Savoirs & actualités Dossier Machines portatives : réduire les risques, de la c
Savoirs & actualités Dossier Machines portatives : réduire les risques, de la conception à l ’utilisation Incontournables dans de nombreux secteurs d’activité, les machines portatives posent des questions de santé et de sécurité au travail. Meuleuses, perceuses et autres perforateurs sont non seulement dangereux mais ils génèrent aussi des vibrations, bruits, poussières et postures contraignantes. Ces risques doivent être connus et évalués afin de concevoir des machines plus sûres et d’améliorer leurs conditions d’utilisation. Ce dossier, qui s’adresse aux concepteurs et aux utilisateurs de machines portatives, fournit des éléments pratiques pour agir en fonction de la situation. Handheld machinery: reducing the risks from design to use – Essential in many sectors of activity, handheld machines raise occupational safety and health issues. Grinders, drills, punches and the like are not only dangerous but also generate vibration, noise, dust, and strained postures. Such risks should be known and assessed in order to design machines that are safer and in order to improve the conditions under which they are used. This article, which is intended for designers and users of handheld machinery, gives practical tips for taking action depending on the situation. Dossier coordonné par Agnès Aublet-Cuvelier, INRS, département Homme au travail, Jacques Chatillon, INRS, département Ingénierie des équipements de travail, Jean-Raymond Fontaine, INRS, département Ingénierie des procédés Conseils pour la conception et le choix de machines portatives P. 34 Des pistes pour limiter l’effet rebond des meuleuses électroportatives P. 39 Panorama des risques liés à l’utilisation de machines portatives P. 22 De l’importance du captage des poussières pour les machines à bois portatives P. 25 L' évaluation simplifiée du risque vibratoire, une démarche en trois étapes P. 27 Comment choisir une machine portative peu bruyante ? P. 31 © Vincent Nguyen pour l'INRS Hygiène et sécurité du travail – n°237 – décembre 2014 22 Savoirs & actualités B âtiment, travaux publics, exploitations forestières, fonderies, ateliers méca- niques, mines et carrières... Toutes les branches d’activité sont aujourd’hui concernées par l’utilisation de machines portatives ou guidées à la main. Plus de 5 % des salariés manipulent régulièrement ces outils selon l’enquête Sumer 2003 1. Il s’agit surtout d’hommes âgés de 25 à 55 ans. Parmi ces machines, les plus vendues sont les meuleuses (environ 400 000 par an), les perceuses et les perforateurs (environ 300 000 par an), les scies sauteuses ou alternatives (environ 100 000 par an) et les clés à choc (envi- ron 70 000 par an) utilisées dans les travaux des métaux ou du bois. Des centaines de milliers de débroussailleuses, tronçonneuses, tondeuses sont également achetées pour assurer la maintenance des espaces verts ou boisés. Quel est l’impact de ces machines sur la santé et la sécurité des salariés ? Elles sont la source de nui- sances multiples, comme l’émission de poussières ou la génération de vibrations [1] et de bruits [2]. Il faut ajouter les contraintes biomécaniques (gestes répétés, efforts excessifs, postures incon- fortables…) et les risques d’accidents liés à leur uti- lisation (Cf. Encadré). Plus spécifiquement, le risque d’exposition aux poussières concerne avant tout les utilisateurs de machines portatives travaillant dans l’industrie du bois et de la pierre. Parce qu’ils peuvent provoquer des cancers de l’éthmoïde et des sinus, les procédés émettant des poussières de bois sont classés sur la liste des procédés cancérogènes. Une situation d’autant plus problématique que ces machines sont rarement connectées à un système d’aspiration. Seules 5 % d’entre elles l’étaient en 2008 selon une enquête conduite par les ministères du Travail et de l’Agriculture [3]. Par ailleurs, une étude INRS de 2010 concernant trois types de machines portatives à bois (scies circulaires, défonceuses et ponceuses orbitales) a montré que les dispositifs de captage étaient souvent fragiles, peu efficaces et équipés de conduits non normalisés ne permettant pas un raccordement aisé à un groupe d’extraction [4]. L’inhalation de poussières issues du travail de la pierre ou de maté- riaux en contenant peut, quant à elle, être à l’ori- gine de maladies professionnelles du type silicose (si les poussières contiennent de la silice cristalline) ou d’autres pathologies associées à une surcharge pulmonaire (si les poussières sont inertes). De nombreuses machines portatives ou guidées à la main, comme les brise-béton, les meuleuses ou les perforateurs par exemple, génèrent égale- ment des niveaux vibratoires élevés. Par contact, ces vibrations sont transmises à la main et au bras de l'opérateur. Une exposition régulière peut ainsi entraîner à long terme des troubles vasculaires, neurologiques et muscolosquelettiques (TMS), regroupés sous le nom de « syndrome des vibra- tions » [5]. Des nuisances multiples