ARC-6021 - LA PENSÉE CONSTRUCTIVE EN ARCHITECTURE | Semestre A-14 TP1 ÉTUDE D’U
ARC-6021 - LA PENSÉE CONSTRUCTIVE EN ARCHITECTURE | Semestre A-14 TP1 ÉTUDE D’UNE PENSÉE CONSTRUCTIVE D’ARCHITECTE Par : Véronique Barras-Fugère Catherine D’Amboise Laurence St-Jean Sandrine Tremblay-Lemieux Peter Zumthor Kunsthaus of Bregenz (1997) ARC-6021 - LA PENSÉE CONSTRUCTIVE EN ARCHITECTURE | Semestre A-14 A. APPROCHE DE L’ARCHITECTE À LA CONCEPTION / À LA CONSTRUCTION À la recherche d’une architecture perdue Le souvenir est défini comme étant la survivance, dans la mémoire, d’une sensation, d’une impression, d’une idée ou d’un évènement pas- sés. (Larousse). Depuis l’enfance, l’homme vit l’expérience de l’archi- tecture, et ce, sans nécessairement y réfléchir. Cette spontanéité de la rencontre de l’environnement bâti peut resurgir sous forme de sou- venirs, d’odeurs, de textures, de sons ou de lumière. C’est dans la richesse de tous ces souvenirs d’atmosphères qui lui remontent à la mémoire que Peter Zumthor tire l’essence de ses projets. Il se questionne sur le fondement de ces images qui émergent, sur ce que l’architecture pouvait signifier au moment où elle a été sentie pour la première fois. Il voit en ces souffles de la mémoire un potentiel immense d’inspiration qui peut l’accompagner et l’aider à faire resurgir ces atmosphères gorgées dans le temps; si pures et idylliques soient- elles, et les associer à l’architecture qu’il recherche. En quête de l’atmosphère L’architecture de Peter Zumthor évoque immédiatement des notions d’atmosphère ou d’ambiance, un état d’âme de l’espace construit qui interagit avec l’homme. Pour lui, l’atmosphère relève de la dimension esthétique et lui attribue un rôle clé au sein de ses projets. En inter- rogeant la définition de la qualité architecturale, il arrive au constat qu’on ne peut ressentir cette qualité que si le bâtiment touche nos émotions. La première impression face à un bâtiment, la sensation qui est ressentie, l’émotion ou le rejet immédiat qui survient sont tous issus de l’atmosphère d’un lieu. L’ambiance du contexte agit alors sur notre perception émotionnelle; le tout nous touche. 1 L’atmosphère s’explore et se travaille, entre autres par le dessin d’ar- chitecture. Cet outil n’illustre pas seulement la représentation d’une idée, mais fait partie intégrante du travail de création qui trouve sa fina- lité dans l’objet construit. Zumthor accorde beaucoup d’importance aux esquisses qu’il développe jusqu’au moment délicat où l’expressivité du dessin fait doucement apparaitre une atmosphère. Le dessin, tout en cherchant à illustrer assez précisément le rayonnement de l’objet dans le lieu qui l’accueillera, permet l’apprentissage et la compréhension d’un univers qui n’est pas encore, mais qui lentement commence à exister. L’éclosion de l’atmosphère La part rationnelle et objective qui mène à la structure claire et logique d’un bâtiment, est non négligeable, et ce même si la finalité se veut un environnement sensible. Au processus de conception objectif vient se greffer une série d’interruptions d’idées plus subjectives et irréfléchies. La reconnaissance et l’acceptation de ces couches qui se superposent au projet intègrent la sensibilité personnelle du concepteur. Ces pré- cieux instants où remonte une image intérieure peuvent transformer et reformer tout le bâtiment en une fraction de seconde. Le processus tire sa richesse d’une interaction constante entre le sentiment et la raison. En fin de compte, c’est le sentiment qui aura le pouvoir de vali- der la justesse des réflexions abstraites qui auront surgi à l’esprit de l’architecte tout au long de sa démarche. L’essence de l’atmosphère L’acte de construire est au cœur même du travail architectural : « Là où des matériaux concrets sont assemblés et édifiés, l’architecture imaginée devient une part du monde réel. » (Zumthor, 2010 ; 11) Un matériau n’est pas lui-même intrinsèquement poétique, mais lorsqu’on lui associe un rapport de forme et de signification, il peut alors revê- tir des qualités poétiques. Un questionnement sur le sens d’un maté- riau quelconque dans un contexte architectural donné conduit à une signification propre du matériau lui-même. Sa signification devient alors perceptible d’une seule manière et seulement dans cet objet. Chaque point de contact, chaque joint, participe à la mise en œuvre pré- cise et sensuelle des matériaux. Zumthor qualifie la finalité de l’ensemble de l’œuvre par sa présence tranquille. L’idée est d’arriver à former un tout à partir de la diversité des composantes. « Les détails, lorsqu’ils savent nous combler, ne sont pas simples décorations. Ils ne nous distraient pas, ils ne nous divertissent pas, mais ils conduisent à la compréhen- sion du tout, à l’essence duquel ils appartiennent incontestablement. » (Zumthor, 2010 ; 15) Les détails se doivent d’exprimer l’idée