Ernest-Théodore Hamy Note sur les figures et les inscriptions gravées dans la r
Ernest-Théodore Hamy Note sur les figures et les inscriptions gravées dans la roche à El-Hadj Mimoun, près Figuig In: Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 26e année, N. 2, 1882. pp. 98- 103. Citer ce document / Cite this document : Hamy Ernest-Théodore. Note sur les figures et les inscriptions gravées dans la roche à El-Hadj Mimoun, près Figuig. In: Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 26e année, N. 2, 1882. pp. 98-103. http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1882_num_26_2_68778 — 98 — COMMUNICATIONS. NOTE SDR LES FIGURES ET LES INSCRIPTIONS GRAVÉES DANS LA ROCHE À EL-HADJ MIMOUN, PRÈS FIGUIG, PAR LE DOCTEUR HAMY, CONSERVA TEUR DU MUSÉE D'ETHNOGRAPHIE. La colonne expéditionnaire qui , sous les ordres du général Cavaignac, avait pénétré la première dans l'extrême Sud de la province d'Oran au printemps de l'année 18/17, n'avait point tardé à rencontrer, gravées assez profondément sur les rochers, des figures grossières et étranges; représentant tantôt des an imaux en partie disparus de la faune saharienne, tantôt aussi des hommes dont le costume et l'armement différaient profondé ment de ceux des habitants actuels des oasis. M. Koch, capitaine aux voltigeurs de la légion étrangère, qui avait copié ces figures à Tioût et à Moghar-Tatâni, et le docteur Jacquot, qui en faisait ressortir l'intérêt dans une co rrespondance publiée par l'Illustration, le 3 juillet 1847, com prenaient fort bien l'un et l'autre , la portée de leur découverte , et insistaient sur «l'époque très reculée» à laquelle devaient nécessairement remonter des gravures où l'on pouvait recon naître l'éléphant et où se trouvaient représentés des guerriers «avec des plumes sur la tête et armés d'arcs et de flèches1.» D'une part, en effet, l'éléphant a disparu de l'Afrique sep tentrionale depuis les premiers siècles de l'ère chrétienne2; 1 L'Illustration, Journal universel, t. IX, p. a84, 3 juillet 18Λ7. 3 Hannon, longeant, plus de trois siècles avant notre ère, la portion de côte africaine qui correspond au cap Spartel des géographes modernes , y avait vu — . 99 — de l'autre, il est aisé de constater que presque rien ne s'ap plique aux chasseurs des rochers gravés de Tioût dans les de scriptions de la Lybie que nous ont laissées les Anciens. Les figures, toutes semblables, estampées par le rabbin Mardochée dans la province de Sous (Maroc), sont venues confirmer les opinions de MM. Jacquot et Koch sur l'ancien neté relative des inscriptions du Sud oranais. M. Henri Duveyrier, qui a interprété avec beaucoup de sa gacité les découvertes de Mardochée dans un mémoire publié par la Société de géographie en 1 876 x, nous apprend, en effet, qu'à côté de l'éléphant, le rhinocéros bicorne, la girafe et d'autres animaux encore vivaient dans le Sahara occidental , puisque les indigènes avaient tracé sur la pierre les portraits ressemblants de ces grands animaux. Or aucune de ces espèces ne se rencontre plus aujourd'hui dans les vallées méridionales de l'Atlas, et M. Duveyrier tire, à juste raison, de leur dispa rition un nouvel argument en faveur d'une opinion qu'il a fréquemment défendue. Un changement considérable dans le climat saharien peut seul expliquer à ses yeux des modifîca- «des éléphants et d'autres animaux herbivores en grand nombre» (Hannon, PéripL, trad. fr. de Fr. Lenormant, ifrst. Ane, t. III, p. 200). Hérodote assurait que, dans cette partie de l'Afrique qui se trouve à l'occident du fleuve Triton , à l'ouest de la petite Syrte , par conséquent, il y avait des forêts qui recelaient «r une grande quantité d'éléphants.» (IV, 191.) Strabon, Pomponius Mêla, Pline, Plutarque, Élien, mentionnent également l'existence de cet animal en divers points de l'Afrique septentrionale et notamment entre le mont Atlas et la Gétulie. — «Cet état de choses, dit d'Armandi (Hist. mïlit. des éléphants, liv. I, chap. I, p. i3 et suiv., Paris i8/i3, in-8°), subsistait encore au m* siècle de notre ère. C'est ce qu'on peut inférer de la description que Solin nous a laissée de la Mauri tanie Tingitane.» 