Journal de la société des américanistes 94-2 | 2008 tome 94, n° 2 « L’anthropol

Journal de la société des américanistes 94-2 | 2008 tome 94, n° 2 « L’anthropologie structurale ? Voyez-vous… it’s anthropology at its best ». Hommage à Claude Lévi- Strauss Philippe Erikson Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/jsa/10542 DOI : 10.4000/jsa.10542 ISSN : 1957-7842 Éditeur Société des américanistes Édition imprimée Date de publication : 20 décembre 2008 Pagination : 9-12 ISSN : 0037-9174 Référence électronique Philippe Erikson, « « L’anthropologie structurale ? Voyez-vous… it’s anthropology at its best ». Hommage à Claude Lévi-Strauss », Journal de la société des américanistes [En ligne], 94-2 | 2008, mis en ligne le 10 avril 2009, consulté le 19 avril 2019. URL : http://journals.openedition.org/jsa/10542 ; DOI : 10.4000/ jsa.10542 © Société des Américanistes « VANTHROPOLOGill STRUCTURALE ? VOYEZ-VOUS ... IT'S ANTHROPOLOGY AT ITS BEST ». HOMMAGE À CLAUDE LÉVI-STRAUSS C'est [ ... ]en 1958 que le Collège de France a voulu créer dans son sein une chaire d'anthropologie sociale [ ... ]. Qu'il me soit [permis] en cette occurrence où tous les caractères du mythe se trouvent pour moi réunis, de [chercher à discerner le sens du] bizarre retour du chiffre 8 [ ... ]. Cinquante ans avant [ ... ] Sir James Frazer prononçait à l'université de Liverpool la leçon inaugurale de la première chaire au monde qui fut intitulée d'anthropologie sociale. Cinquante ans plus tôt - il vient d'y avoir un siècle - naissaient, en 1858, deux hommes - Franz Doas el Émile Durkheim[ ... ]. Il convenait que ces trois anniver- saires, que ces trois noms fussent évoqués ici. (Lévi-Strauss 1973, pp. 11-1 2) Au priutemps dernier, la Society for the Anthropology of Lowland South America (SALSA) a tenu son cinquième congrès en Europe, d'abord à Oxford (du 17 au 20 juiu 2008), puis à Paris (le 21juin 2008). L'occasion était rêvée de rendre honunage à Claude Lévi-Strauss, à l'approche de son centenaire et à l'ombre de la tour Eiffel. La partie britannique de la manifestation, organisée par Laura Rival (assistée d'lstvan Praet) sous l'égide de l'université d'Oxford, s'est déroulée à la Maison française d'Oxford et a été consacrée à l'actualité de l'ethnologie amazo- niste. La partie française, organisée par Philippe Erikson avec le soutien du Laboratoire d'Ethnologie et de Sociologie Comparative de l'université de Paris X-Nanterre, a été accueillie par Anne Christine Taylor au musée du Quai Branly et a surtout abordé l'actualité de l'œuvre de Lévi-Strauss. La rédaction du Joumal de la Société des Américanistes est heureuse de donner une suite à cet événement avec ce cahier spécial, qui comprend la transcription des communica- tions présentées et de la discussion qui s'en est suivie. Un heureux hasard fait que l'hommage rendu par SALSA s'est tenu le jour du solstice d'été, qui est non seulement le plus long de l'anuée, mais également celui de la fête de la Musique. Clin d'œil du destin, propre à souligner que nous n'étions pas réunis pour des oraisons funèbres, mais pour célébrer la longévité intellec- Jouma/ de la Société des Américanistes, 2008, 94-2, pp. 9-15. © Société des Américanistes. 9 JOURNAL DE LA SOCIÉTÉ DES AMURICANISTES V ol. 94-2, 2008 tuelle du grand homme et l'importance de la musique dans sa vie et son œuvre. En raison du nombre limité de places disponibles au musée d u Quai Branly, seules 96 personnes ont pu assister à cette manifestation. Public restreint, certes, mais diversifié : moins d'un tiers de Français (3 1) ; 24 d'autres pays d'Europe (14 du Royaume-Uni, d'autres de Belgique, Danemark, Espagne, Finlande, Norvège, Pologne ... ) ; 23 d'Amérique du Nord (Canada et États-Unis) et 18 du sud du continent (dont 14 du Brésil). Un des temps forts de l'hommage a consisté en une table ronde au cours de laquelle quatre spécialistes d'ethnologie amazonienne (Stephen Hugh-Jones, Patrick Menget, Manuela Carneiro da Cunha et Philippe Descola) se sont exprimés une demi-heure chacun. La demi-heure de discussion qui a suivi a permis à d'autres éminents collègues d'enrichir le débat (Fernando Santos Gra- nero, Laura Rival, Carlos Fausto, Harald Prins, Jonathan Hill et Steven Rubens- tein). Marcelo F iorini, de l'American University of Paris, a conclu la session en présentant et commentant des extraits d'un entretien qu'il avait récemment filmé avec Claude Lévi-Strauss, ainsi que des images récentes prises chez les Nam- bikwara, montrant des attitudes corporelles étonnamment similaires à celles photographiées par Lévi-Strauss, lui-même, clans les années 1930. L'article de Fiorini, reproduit clans ces pages, est illustré par des pho tos signées de son pseudonyme artistique (Marcelo Fortaleza Flores) et mises en regard avec d'autres de Lévi-Strauss, avec l'aimable autorisation des auteurs. Trois des principaux intervenants de la table ronde avaient eux-mêmes étudié sous la direction de Lévi-Strauss, avant de lui succéder aux chaires qu'ils occupent aujourd'hui (ou occupaient encore récemment) : Carneiro da Cunha à l'univer- sité de Sao Paulo, Descola au Collège de France et Menget à !'