En outre, le poids de la machine portative, les caractéristiques de la poignée et de la gâchette (dimensions, forme, position sur la machine, matériau utilisé) et le dispositif d’alimentation en énergie (câble, tuyau), peuvent aussi générer des contraintes biomécaniques importantes pour les utilisateurs et ainsi contribuer à la survenue de TMS (syndrome du canal carpien, tendinites, etc.). Les nuisances sonores sont également à prendre en considération chez les utilisateurs de scies cir- culaires, raboteuses, meuleuses et perforateurs notamment. Les fabricants annoncent souvent des niveaux d’émission susceptibles de conduire à des expositions quotidiennes supérieures aux seuils d’action réglementaires [6]. Selon l’enquête Sumer 2003, 41 % des employés de l’industrie du bois et 31 % de ceux du bâtiment et des travaux publics (BTP) sont exposés à des niveaux de bruit supé- rieurs aux limites recommandées pour préserver la santé auditive. Enfin, l’utilisation de machines portatives est également source d’accidents. Les plus courants entraînent des amputations, des coupures et Panorama des risques liés à l ’ utilisation de machines portatives Les machines tenues à la main sont la source de nuisances multiples qui peuvent se traduire par des maladies professionnelles et des accidents du travail. Ces risques doivent être connus et évalués afin de concevoir des machines plus sûres et d’améliorer leurs conditions d’utilisation. Nicolas Trompette, Patrice Donati INRS, Ingénierie des équipements de travail Jean- Raymond Fontaine, François- Xavier Keller INRS, Ingénierie des procédés Laurent Claudon INRS, Homme au travail Hygiène et sécurité du travail - n°237 – décembre 2014 23 Dossier des écorchures, une fois sur deux au niveau de la main. L’examen de la base Epicéa 2 de l’INRS (Cf. Tableau) montre que les causes des accidents sont liées principalement à la dangerosité de la machine (risques inhérents), à son mode d’utilisa- tion (utilisation de façon non conforme à ce qui est prévu) et aux incidents techniques (problèmes au niveau de l’activité des opérateurs) survenus au cours de l’accident. Trois familles de machines sont particulièrement dangereuses : les meuleuses- disqueuses, les perceuses-perforateurs et les scies. Quant aux secteurs d’activité principalement concernés, il s’agit du BTP et de la métallurgie. Suivant les machines et les métiers, le type d’ex- position à ces multiples risques varie. Les meu- leuses et les disqueuses sont globalement les plus nuisibles : elles combinent bruit, vibrations, pous- sières, dangerosité et peuvent causer des affections péri-articulaires. Les ponceuses et les polisseuses présentent les mêmes nuisances, plus élevées en ce qui concerne les poussières et moins élevées pour le bruit. Les marteaux-piqueurs, les perforateurs et les burineurs sont particulièrement bruyants et vibrants. Enfin, les scies sont surtout à l’origine d’accidents et engendrent une exposition au bruit et aux poussières. Dans tous les cas, la réduction du nombre et de la gravité de ces accidents/patholo- gies passe par une meilleure évaluation des risques liés aux situations de travail, mais aussi par la prise en compte de l’ensemble de ces risques dès la conception des machines. La réglementation incite les fabricants à conce- voir et à fabriquer des machines sûres émettant le moins possible de bruit, de vibrations et de pous- sières dans les limites de la technique actuelle. Dans ce but, la directive européenne 2006/42/CE du 17 mai 2006 [7] fixe les exigences essentielles de santé et de sécurité à respecter. Par exemple, les niveaux d’émission de bruit et de vibrations doivent apparaître dans les brochures techniques. Problème : dans sa forme actuelle, la directive ne prévoit pas d’informer l’utilisateur sur les niveaux d’émission en substances dangereuses, ce qui com- plique la mise en œuvre de la prévention tech- nique du risque chimique lors de l’utilisation des machines. En effet, lors de l’achat d’une machine portative, l’utilisateur ne dispose d’aucune infor- mation relative aux émissions de poussières des matériels pour le guider dans son choix. Au niveau des utilisateurs, la prévention des risques liés à l’inhalation des poussières émises est encadrée par les mesures de prévention du risque chimique prévues dans les articles R. 4412-1 à R. 4412-57 du Code du travail. Ces mesures, ren- forcées en cas de poussières classées CMR ou de procédé cancérogène comprennent l’évaluation des risques, la substitution par un agent moins Causes Meuleuse/disqueuse (12 accidents) Perceuse/perforateur (11 accidents) Scie (14 accidents) Mode d’utilisation de la machine 25 % 18 % 21 % Conditions de travail 0 % 0 % 0 % Mauvaise gestion des risques 0 % 10 % 8 % Gestion d’incidents techniques 38 % 18 % 14 % Facteurs propres à l’opérateur 0 % uploads/Industriel/ machines-portatives.pdf
Documents similaires










-
39
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Oct 19, 2022
- Catégorie Industry / Industr...
- Langue French
- Taille du fichier 4.9506MB