turcs et les Kurdes viennent, achètent et revendent les enfants et les femmes, les considérant comme des butins. Une propagande se met en place, selon laquelle un mariage avec des filles arméniennes permettrait d’affiner les générations des turcs. Dans cette plaine, la majorité des déportés a été tuée par une épidémie et les rares survivants piétinent « les cadavres de ceux qui avaient été leurs êtres chers ». (p.65) Dans les caravansérails, on envoie des filles arméniennes comme cadeaux aux notables des environs. A la vue d’un homme vêtu à l’européenne, les femmes se battent pour lui. Il est très difficile de concilier cet enfer et la présence de femmes distinguées. De même, il est difficile d’imaginer que la foule misérable présente dans les trains de déportés provient d’une population initialement riche éduquée et raffinée. En effet, d’avril à décembre 1915, les trains de déportés ont transporté des familles anciennes et riches commerçants. La faim et la soif les a transformés en bêtes sauvages engagées dans une lutte sans merci afin d’obtenir à boire et à manger. Lorsque que Toroyan, en compagnie des Arméniens d’Ezeroum arrive à Ezindjan, il se rend compte que « toute la ville était désertée. Il n’y restait plus un seul arménien » p82. De même, à Samsat : la ville a été vidée de tous ses Arméniens. On retrouve ce vide au Rwanda en 1994. Un journaliste français, Patrick de Saint-Exupéry se rend au Rwanda et écrit une bande dessinée, La fantaisie des Dieux, dans laquelle il évoque que « La marque du génocide, ce n’est pas la furie. C’est le silence. ». 1 Ensuite le récit de Toroyan continue à Alep. Les Arméniens de Cilicie commencent à y arriver, puis c’est au tour des déportés du haut plateau arménien. Ces derniers sont environ 70 000 et semblent avoir perdu toute apparence humaine. En effet, les conditions de déportation de ces déportés ont été épouvantables. Tout au long de leur marche, on ne leur fournit ni eau, ni nourriture, l’objectif étant que ces colonnes de déportés n’arrivent pas à destination. Des comités pour venir en aide aux déportés se mettent alors en place et les arméniens d’Alep se montrent très accueillants. Cependant, peu de temps après, le gouvernement décide de modifier sa politique pour empêcher l’entraide et met en place une politique de terreur caractérisée par des comportements arbitraires et des rafles soudaines. Tout en sachant qu’ils connaitraient le sort réservé à ceux du haut plateau, les Arméniens d’Edesse décident de résister. Cette résistance est bien organisée mais très vite, le gouvernement tire profit d’un incident pour envoyer l’armée. Les uploads/Geographie/ fiche-de-lecture 5 .pdf
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- Publié le Mar 20, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
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