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LA VOCATION DE L’ARBRE D’OR est de partager ses intérêts avec les lecteurs, son admiration pour les grands textes nourrissants du passé et celle aussi pour l’œuvre de contemporains majeurs qui seront probablement davantage appréciés demain qu’aujourd’hui. La belle littérature, les outils de développement personnel, d’identité et de progrès, on les trouvera donc au catalogue de l’Arbre d’Or à des prix résolument bas pour la qualité offerte. LES DROITS DES AUTEURS Cet e-book est sous la protection de la loi fédérale suisse sur le droit d’auteur et les droits voisins (art. 2, al. 2 tit. a, lda). Il est également protégé par les traités internationaux sur la propriété industrielle. Comme un livre papier, le présent fichier et son image de couverture sont sous copyright, vous ne devez en aucune façon les modifier, les utiliser ou les diffuser sans l’accord des ayant-droits. Obtenir ce fichier autrement que suite à un téléchargement après paiement sur le site est un délit. 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Ne diffusez pas votre copie mais, au contraire, quand un titre vous a plu, encouragez-en l’achat : vous contribuerez à ce que les auteurs vous réservent à l’avenir le meilleur de leur production, parce qu’ils auront confiance en vous. © Arbre d’Or, Cortaillod (ne), Suisse, mars 2009 http://www.arbredor.com Tous droits réservés pour tous pays Louis Jacolliot Histoire des vierges LES PEUPLES ET LES CONTINENTS DISPARUS PARIS 1874 HISTOIRE DES VIERGES LES PEUPLES ET LES CONTINENTS DISPARUS 4 INTRODUCTION Les études ethnographiques commencent à prendre le pas sur toutes les autres dans le grand mouvement scientifique de notre époque, et cela se con- çoit, car, si l’homme a toujours été avide de connaître l’homme, aucune période du passé n’a vu ses recherches récompensées par d’aussi intéressantes décou- vertes, et un prochain avenir, qu’on peut déjà entrevoir, nous réserve une mois- son plus abondante encore. Avant peu, tous les vieux systèmes anthropologiques verront s’écrouler leurs classifications arbitraires, pour faire place à une science plus large, plus tolérante des conceptions nouvelles, et surtout plus en harmonie avec l’antiquité de notre globe et des races humaines qui l’habitent. L’histoire de l’homme, de son développement intellectuel et matériel est tout entière à refaire. Il faut la dégager d’une part de la fiction biblique, et de l’autre des observations peu scientifiques des voyageurs, dont la plupart, dans des excursions trop rapides, n’ont vu que la surface de civilisations toujours étudiées au profit d’un système préconçu. Combien de théories présentées dans les sociétés les plus savantes, et ac- quérant quelque valeur, grâce à la notoriété de ceux qui les soutiennent, n’ont souvent d’autre origine que les récits pleins d’erreurs et presque toujours super- ficiels des navigateurs. J’ai lu à Bénarès, dans une relation du voyage que le rajah Jung-Bahadoor fit en France et en Angleterre en 1851, publiée par un de ses aides de camp, le fait suivant : « Il existe dans certaines contrées de la France une coutume étrange. Lors- qu’un enfant appartenant à une classe élevée sort du temple où on l’a conduit à sa naissance, porté par ses parents, tous les enfants des castes les plus infimes se précipitent sur le cortège avec des cris sauvages, et les parents sont obligés de HISTOIRE DES VIERGES LES PEUPLES ET LES CONTINENTS DISPARUS 5 les éloigner en leur lançant des poignées de petites pierres blanches qu’ils por- tent dans des sacs... » À un relais de chevaux de poste, l’aide de camp du rajah aura vu, dans quelque village de la Bourgogne, passer un baptême : parrain, marraine et assis- tants, jetaient, selon la coutume, des dragées aux enfants qui s’abattaient sur ces friandises comme une volée d’oiseaux sur des épis mûrs, et cela a suffi pour que l’Indou imaginât sur ce fait une histoire indoue. Toute la relation est de cette force. Ne rions point : les trois quarts des observations européennes sur l’Inde, le centre Afrique et surtout l’Océanie ont la même valeur. Pour étudier une civilisation étrangère, il faut auparavant se défaire des préjugés de la sienne ; ce n’est qu’après de longues années d’habitation, quand on parle la langue et qu’on commence à aimer les populations où l’on vit, qu’on arrive à bien comprendre leurs coutumes, leurs vieilles traditions civiles et religieuses, et à les décrire d’une plume scientifique, qui ne se laisse aller ni à l’enthousiasme irréfléchi, ni à l’invention ni au dénigrement de l’ignorance. Ce que certaines gens appellent magistralement