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HAL Id: hal-01527064 https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01527064v2 Submitted on 12 Jul 2017 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Copyright À Yaoundé, la halle APLEX ultime de Robert Le Ricolais Gilles-Antoine Langlois To cite this version: Gilles-Antoine Langlois. À Yaoundé, la halle APLEX ultime de Robert Le Ricolais. 2017. ￿hal- 01527064v2￿ À Yaoundé, la halle APLEX ultime de Robert Le Ricolais Gilles-Antoine Langlois Professeur HDR à l’ENSAP de Bordeaux – UMR CNRS 5319 Passages Il construit enfin, mais dans des conditions difficiles, soumis à de féroces limitations de prix, à de sévères conditions climatologiques, et à un programme urgent. Or tout prototype est cher, plus cher que l'objet qui en sera la descendance multipliée. Le Ricolais réussit ce prodige de construire à Yaoundé avec une main-d'œuvre totalement inexpérimentée, un hangar de 7 000 m2 à usage de marché couvert, réalisation meilleure, plus économique et plus rapide, résistant quelques jours après son montage à une tornade terrible... réussite évidente, démonstration absolue, mais sans lendemain, hélas1. Georges-Henri Pingusson La figure de l’ingénieur2 Robert Le Ricolais (1894-1977), initiateur d’ossatures tridimensionnelles salué comme un maître par Jean Bossu ou Pingusson, qualifié par André Malraux de « père des structures spatiales3 », est tombée, selon le regard qu’on lui accorde, dans la légende ou dans l’oubli, comme l’écrit Marc Mimram dans l’un de ces rares ouvrages (1983) qui lui sont consacrés une fois par décennie4. Michel Ragon le tient déjà pour le principal fondateur des structures spatiales de l’architecture contemporaine5. Après lui, David Georges Emmerich (1994) a livré un remarquable dossier biographique6. Plus récemment, Christel Palant-Frapier (2009) a replacé dans un environnement professionnel français cet 1 PINGUSSON, Georges-Henri, « Avant-propos », Le Ricolais, Espace Mouvement et Structures, Paris : Palais de la Découverte, Université de Paris, Campus, 1965 ; il s’agit du catalogue de l’exposition rétrospective présentée au Palais de la Découverte à Paris (1965) puis au Musée des Beaux-Arts de Nantes (1968). 2 Le Ricolais a déjà 39 ans lorsque la loi du 10 juillet 1934 assujettit le titre d’ingénieur à la justification d’un diplôme reconnu par une école certifiée : aussi trouve-t-on avant cette date de nombreux inventeurs et entrepreneurs autodidactes, se déclarant ingénieurs. 3 Discours d’André Malraux lors de la réception du grand prix annuel du Cercle d’Études Architecturales décerné à Robert Le Ricolais en 1962. Ce prix peut être attribué à de grands ingénieurs, comme Jean Prouvé en 1952 ou André Coyne en 1954. 4 MIMRAM, Marc, Structures et formes, étude appliquée à l’œuvre de Robert Le Ricolais, Paris : Dunod & Presses de l’ENPC, 1983. 5 RAGON, Michel, Histoire mondiale de l’architecture et de l’urbanisme modernes, t. 3, « Prospective et futurologie », Tournai : Casterman, 1978, p. 73-74. 6 Le Carré Bleu, n°2-1994 est entièrement consacré au centenaire de Robert Le Ricolais. D’origine hongroise, l’architecte et ingénieur français David Georges Emmerich (1925-1996) est un successeur des trois pères fondateurs des études de topo-morphologie structurale : Robert Le Ricolais, Konrad Wachsmann (1901-1980) et Richard Buckminster Fuller (1895-1983). Ses travaux ont influencé les architectures gonflables des années 1970 et visent à la création de structures légères et polyfonctionnelles, confinant à l’immatérialité. Il fut aussi enseignant durant 30 ans, à l’ENSBA puis à l’ENSA de Paris-la-Villette. immense chercheur et inventeur7. Chacun de ces auteurs s’accorde, avec Paul Chemetov, à montrer que l’ingénieur s’inscrit, dans la lignée française de Polonceau ou de Freyssinet, dans une tradition de dialogue avec cette architecture qui « savait la force première du dessin, organisant et clarifiant l’hypothèse de cheminement et d’équilibre des forces, qu’il faut bien choisir dans tout système (et chaque bâtiment en est un) non linéaire8. » Cependant deux aléas singuliers viennent limiter ces explicitations d’une pensée (Mimram), d’un parcours (Emmerich) et d’une pratique (Frapier) : d’une part, les travaux de Le Ricolais en Pennsylvanie sont en France peu explorés et commentés9. D’autre part, rien ne vient établir l’élément qui nous intéresse ici, l’inventaire précis et documentée de ses maquettes en taille réelle et édifices réalisés avant le départ aux États-Unis de 1951 -ou plus tard, des bâtiments pour lesquels il propose le concours de ses brevets en France (car il n’y a pas à notre connaissance d’édifice américain de Le Ricolais). Cette liste s’avère absente, lacunaire ou imprécise dans tous les ouvrages