fondatrice du projet à l’échelle rapprochée et de contribuer au tout de l’œuvre. Un bâtiment a la capacité de nous émouvoir par l’atmosphère qu’il dégage. Le senti qui en découle n’a rien à voir avec la recherche d’ori- ginalité ou de formes intéressantes. Il s’agit surtout de vérité. Zumthor parle beaucoup du fait que la beauté réside dans les choses à l’état na- turel et sans apprêt, qui sont non investies de signes ou de messages. L’architecture ne devrait pas provoquer les émotions, mais les laisser surgir naturellement. Celles-ci peuvent être induites par la réalité des matériaux, la réalité de la construction, la finesse de l’assemblage ou l’acceptation que le bâtiment vit et se modifie au fil du temps. « De tels souvenirs portent en eux les impressions ar- chitecturales les plus profondément enracinées que je connaisse. » (Zumthor, 2010 ; 8) « Concevoir un projet c’est en grande partie com- prendre et ordonner. Mais, je pense que c’est l’émo- tion et l’inspiration qui donnent naissance à la subs- tance fondatrice propre de l’architecture. » (Zumthor, 2010 ; 21) Les bains de Vals Chapelle Saint-Bénédict « […] le calme, l’évidence, la durée, la présence et l’in- tégrité, mais aussi la chaleur et la sensualité; être soi- même, être un bâtiment; non pas représenter quelque chose, mais être quelque chose. » (Zumthor, 2006 ; 29) ARC-6021 - LA PENSÉE CONSTRUCTIVE EN ARCHITECTURE | Semestre A-14 Le réceptacle de l’atmosphère Zumthor dessine les premiers plans et les premières coupes de ses projets selon la représentation de l’objet qui marque un lieu dans une infinité. Il s’efforce de voir les volumes qu’il ima- gine comme des points précis dans l’espace. Son intérêt se di- rige sur la façon dont le projet arrive à délimiter un espace inté- rieur à partir de l’infinité de l’espace qui l’entoure, ou à l’inverse comment il arrive à capturer l’infinité de l’espace à la manière d’un réceptacle. Un bâtiment dont on accepte le vieillissement et le pas- sage du temps se révèle dans son authenticité. Capable d’absorber les traces de la vie humaine, le bâtiment peut acquérir une certaine ri- chesse et susciter un bagage d’émotions. Les indices qui se dessinent et s’accumulent dans l’architecture nous font prendre conscience de l’écoulement du temps. Le fait de lire le vécu sur un bâtiment relève tout autant d’un plaisir visuel, d’un souvenir que d’une satisfaction in- tellectuelle. Peter Zumthor insiste sur l’importance de ressentir la vie humaine qui s’accomplit dans les lieux et dans les espaces qu’elle charge à sa manière. Une bonne architecture doit accueillir l’être hu- main, le laisser vivre et habiter sans tenter de le tromper. L’architecture entretient avec la vie une relation particulièrement physique. Paysages achevés L’architecte tente de doter ses projets de propriétés qui auront la capa- cité d’entrer en rapport de tension avec l’existant et qui auront le poten- 2 tiel de se lier au contexte du lieu. « La possibilité de concevoir des bâtiments qui pourront avec le temps faire ainsi corps avec la forme et avec l’histoire d’un lieu me passionne. » (Zumthor, 2010 ; 17) Il construit dans le paysage avec l’idée que les matériaux de construction doivent s’harmoniser avec l’historique du lieu. Pour lui, les matérialités de la construction et du site doivent se combiner et s’accorder, à l’image d’une mélodie harmonieuse, car autrement, le paysage n’accepterait pas le nouvel édifice. Les constructions devraient pouvoir vieillir dans le paysage avec beauté. Le son de l’espace Dans la quête de l’atmosphère d’un lieu, le son dans l’espace a son rôle à jouer. L’approche sensible de l’architecture appelle à ressentir la différence des sons. Comment percevoir le son, comment travailler avec lui, comment l’imaginer et le vivre. Selon Zumthor, chaque espace fonctionne comme un grand instrument qui rassemble les sons, les am- plifie et les retransmet. Son approche par rapport au son est d’imaginer le bâtiment à partir du silence. Parfois, beaucoup de choses doivent être faites ou pensées pour que les espaces deviennent calmes. Dans son processus de création, il s’imagine les sons que pourraient donner tels matériaux selon leurs proportions et leurs assemblages. Pour lui, la beauté du silence est associée à des notions telles que : La température de l’espace Chaque bâtiment a une température déterminée. Sachant que les ma- tériaux tirent plus ou moins de chaleur du corps, l’architecte, dans son processus de création, recherche la bonne tonalité pour le corps et l’esprit. Il cherche à tempérer aussi bien dans le sens littéral qu’abs- trait. Il s’intéresse à comment le bâtiment est ressenti; ce qui est vu, ce qui est senti ou ce qui uploads/Ingenierie_Lourd/ peter-zumthor.pdf
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- Publié le Sep 09, 2022
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