la science ! en anthropolo- gie, se construit parfois avec de bien minces matériaux. Un jour, ceci se passait dans un institut quelconque d’Europe... inutile de le nommer, j’attaque les procédés scientifiques et non les hommes. Un membre de la société exhibe une poignée d’hameçons en os de poisson et en nacre, ainsi que quelques haches en forts coquillages, qu’un marin de ses amis avait rapportés des îles Sous le Vent, groupe d’Huaïhné et de Bora-Bora en Océanie. S’appuyant sur ces instruments primitifs, notre homme occupa trois séances par la lecture d’un mémoire dont la conclusion fut : 1° Que la colonisation de ces îles devait être des plus récentes, puisque les habitants n’ayant encore découvert ni le bronze, ni le fer, ni aucun autre métal, en étaient réduits se servir de ces engins primitifs qui sont la négation de toute civilisation avancée ; 2° Que, d’après les rapports de similitude existants entre les instruments de pêche des Océaniens de ce groupe et ceux des sauvages de l’Amérique du Sud, HISTOIRE DES VIERGES LES PEUPLES ET LES CONTINENTS DISPARUS 6 on devait conclure à des liens de parenté peu éloignés entre les deux peuples, classés tous deux du reste dans la race jaune ; 3° Que l’Amérique du Sud devait être regardée comme le berceau de la race jaune polynésienne. Le savant, puisqu’il faut l’appeler par son nom, n’avait certes pas vu cela dans la poignée d’os qu’on lui avait rapportée, mais il avait profité de l’occasion pour rééditer à son compte une des plus manifestes et des plus gros- sières erreurs de l’anthropologie officielle. Je puis affirmer que les engins de pêche des indigènes, trop primitifs de forme et de matière pour certains ethnographes, sont ceux qui donnent les plus beaux résultats, et que nos hameçons civilisés font triste figure en présence de l’hameçon kanaque. Dans ces mers profondes et claires, l’appareil de pêche nacré est celui qui éveille le moins l’attention du poisson, dont les yeux sont habitués à cette nuance par les écailles de ses congénères et les coquilles des mollusques ; loin d’être le signe d’une infériorité, il le serait plutôt d’un progrès. L’homme invente suivant les difficultés qu’il rencontre pour subvenir à ses besoins et les dangers qu’il lui faut repousser. De toutes les différentes branches de l’espèce humaine, le rameau polynésien est celui qui a, sans contredit, le moins senti la nécessité d’inventer. L’artocarpe ou arbre à pain lui donne, sans culture un pain naturel qui, cuit sous la cendre, est des plus savoureux. Les marais regorgent d’ignames et de taro, énormes racines pesant jusqu’à dix à douze kilos, et qui renferment un aliment aussi succulent que la pomme de terre. D’innombrables cocotiers lui fournissent à profusion leur eau parfumée et leurs fruits ; les forêts sont remplies de ces petits porcs océaniens, dont la chair délicate et ferme ferait les délices des meilleures tables d’Europe. La mer est tellement poissonneuse entre les récifs qui entourent les îles, qu’un seul coup de filet amène de la nourriture pour plusieurs jours et pour toute une famille. Donc le Polynésien peut se servir d’instruments réputés primitifs, pour les bien rares travaux auxquels il se livre, sans qu’il reçoive de cela une place infé- HISTOIRE DES VIERGES LES PEUPLES ET LES CONTINENTS DISPARUS 7 rieure dans la famille humaine, ou qu’on en puisse induire une colonisation récente des îles qu’il habite. Vivant sous le plus tempéré et le plus égal des climats du globe, n’éprouvant ni le besoin de se vêtir ni celui d’habiter d’autre maison qu’une case de feuillage, se procurant sa nourriture sans efforts, n’ayant à lutter avec aucun animal venimeux ou féroce, il n’a rien inventé, je le répète, parce qu’il n’avait besoin de rien... Il y a environ une soixantaine d’années que les Euro- péens se sont établis par là, eh bien, malgré ce laps de temps déjà considérable, je n’ai pas trouvé, à part ceux engagés sur les navires, deux indigènes faisant usage de couteau, et ce n’est pas faute cependant qu’on leur en ait donné. Ceux qui construisent les pirogues sont les seuls qui aient voulu quelque chose de notre civilisation, ils nous ont pris la hache et la scie, pour lesquelles ils ont marqué de suite une profonde admiration. Mais je dois me hâter d’ajouter que les pirogues creusées à la hache dans les troncs d’arbre ont cinq fois moins de valeur et de durée que celles qui sont creusées par le feu. uploads/Geographie/ histoire-vierges.pdf
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- Publié le Apv 24, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
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