Couverture : Grille de plans, voir p.15 Vers une introspection de l’habitat ind

Couverture : Grille de plans, voir p.15 Vers une introspection de l’habitat individuel contemporain au Japon Directeur de mémoire_: Jacques Lucan . Assistant: B e n j a m i n _ Pe r s i t z . Mémoire de fin d’études Raphael Kadid . Master Théorie et Projet . Ecole d’Architecture de la Ville et des Territoires . 2012 Sommaire Introduction : La question de la maison aveugle aujourd’hui Les origines de l’introspection La maison aveugle au Japon La maison aveugle en Occident Collection de projets 1. Le patio, le mur d’enceinte, l’ouverture zénithale Trois dialogues avec le ciel Grille de plans Le patio Le mur d’enceinte L’ouverture zénithale 2. Vivre dans un enclos Le silence de la façade Comtempler la lumière / James Turrell Introspection et perception Collection de projets Bibliographie « Certes, elle est apaisante et tutélaire cette maison sans fenêtres, aveugle à la lutte des hommes et sourde à la clameur de leur colères, défendue par ses murs comme un tombeau par le sable. La vie y est secrète, calme et ineffleurée comme l’eau lointaine d’un puits. » Jean Gallotti, Le Jardin et la Maison Arabes au Maroc, 1926 8 Plan d’un douar. « Les tentes formant le douar ne sont jamais groupées par rangs ou en séries de parallèlogrammes, comme dans un camp romain, mais en une seule circonférence, circonscrivant un vaste cercle de terrain où les bêtes sont parquées, où se passe la vie de la tribu.» Jean Gallotti, Le Jardin et la Maison Arabes au Maroc, 1926 Maison d’Ur (Mésopotamie) 2000 av J.C. Werner Blaser, Atrium, Wepf & Co., 1985 Les murs des pièces périfériques sont rarement séparés de plus de trois mètres en raison de la diffi- culté de réaliser de longues poutres, et de la force de bêtes qui transportaient les madriers. 9 Introduction L’objet du mémoire part d’une interrogation sur l’architecture comme espace clos, refusant tout dialogue avec le contexte, le seul lien possible avec l’extérieur étant zénithal. Par lien on pensera en particulier à la vue, mais celui-ci peut se réduire à l’apport de lumière naturelle. L’étude fera abstraction des programmes technico-pragmatiques pous- sant les bâtiments à se fermer sur l’extérieur (musées, centres commerciaux, établissements de jeu, cinémas, centres de détention, lieux de cultes...) pour se concentrer sur l’habitat et en particulier sur la maison individuelle, car il semble que la question de la vie dans un bâtiment aveugle ne prend son sens qu’à partir du moment où elle naît du choix de l’homme à s’enfermer, se couper du monde, sans que cela soit d’une façon ou d’une autre une conséquence subie.1 De plus, il me semble que la variété de l’habitat individuel introverti, en parti- culier au Japon, mérite de faire l’objet d’une réflexion entière, pour comprendre les raisons et les enjeux de cet enfermement, dans un contexte urbain ou rural. Les origines de l’introspection Depuis la grotte habitée, forme originelle de la pièce enclose, l’homme n’a eu de cesse de rechercher un abri pour se protéger de la nature. Le climat, les prédateurs et les conflits avec les peuples voisins ont poussé l’homme à orga- niser son habitat vers l’intérieur. Qu’il s’agisse du fossé d’épines entourant les tentes d’un douar préhistorique, ou du mur d’enceinte dépourvu de fenêtres d’une maison à patio méditerranéenne, l’idée de protection vis à vis d’un exté- rieur hostile et inconnu est récurrente dans l’architecture occidentale. Au Japon, le caractère insulaire et le côté éphémère d’une vie soumise aux volontés d’une nature parfois dévastatrice ne laisse pas de place à une conception isolationniste de l’architecture. L’architecture japonaise ne cherche pas à se protéger du monde extérieur, ni à dompter la nature, mais au contraire aspire à l’harmonie (kokoro), entre l’homme et la nature. « Au Japon, le mur n’existait pas en tant que subs- tance pour l’architecture. »2 1. On peut citer par exemple le cas de l’habitat barcelonais du Barri Gotic, où la juxtaposition et la profondeur du bâti implique le percement de puits pour faire pénétrer air et lumière au cœur du bâtiment. 2. Tadao Ando, Kajima Institute Publishing, Tokyo 1981 10 Plan du Kôjoin à Miidera près de Otsu, Tomoya Masuda, Japon Architecture Universelle, Fribourg, 1969. La séparation des pièces juxtaposées par des panneaux coulissants - shôji - permet de faire varier l’espace et d’assurer la distribution en plan. Le tatami, dont les proportions se rapportent au corp humain, est utilisé comme unité de mesure dans le dimenssionnement des pièces. 