1 1 Les gros axes MORTS finissent brisés Les arbres n’ont pas évolué pendant de

1 1 Les gros axes MORTS finissent brisés Les arbres n’ont pas évolué pendant des millions d’années dans l’attente de l’arrivée des élagueurs et l’apparition de la tronçonneuse pour faire face au bois mort. Les gros axes morts finissent par se rompre avec le temps en laissant des chicots, résultats de ces ruptures naturelles. PRÉAMBULE Cette fiche technique présente divers faits liés aux ruptures des axes, encourageant à accepter et tolérer des chicots issus des ruptures naturelles et des coupes hors normes dépassant largement la capacité de compartimentation des espèces. Les coupes décrites dans les manuels conventionnels de taille cherchent à simuler les processus d’élagage naturel, lesquels en général, n’opèrent plus au-delà de 10 cm de diamètre. Les ruptures artificielles et les coupes en couronne (coronet cuts) simulent des ruptures naturelles laissant des chicots déchiquetés sans limitation de diamètre. En revanche, la diversité et le caractère erratique des ruptures rendent leur simulation délicate. 3 Après la sénescence des branches, des PRÉDISPOSITIONS à la rupture sont mises en place par la production de substances antiseptiques Suite à des ruptures survenant après la sénescence des branches, des substances antiseptiques sont mobilisées dans la zone de protection avant même la rupture. Sur certaines espèces, résineuses notamment, la production de ces composés chimiques, couplée avec des résines, est particulièrement intense. Elles sont présentes sur une grande longueur de l’axe, protégeant de la décomposition, pendant plusieurs années, les chicots issus des ruptures (Jacquiot, 1978 in Drénou, 1999). 4 Sur certaines espèces suite à une décomposition du tronc, des cônes d’insertion restent INTACTS On s’est largement trompé sur la façon de gérer les chicots issus de ruptures naturelles. Sur certaines espèces résineuses les branches mortes laissent des cônes d’insertion intacts à l’intérieur des troncs creux mettant en évidence le fait que l’invasion de pathogènes n’a jamais franchi les barrières naturelles de la branche. 2 Les ruptures naturelles sont INHÉRENTES à certaines espèces Chez la plupart des conifères et certains feuillus comme le chêne rouge et plusieurs peupliers, le processus d’élagage naturel à la base des axes de gros diamètre ne se fait pas. C’est par rupture naturelle que les branches finissent par tomber en laissant sur l’arbre des chicots de différentes longueurs. (Shulz, 1959 and Burschel et al., 1987 in Drénou, 2001; Schütz, 2003). Le processus se retrouve chez de nombreuses espèces d’eucalyptus, dont les branches mortes laissent aussi des chicots attachés au tronc suite à des ruptures naturelles. Ceux-ci sont ensuite éjectés par la pression exercée par le tronc, couplée à la production de gomme. (Gerrand et al., 1997; Bell, 2008). © Vikki Bengtsson © Dirk Dujesiefken via Jack932008 (reddit.com) © Taken and modified from Burschel and Huss, 1987 after Shulz, 1959 in Drénou, 2001 Ruptures artificielles & CORONET CUTS FICHE TECHNIQUE La simulation de ruptures naturelles : du pourquoi au comment - Philosophie, théorie et pratique 2 6 Les chicots de ruptures artificielles et de coupes en couronnes passent INAPERÇUS au fil du temps Les chicots de ruptures artificielles et de coupes en couronne se fondent dans le paysage et passent inaperçus avec le temps, tout comme ceux de ruptures naturelles, recréant une harmonie entre l’arbre et son environnement. 10 Les ruptures naturelles DÉSUNISSENT les tissus du bois, contrairement au sectionnement net des coupes Les extrémités distales des chicots issus de ruptures naturelles présentent des éclats de bois avec des fibres désunies le long du fil après un certain point, en analogie avec le bois fendu (clivé), qui sèche plus rapidement en se dotant de propriétés similaires (Passola, 2016, Green, 2021). 11 Les vestiges des branches brisées constituent la partie la plus RÉSISTANTE des axes En général, une rupture naturelle a lieu au point le plus faible près de l’insertion de l’axe – laissant derrière elle des tissus plus forts. Les vestiges des branches brisées qui restent attachés aux arbres constituent la partie la plus résistante de la branche – après avoir subi un « test de traction naturel » et fait preuve de ténacité. 