École Pratique des Hautes Études. Le quatrième orateur (Stephen Hugh-Jones) n'est pas moins qualifié, son œuvre ayant été définie comme« sans doute le commentaire le mieux informé et le plus subtil des thèses de Lévi-Strauss jamais écrit en langue anglaise » (Bloch 2004, p. 354). E n raison d'un malentendu à propos de qui - du musée du Quai Branly ou de l'université de Nanterre - devait se charger d'inviter officiellement Philippe Des- cola, son texte était déjà réservé lorsque sa présence fut confirmée (Descola s. d.). Seuls quelques passages choisis de sa communication sont donc présentés ici, dans la partie retranscrivant la discussion. Les trois autres contributions sont publiées i11 extenso. Elles ont été transcrites et éditées par Philippe Erikson, également responsable des notes et de la compilation des références bibliographi- ques. Les textes en anglais ont été revus par les auteurs et relus par Casey High : qu'il en soit remercié. 10 La communication de Stephen Hugh-Jones montrait que : L'anthropologie sociale britannique a joué un rôle pionnier dans l'explosion des recherches ethnologiques sur les basses terres de lAmérique du Sud, dont le dévelop- pement fulgurant remonte au milieu des au nées 1960, époque à laquelle des traductions Erikson HOMMAGE À CLAUDE Ll'lVl-STRAUSS des principales œuvres de Lévi-Strauss ont commencé à circuler dans le monde anglo- phone. Ces écrits ont exercé leur influence sur bon nombre des chercheurs de l'époque et, aujourd'hui encore, tous reconnaissent l'importance de ses idées sur l'échange, l'alliance, les mythes, etc. Cependant, à quelques rares exceptions près, l'influence de Lévi-Strauss a été moindre qu'on ne pourrait le penser de prime abord. En effet, certaines des caractéristiques essentielles de sa conception de l'anth ropologie contras- taient fortement avec celles des anthropologues britanniques qui diffusaient ses idées aux américanistes en herbe d'alors. Il semble donc que, pour tirer pleinement partie de ce qui s'est passé depuis les années 1960, un retour sur Lévi-Strauss s'impose. [résumé de l'auteur] Patrick Mengel, le deuxième intervenant, s'est plus particulièrement intéressé à l'influence et à la postérité des contributions de Lévi-Strauss aux études de parenté, des premiers conunentaires de Josselin de Jongen l 952jusqu'à ceux, très récents, de Laurent Barry (en 2008). Menge!, qui était étudiant à l'université Harvard à la fin des années 1960, a apporté quelques précisions sur la conception que Maybury-Lewis se faisait des organisations dualistes, reprenant un des thèmes précédemment abordés par Hugh-Jones. Au cours de sa présentation, Menget a cité à plusieurs reprises des extraits d'un long entretien de Lévi-Strauss, jusqu'ici inédit, qu'il avait conduit à la fin des années 1970. Pour finir, le texte de M anuela Carneiro da Cunha, sobrement intitulé« Lévi- Strauss aujourd'hui », résume avec élégance l'esprit de cet hommage, avec une présentatio n combinant de plaisantes anecdotes sur les séjours de Lévi-Strauss à Sào Paulo (de 1930 à 1985), avec des considérations épistémologiques plus ambitieuses sur la réception de ses travaux à la fois au Brésil cl aux États-Unis. La conununicalio n contient également d'utiles explications sur l'énigmatique « formule canonique», el montre que bon nombre de ses détracteurs post- strucluralisles eurent recours à des arguments qu'ils auraient très bien pu trouver dans les écrits de Lévi-Strauss. À l'évidence, quelques décennies après la publication de ses œuvres majeures, el exactement un siècle après sa naissance, il aurait été illusoire d'espérer boule- verser le champ des éludes lévi-straussiennes dans le cadre d'un simple hommage. Le mieux que nous pouvions faire, c'était d'inviter un groupe d'amazonistes hautement qualifiés, de savourer ce qu'ils avaient à dire et de le publier dans la revue même où avaient jadis paru deux des premiers textes qui assurèrent la renommée de Lévi-Strauss (1936 ; 1948). Durant ce special day in Paris, trois des plus éloquents de nos collègues se sont contentés de répéter, avec Stephen Hugh-Jones, que : « Lévi-Strauss n'est pas seulement le plus grand anthropolo- gue en vie. Il est le plus grand anthropologue, tout court ». To ut était dit. Au bout d u compte, notre objectif sera atteint si les textes réunis ici aident les futurs lecteurs à mieux comprendre comment, en 2008, les ethnologues spécialistes des basses terres d'Amérique du Sud se situent vis-à-vis du structuralisme, et pour- 11 uploads/Geographie/ jsa-10542-pdf.pdf

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