Pierre Sauzeau André Sauzeau Le symbolisme des métaux et le mythe des races mét
Pierre Sauzeau André Sauzeau Le symbolisme des métaux et le mythe des races métalliques In: Revue de l'histoire des religions, tome 219 n°3, 2002. pp. 259-297. Résumé Le mythe des races métalliques n'a pas été « inventé » par Hésiode, qui a hérité d'une structure indo-européenne, dont la signification doit être recherchée dans le symbolisme des métaux. On s'intéressera tout particulièrement à l'or, qui signifie la proximité et le rayonnement des dieux, et à l'argent, dont le nom dérive souvent de la base *H2erg-, comme le nom d'Argos. Il ne se définit pas seulement comme inférieur à l'or, mais comporte une signification positive et correspond à la première fonction i-e. La grille symbolique des métaux est donc à comparer avec le système des couleurs et avec les séries colorées. Il apparaît dès lors que la signification ancienne des séries métalliques dont fait partie le mythe des races était quadrifonctionnel. On conclura par l'analyse des données comparatives qui confirme la théorie de la quatrième fonction. Abstract The symbolism of metals and the myth about the metallic races. The myth about the metallic races was not created by Hesiodus. He inherited an i.-e. structure, the meaning of which is to be sought in the symbolism of metals. We shall be especially interested in gold, which signifies the closeness and radiance of the divinities, and in silver, which name often derives from *"H2erg"-, as does the name of Argos. Even if less valuable than gold, silver includes a positive meaning corresponding with the first dumezilian function. The symbolic code of metals is to be compared with the colours systems and the coloured series. The ancient meaning of the metallic series, as the races myth itself, was quadrifunctional. The paper goes on with the analysis of comparative datas, which confirms the fourth function theory. Citer ce document / Cite this document : Sauzeau Pierre, Sauzeau André. Le symbolisme des métaux et le mythe des races métalliques. In: Revue de l'histoire des religions, tome 219 n°3, 2002. pp. 259-297. doi : 10.3406/rhr.2002.957 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_2002_num_219_3_957 PIERRE SAUZEAU Université Paul- Valéry - Montpellier III ANDRÉ SAUZEAU Le symbolisme des métaux et le mythe des races métalliques Le mythe des races métalliques n'a pas été « inventé » par Hésiode, qui a hérité d'une structure indo-européenne,- dont la signification . doit être : recherchée dans le symbolisme des métaux. On s'intéressera tout particuli èrement à .l'or; qui signifie la proximité et le rayonnement des dieux,' et à l'argent, . dont le: nom • dérive souvent de la. base t *H2erg-, . comme le nom d'Argos. Il ne se définit pas > seulement comme inférieur à l'or, mais com porte une signification positive et correspond à la première fonction i-e. La grille symbolique des métaux est donc à comparer avec le système des cou leurs : et avec les séries colorées. Il- apparaît dès lors i que • la signification > ancienne des séries r métalliques • don t fait ; partie le mythe des ; races était quadrifonctionnel: On conclura par. l'analyse des données comparatives qui1 confirme la théorie de la quatrième fonction. The symbolism of metals and the myth about the metallic races The myth about the metallic races .was not: created by Hesiodus: He inherited an = /. -e. structure, the meaning of which is to be sought in the symbolism of metals. : We shall be especially interested in ; gold, which signifies the closeness and: radiance of the divinities, and in silver, which name often derives from *H2erg-, as does the name of Argos. Even if less valuable than gold, silver includes a positive meaning corresponding with the first dumezilian function: The symbolic code of metals is to be compared : with the colours systems and the coloured series. The ancient meaning of the : metallic- series; as the races myth' itself, was quadrifunctional. The paper goes, on with the analysis of comparative datas, which confirms the fourth function - theory. Revue de l'histoire des religions. 219 - 3/2002. p. 259 à 297 Hésiode expose dans Les Travaux et les jours (v. 106-201) un mythe: fameux qui concerne l'origine de la race actuelle des « hommes péris sables ». Ceux-ci , furent créés par les dieux comme une race de fer, . après la disparition de quatre races ; précédentes, d'or, .. d'argent, de cuivre-bronze, de héros. Sur les cinq races, quatre sont ainsi « métalli ques ». J.