11 La maison aveugle au Japon Malgré deux cultures différentes de l’habitat, la maison japonaise et la maison occidentale à patio trouvent des similitudes dans leurs conceptions. Le dessin de la maison japonaise part de l’intérieur, en prenant l’unité du tatami comme dimension de départ, tandis que celui de la maison à patio commence avec le dimensionnement de la cour. La maison à patio compense l’hermétisme de son enveloppe par la diversité et la richesse des relations spatiales internes : c’est une maison qui se regarde elle-même au travers de la cour, créant une multiplicité de parcours et de points de vue, comme dans la juxtaposition des pièces aux cloisonnements va- riables de la maison japonaise. L’espace n’y est pas formé par des parois rigides, mais par le vide entourant les piliers en bois. Les portes coulissantes de papier de riz permettent de délimiter les espaces entre eux et l’extérieur, mais aussi d’offrir la possibilité de supprimer cette délimitation, d’étendre l’espace au jardin ou de laisser les différents espaces fusionner entre eux. L’engawa comme le péristyle créent une gradation, physique et lumineuse, de la limite entre intérieur et exté- rieur. Ces similitudes ne sont certainement pas étrangères à l’appropriation du modèle du patio et de la façade aveugle au Japon. Dans les villes japonaises contemporaines, le rapport direct avec la nature et la montagne (demeure des divinités shintô) est difficile. Le surpeuplement de la ville et de sa périphérie exclut de préserver une des principales caractéristiques de l’habitat japonais : la symbiose avec la nature. Depuis le manifeste de la maison Azuma de Ta- dao Ando (1975), la création de dispositifs aveugles s’est développé pour créer des espaces intériorisés qui « font ressurgir l’image intérieure de la présence du moi_»3 et permettent à l’homme de renouer avec l’idée de nature. Face à la ville chaotique et bruyante, l’architecte souhaite bâtir des havres de paix tournés vers le ciel, cadrant des vues sur les lointains ou sur une ‘‘nature abstraite’’ intérieure. Tadao Ando explique que le vent, la pluie, le parcours du soleil et des nuages sont autant de fragments de nature captés par la cour intérieure et non une nature artificielle que serait par exemple, la présence d’un arbre dans le patio. « Les espaces intérieurs forment un microcosme intériorisé. La cour est le nœud de toutes les activités existantes dans le projet ; elle a pour fonction d’introduire dans le bâtiment les éléments naturels tels que la lumière, le vent et la pluie. Elle doit permettre de sensibiliser les occupants à la nature. »4 3. 4. Tadao Ando, à propos de la maison Azuma, Kajima Institute Publishing, Tokyo 1981 12 Plan d’un dâr marocain traditionnel. Le mot dar, maison, se rattache à la racine dâra, tourner autour en arabe. Les pièces s’organisent autour d’un péristyle, lieu de circulation, avec en son centre le patio, évolution du compluvium étrusque, trou percé dans la toiture pour évacuer la fumée. A l’époque où la vie familiale est très large, il permet de créer de grands dégagements pour chaque pièces. Maison Pompéienne, aprox 500 av J.C. Werner Blaser, Atrium, Wepf & Co., 1985 L’atrium étrusque est une grande cour partiellement couverte par un toit en pente intérieure. La pluie tombe par une ouverture centrale réduite, le compluvium, et est recueillie dans un bassin, l’impluvium, servant à fournir l’eau pour les besoins domestiques. Dans certains cas, une toile est tendue pour fermer le compluvium et se protéger du soleil en été. L’atrium est la pièce principale de la maison : on y fait la cuisine, on y mange, on y dort. Le mobilier est très simple, presque inexistant. 13 La maison aveugle en Occident Aujourd’hui le besoin de protection est moindre. Que ce soit au Japon ou en Occident, la nécessité de construire des murs défensifs n’est plus, et hor- mis pour des raisons climatiques, la fenêtre est devenu une évidence de l’habitat à la ville comme à la campagne. Pourtant, même lorsqu’il n’est pas question d’une culture de l’introspection, on constate un retour de la façade aveugle dans des régions où les caractéristiques du patio ne correspondent pas forcément au climat ni à l’ensoleillement. De plus, dans les pays industrialisés, le désir de voir et de regarder les choses va bien au delà de celui d’assurer, par une architecture simple, une bonne régulation thermique du bâtiment. La question prend alors d’autant plus d’importance que la maison est placée dans un environnement rural dégagé. Dans le cas des frères Mateus, la recherche d’une volumétrie générale pure en contraste avec un intérieur complexe permet uploads/Ingenierie_Lourd/ blind-houses-raphael-kadid.pdf

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