7 La simulation des ruptures naturelles est un moyen idéal pour la mise en sécurité des arbres morts (CHRONOXYLES) Avec la prise de conscience actuelle de la biodiversité, on est amené de plus en plus à appliquer des principes de l’arboriculture environnementale en ville. Les ruptures artificielles et les coupes en couronne permettent de laisser des arbres morts, sur pied ou couchés avec une allure naturelle. Même si ces arbres ne vivent plus, leur bois mort en décomposition foisonne de vie, c’est un microcosme visible ou invisible à l’oeil nu. Ces arbres sont référencés sous le terme de « chronoxyle », un néologisme qui fait référence à la succession des stades de saproxylation (décomposition du bois) au cours du temps, capital pour la diversité biologique. En contexte urbain, s’il est nécessaire de sécuriser le site, la succession des stades de saproxylation du chronoxyle exige un suivi périodique assidu et un accompagnement progressif par des réductions de hauteur à la nacelle ou l’abattage – lorsque le seuil de tolérance devient inacceptable. Les intérêts écologiques d’un chronoxyle dépendent largement du fait qu’il soit debout ou couché. Il est souhaitable de le garder debout lorsque les conditions le permettent, afin de favoriser une faune exclusive aux arbres morts sur pied. 8 La simulation des ruptures naturelles permet d’ATTÉNUER le risque que représentent les arbres sévèrement atteints par des champignons lignivores Lorsqu’on est confronté à garder des arbres d’une grande valeur patrimoniale malgré une importante dégradation due à des champignons lignivores, la simulation de ruptures permet d’atténuer le risque qu’ils sont susceptibles de présenter dans un contexte urbain et de pouvoir les conserver plus longtemps. 9 Lorsqu’elles sont RAISONNÉES, les ruptures artificielles et les coupes en couronne ne sont pas une nouvelle forme de mauvaise pratique Les ruptures artificielles et les coupes en couronne sont des pratiques atypiques de taille « hors normes raisonnées ». Elles sont appliquées, dans des situations spécifiques et des scénarios exceptionnels de taille, dans le but d’affecter l’arbre dans une moindre mesure tout en répondant aux exigences et attentes sociétales. Chronophotographie sur 10 ans © David Humphries © Yoan Paillett © Vikki Bengtsson © David Humphries © Alexandre Nicole © David S. Restrepo 5 Les ruptures artificielles et les coupes en couronne SIMULENT des ruptures naturelles Les ruptures artificielles et les coupes en couronne sont issues d’une étude approfondie des ruptures naturelles dans les arbres, elles reproduisent des chicots cassés avec des déchirures et des bords déchiquetés tels ceux observés dans la nature. © David Humphries 3 13 Le modèle CODIT comprend deux processus DISTINCTS Le renforcement des plaies est un processus externe qui se produit dans la zone barrière (4). Il est réalisé par du bois néoformé qui produit un bourrelet de renforcement. Il ne doit pas être confondu avec la réaction aux tissus endommagés, qui est un processus interne réalisé par la zone de réaction, constituée de 3 parois structurelles : longitudinale (1), frontale (2) et radiale (3) (Shigo and Marx, 1977). L’intensité de réponse de l’un ne permet pas de tirer des conclusions sur l’autre. Les peupliers, par exemple, forment un bourrelet de renforcement très vigoureux, mais la réaction aux tissus endommagés est faible ; en revanche, les pins produisent un bourrelet de renforcement très faible, tandis que leur réaction aux tissus endommagés est forte (Dujesiefken and Liese, 2010, 2015). Comprendre qu’un bourrelet de renforcement vigoureux n’est pas forcément associé à une compartimentation efficace, sensibilise au fait que le diamètre des coupes simulant l’élagage naturel a des limites. Laisser des chicots au lieu d’effectuer des coupes à la base des gros axes apporte une alternative moins néfaste. 14 Le principe CODIT comprend 4 PHASES de réaction Le principe CODIT comprend 4 phases de réaction aux blessures : invasion de l’air (embolie) (1), invasion des pathogènes (2), progression des pathogènes (3) et encapsulation (4). Si la coupe dépasse la capacité de compartimentation de l’espèce, la progression des pathogènes (phase 3) n’est pas contenue et l’encapsulation (phase 4) n’aboutit pas (Dujesiefken and Liese, 2010, 2015). Avant de laisser la tronçonneuse réfléchir à sa place, l’élagueur doit se demander systématiquement si le processus de compartimentation à la suite de la coupe peut aboutir à l’encapsulation. Si la progression des pathogènes (phase 3) est inévitable, laisser un chicot est une alternative moins néfaste (EAC, 2021). 15 Les coupes qui simulent l’élagage naturel ont fait l’objet de recherches RIGOUREUSES Les coupes qui simulent l’élagage naturel sont issues d’une observation approfondie de l’élagage naturel et des recherches mettant à l’épreuve les délimitations des coupes et leur diamètre. Les recherches les plus poussées dans ce domaine ont été menées par Dujesiefken et al. sur une période d’environ 10 ans (1988- 1998). Un total de 750 coupes effectuées sur 115 arbres urbains ont été suivies et analysées rigoureusement (Stobbe, Dujesiefken & Kleist, 1998; Dujesiefken and Stobbe, 2002). La simulation de ruptures ne remplace pas les règles établies par ces recherches. Il s’agit d’une alternative lors des coupes hors normes, dépassant largement la capacité de compartimentation des espèces, où il est plus judicieux de uploads/Industriel/ ruptures-artificielles-et-coronet-cuts-fiche-technique-restrepo-2022.pdf

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