-P. Vernant1, dans une étude justement célèbre, a donné une magistrale interprétation structurale du mythe hésiodique, inspirée par la théorie dumézilienne de la trifonctionnalité i.-e. Ш peut paraître imprudent ; de prétendre . retoucher une démonstration aussi claire, aussi profonde. Pourtant, la recherche n'abandonne pas le « mythe des races ». On s'attache à replacer le logos en question dans l'ensemble de l'œuvre, dans la crise idéologique qui accompagne la naissance de la Cité-état2. Quoi de plus légitime ? ' Cependant; sans pour autant renoncer à l'interprétation, la question à laquelle nous voudrions tenter de répondre ici — à contre-courant, il faut le reconnaître, de la plupart des chercheurs actuels - sera •> plutôt « historique » : le : mythe des races est-il : une invention grecque, ou même, comme l'ont soutenu E. Meyer3 et H. Lloyd- Jones* par le passé, 1. . Jean-Pierre : Vernant, « Le mythe ■ hésiodique • des races : essai d'analyse structurale », RHR,V 1960, p. 21-54 = Mythe et pensée de la Grèce antique, Paris, 19902 (lre éd. 1965), p. 19-47. Voir aussi la réponse à Jean Defradas (« Le mythe: hésiodique des , races : essai de mise au point», L'information littéraire, 4, 1965, p. 152-156) ; J.-P. Vernant, « Le mythe hésiodique des races : sur un essai de mise au point », RPh, 1966, p. 247-276 = J.-P/ Vernant, op. cit.; p. 48-85, et « Méthode structurale et mythe des races », in J. Brunschwig, C. Imbert et A. Roger, Histoire et Structure. À la mémoire de V. Goldschmidt, Paris, 1985, p. 43-60 = J.-P.- Ver nant, op. cit., p. 86-106. Cf. le compte rendu de K. Matthiessen, in Arktouros, Stud ies... В. M. W. Knox, Berlin, 1979. Critiques de J. Rudhardt, « Le mythe hésio dique des races et celui de Prométhee », in Id., Du mythe, de la religion grecque et de la compréhension d'autrui, Genève, 1981, p. 245-281 ; Bernard Sergent, Les trois fonctions indo-européennes en Grèce, I, Paris; 1998,' résume et complète les analyses de J.-P. Vernant. 2. La thèse de Jean-Claude Carrière, Les mythes et les notions morales dans les Travaux et les Jours, vol. I, 1987) complète la démonstration de J.-P. Vernant, en Г « l'historicisant » (p: 6). Voir les articles réunis par F. Biaise et al, Le métier du mythe : lectures d'Hésiode, Lille, . 1996. 3. Celui-ci pensait qu'Hésiode avait inventé tout sauf l'âge d'or (E. Meyer, Hesiods Erga und das Gedicht von den fu'nf Menschen-geschlechtern, Kleine Schrif- ten, II, p. 159 et s.). 4. Hugues Lloyd- Jones, The Justice of Zeus, University of California Press, . 1971, p. 34. Comment admettre l'idée de cet auteur qui (comme d'autres) refuse au logos des races le statut de mythe : « It is a highly individual invention, made LE SYMBOLISME DES MÉTAUX 261 et comme le soutient encore Alain Ballabriga5, une invention du poète Hésiode ? Ou bien - dans sa structure fondamentale - repose-t-il sur un mythe plus ancien, ou du moins sur une structure idéologique • héritée d'origine ■ i.-e.6 ? Et dans ; cette hypothèse, . peut-on i tenter de ; rendre compte de cette structure7 ?.. D'après J.-C. Carrière,- « il n'existe pas; il n'a jamais existé ďUrmy- thus des . races8 ». . Nous . n'entendons certes ; pas -. mettre • au jour un «modèle» indo-européen, reconstitué; du mythe hésiodique, mais> d'abord mettre . en - série, si l'on nous , passe l'expression, un - certain • nombre de séries ■ (mythiques , ou ? rituelles) organisées ■ selon ■ le . code métallique ; en ; rapprocher : certaines , séries non métalliques comparab les ; . puis en établir la structure fondamentale. . Enfin t décrire, voire expliquer s'il ; se peut, le jeu : des virtualités et des . transformations. L'interprétation • de * ces données - pourrait- être développée à l'infini : nous nous contenterons ici de l'analyse du code métallique et de ses principales implications. 1. LE MÉTAL Le code métallique suppose le concept de métal: L'histoire du mot grec fji-aXXov montre qu'à l'origine il a désigné la mine9, puis les pro duits extraits de celle-ci, qui ne sont * pas toujours , pour nous des to demonstrate a theory, which found few echoes in later, tradition »? Cette der nière affirmation est carrément' fausse. Moses Finley lui-même (Mythe, mémo ire, histoire, Paris, 1 9 8 1 2, p. 18) lui refuse le titre de mythe : « II est trop abstrait. » Cl/ Lévi-Strauss a suffisamment démontré l'extraordinaire complexité de la pensée mythique, appuyée sur une uploads/Ingenierie_Lourd/ le-symbolisme-des-metaux-mythe-races-metalliques.pdf
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- Publié le Apv 27, 2021
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