et articles que nous avons pu consulter. Essai d’inventaire Ces œuvres des années 1945 à 1957 ou environ –à tout le moins celles que nous avons pu considérer, soit qu’elles soient mentionnées à plusieurs reprises, soit qu’elles soient documentées ou au moins, photographiées, s’avèrent très peu nombreuses, l’activité principale de l’ingénieur s’exprimant sous formes de recherches, de maquettes, de brevets. Quand il a tenté d’entreprendre à l’échelle 1, il s’agit le plus souvent de prototypes et/ou de projets en collaboration non aboutis. Puis, faisant suite à l’échec relatif de ses entreprises en France, Robert Le Ricolais part aux États-Unis dès 1951. Il aura deux ans plus tard ce mot mélancolique : « Quoique très pauvre, la France a toujours préféré des idées extravagantes à des enquêtes méthodiques. Cela explique le développement lent de mes recherches. » Il dira aussi avec humour10 : Si en 1935, à l'époque où j'imaginais ces "machins" en tôle ondulée, j'avais réussi, ma destinée aurait été sinistre. J'aurais passé ma vie à dessiner des assemblages, à être assailli par des problèmes de contrats, d'entrepreneurs, de clients, d'impôts, etc. Une vie atroce, en somme, qui m'aurait amusé pendant six mois puis aurait vite tourné à la catastrophe. N'ayant pas réussi, il m'a fallu tenter autre chose. Après treize ans passés à Nantes, treize ans de malheur, notamment pendant l'occupation où je travaillais à la Société L'Air Liquide à partir de laquelle mes infortunes ont commencé, je suis revenu ici où j'ai réalisé "des petits trucs", des maquettes. Puis ce fut l'exil en Amérique, à un âge un peu tardif. Mais alors, quelle bouffée d'air frais ! Non pas que je sois un admirateur, un adorateur de l'Amérique, il s'en faut, mais je découvrais soudain un paysage nouveau et, il faut bien le dire, une indépendance matérielle assez totale. Tandis qu'auparavant, il fallait choisir entre un ticket de métro et un paquet de cigarettes ! Il va exercer outre atlantique une influence intellectuelle croissante de par son activité d’enseignant et de chercheur11, dirigeant le département des structures spatiales de 7 FRAPIER, Christel, Les ingénieurs-conseils dans l'architecture en France, 1945-1975 : réseaux et internationalisation du savoir technique, 2 t., thèse de doctorat de l’Université de Paris I, 2009. 8 CHEMETOV, Paul, préface à l’ouvrage de Marc Mimram, op. cit., np. 9 Dans sa thèse, Christel Frapier (op. cit., t. 1, p. 238-240) ne consacre que deux pages à l’activité de Le Ricolais aux USA. Visions and Paradox, une exposition organisée à « Penn » (Université de Pennsylvanie, Philadelphie) en 1996 par l’un de ses anciens étudiants, Peter McCleary, a montré un grand nombre des plus de 200 maquettes de structures réalisées dans l’atelier Le Ricolais, dont 80 figurent dans les archives le concernant à Penn, de même que 300 articles inédits : http://www.design.upenn.edu/architectural-archives/g-robert-lericolais-1894- 1977 Une copie de ces documents, ainsi que d’excellentes photographies des maquettes de l’atelier de Le Ricolais aux Etats-Unis, ont été donnés en France par Peter McCleary, en 1980. Ces documents sont contenus dans 5 cartons disponibles aujourd’hui aux Archives de l’architecture du XXe siècle (AA20), 069 IFA. 10 Le Carré Bleu, op. cit., p. 23. Propos recueillis par Gabriel Jardin, Marie-Thérèse Mathieu et Michel Ragon. 11 MOTRO, René, « Notes and Structures – A Tribute to Stéphane Du Château », IASS Symposium Beyond the Limits of Man, sept. 2013, Wroclaw (Pologne), p. 4. https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00867855 l’Université de Pennsylvanie, à Philadelphie, où il rencontre Louis Kahn. Les deux hommes entretiennent une longue et profonde amitié, l’un saluant de Kahn « l’attitude formalisante, celle d’un constructeur de mots préalablement à l’acte de bâtir, je dis formalisante et non formaliste », l’autre tenant les formes inventées par Le Ricolais comme « revêtant la beauté que donne le respect des lois physiques12 ». David Georges Emmerich, l’un de ses plus attentifs exégètes, exprime avec un peu de mélancolie et quelque imprécision l’absence de réalisations publiques de l’ingénieur : une seule, dit-il, « résulte de tous ses efforts : le marché couvert de Yaoundé (Cameroun), un hangar de 7 000 mètres carrés, bâti en 1947, qui est la première charpente en bois conçue comme une structure tridimensionnelle composée d’éléments de fabrication industrielle. Cette grande première sera en même temps la dernière structure réalisée grandeur nature par Le Ricolais. Il sera désormais un de ces grands architectes précurseurs de l’histoire, qui, selon leurs détracteurs, uploads/Ingenierie_Lourd/ gal-lericolais-hal-v2-pdf.pdf

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