11 n'en était plus de même au commencement du vu* siècle, et l'on avait si profondément oublié YElephas Africanus, qu'Isidore de Séville (Ety- mol., XIV, 3, ia) après avoir énuméré les productions de la même province, ajoute «qu'on y trouvait autrefois lés éléphants en grand nombre, mais que, de son temps, ces animaux ne naissaient plus que dans l'Inde.» 1 II. Duveyrier, Sculptures anciennes de la province marocaine de Sous, décou vertes par k rabbin Mardochée (Bull. Soc. de géogr., 6* série, t. XII, p. 1 29-1 46, 1876). — 100 — tions aussi profondes que celles que les dessins sur roche ont permis de constater. Depuis l'importante publication de M. Duveyrier, les décou vertes de gravures rupestres se sont considérablement multi pliées dans le sud de l'Algérie , et ces œuvres des anciens ha bitants du pays se sont toujours représentées sous les traits généraux que M. H. Duveyrier avait si nettement esquissés. Le général Dastugue a adressé à la Société de géographie les copies d'un certain nombre de dessins, en tout semblables à ceux de la collection Koch, recueillis par lui en 1861 et en 1862 , et les expéditions motivées par les événements dont le sud du département d'Oran vient d'être le théâtre ont permis d'en relever d'autres, que M. le général Golonieu se propose de nous faire bientôt connaître. Enfin M. le capitaine Boucher, attaché à l'état-major de la colonne Louis, qui opérait de concert avec celle du général Colonieu dans les Ksours, vient de dessiner avec beaucoup de soin d'autres gravures encore à El-Hadj Mimoun, à ko kilomètres au nord de Figuig. Les dessins de M. Boucher, que M. Henri Martin a bien voulu nous communiquer offrent un intérêt tout spécial. M. Boucher y donne, en effet, la preuve de Y antériorité mat ériellement établie de dessins d'animaux semblables à ceux de Tioût, du Soûs marocain, etc., par rapport à des inscriptions d'une physionomie spéciale, et que l'on considère générale ment comme devant suivre, de plus ou moins près, dans la chronologie épigraphique africaine, celles que M. le général Faidherbe a si heureusement appelées du nom de numidiques l, et qui sont contemporaines de la domination romaine en Al gérie. La face ouest de la première pierre rencontrée, en venant 1 L. Faidherbe. Collection complète des inscriptions numidiques (lïbyques), avec des aperçus ethnographiques sur les Numides, Paris, 1870, gr. in-8° avec 7 pi. in-folio. — ΙΟΪ — du Nord , par le capitaine Boucher, montre trois ruminants , des antilopes peut»être, dont les larges lignes sont croisées et couvertes d'autres dessins plus grêles et plus grossiers , en tremêlés de caractères dont nous nous efforcerons plus loin de démêler la signification générale. Un des grands ruminants tracés sur la paroi sud de la quatrième pierre d'El-Hadj Mimoun offre les mêmes super positions. Ces animaux, dont l'antériorité par rapport aux inscriptions est ainsi nettement établie, sont, je l'ai déjà dit, tout à fait identiques à ceux des estampages de Mardochée et des copies du commandant Koch et du général Dastugue. Gomme M. Du- veyrier le faisait observer à propos des dessins du Soûs ma rocain , l'art auquel ces œuvres appartiennent est un art tout primitif. Les figures y sont hardiment esquissées, mais se montrent fort imparfaites, surtout vers les extrémités1. Les inscriptions qui les traversent et dont les parois ro cheuses sont presque entièrement couvertes, marchent sans aucun ordre à travers les anciennes figures, montant ou des cendant, allant à droite, poussant à gauche, au gré de la fan taisie du graveur qui les a confiées, à la roche. M. Boucher s'est efforcé, avec beaucoup de patience, d'en démêler la suite au milieu d'un fouillis presque inextricable de signes et de figures enchevêtrés dans toutes les directions. Il y a souvent réussi. Quelques-uns des caractères sont toute fois demeurés méconnaissables, et la lecture de l'ensemble ne peut manquer de présenter aux épigraphistes spéciaux des difficultés sérieuses. Le nombre des caractères lisibles est très considérable et atteint plusieurs centaines. On y reconnaît vingt-neuf ou trente lettres différemment agencées, et dont une vingtaine, deux sur 1 H. Duveyrier, Mém. cit., p. i3o, i32 etiAa. — 102 — trois par conséquent, avaient été déjà rencontrées sur d'autres inscriptions rupestres du Sahara par Barth, MM. Duveyrier et Faidherbe. Des neuf ou dix lettres non rupestres d'El-Hadj Mimoun, moitié appartiennent aux formes les plus anciennes du libyque (inscription libyco-punique de Tougga)1. Ce seraient donc des inscriptions rupestres à forme relativ ement archaïque que les indigènes des Ksours auraient jadis su perposées aux grandes figures d'animaux. Si l'on admet (ce que le général Faidherbe à d'ailleurs démontré) que l'écriture rupestre ordinaire est intermédiaire entre celle des inscrip- tiaas libyqaee ei numidiques et celle des Touaregs , postérieure par conséquent à l'époque romaine, assez vieille toutefois pour n'être plus du tout comprise des nomades actuels, on sera amené à considérer les inscriptions d'Et-Hadj Mimoun , plus anciennes que les rupestres ordinaires , comme pouvant appar tenir à une époque qui correspondrait au commencement de notre moyen âge. Je n'essayerai point d'interpréter les in uploads/Geographie/ hamy.pdf
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- Publié le Dec 27, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
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