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Université de Tunis Faculté des Sciences Humaines et Sociales de Tunis Département de Français Projet de thèse de doctorat en langue et littérature françaises : Sujet : « Espaces et personnages dans les œuvres de Haruki Murakami et d'Amélie Nothomb » Elaboré par : Mme Amal Ben Ali Directrice de thèse : Mme Emna Beltaïef Année universitaire 2020-2021 Sommaire : 1- Présentation du sujet et du corpus………………………………………………….P.3 2- Problématique et choix de l’approche méthodologique……………………………P.6 3- Etat de la question…………………………………………………………………..P.7 4- Plan provisoire………………………………………………………………………P.8 5- Bibliographie provisoire…………………………………………………………….P.10 2 1- Présentation du sujet et du corpus : L’espace a toujours pris une place prépondérante dans la littérature surtout à partir du XVIIème siècle avec Don Quichotte de Cervantès à travers les errances multiples du personnage principal. Par la suite, la vision commune de l’espace a pris une autre dimension sous la plume des écrivains contemporains. En effet, ce n’est plus exactement le tableau d’un espace perçu comme un lieu d’apprentissage qui permet au protagoniste de se développer et de se construire. Ce n’est pas non plus une simple diptyque comme par exemple dans les romans réalistes où l’on retrouve généralement un narrateur tiraillé entre deux pôles comme la campagne qui inspire la pureté et le calme et la ville qui inspire tout ce qui est malsain et bruyant. Au XXe siècle, le lecteur a commencé à se retrouver immergé dans des espaces complexes ou rien n’est réellement acquis et qui semblent même se transformer selon les personnages et leurs psychologies. Dans cette recherche, nous allons tenter de développer l'infinité et les différentes dimensions que revêt l’espace dans les œuvres de Haruki Murakami et d'Amélie Nothomb tout en analysant la dualité qu’on retrouve chez leurs personnages, et ce dans la mesure où ces derniers sont soit impactés par l'espace soit c’est l’espace qui les transforme d’une façon ou d’une autre. Amélie Nothomb, écrivaine contemporaine prolifique d’origine belge, qui a toutefois passé son enfance au Japon, pays qui l’a fortement marqué, est célèbre pour la légèreté de sa plume et pour ses œuvres courtes mais toutefois originales et qui présentent des personnages attachants et différents. Nothomb est notamment connue pour ses œuvres autobiographiques où se mêlent réalité et fiction, ce qui fait qu’on devrait plutôt parler d’autofiction. Sujet que nous avons développé dans notre travail de mémoire : « Espace du Japon et écriture de soi dans deux œuvres d’Amélie Nothomb : Ni d’Eve ni d’Adam et Stupeur et tremblements. » L’espace est prépondérant dans les œuvres nothombiennes qui se présente des fois comme salvateur et d’autres comme étant emprisonnant et allant de paire avec les personnages. Quant à Haruki Murakami, écrivain japonais de romans, de nouvelles et d’essais, il est l’un des auteurs japonais contemporains les plus lus au monde. Il se distingue par son analyse psychologique de personnages qu’on apprend à connaitre doucement au fil de la lecture. Dans l’œuvre Murakamienne, c’est souvent un espace où c’est l’imaginaire qui règne et où la psychologie mutilée des personnages lui fait écho. Tout s'entremêle et le protagoniste se retrouve entre deux mondes parallèles essayant de démêler les fils en vue d’un retour à la 3 réalité progressivement défigurée comme c’est le cas principalement dans sa trilogie 1Q84. Dans Sommeil, Murakami tisse le portrait d’une femme qui peu à peu s’est éloignée de sa réalité monotone lorsqu’elle a commencé à perdre le sommeil jusqu'à ne plus réussir à dormir du tout. Le portrait que nous livre Murakami n’est pas simple, il est complètement en osmose avec l’espace qui l’entoure et vers lequel le personnage se dirige progressivement. Cette perspective de l’espace n’est pas uniquement axée sur un besoin d'évasion mais c’est plutôt un espace qui apparaît dans certaines circonstances relatives aux besoins des protagonistes. C’est un espace qui peut également être le résultat d’un besoin nostalgique très fort qui mène le personnage vers une quête dans l’espoir de retrouver le passé. Cette perspective est également évoquée dans les romans nothombiens comme c’est le cas par exemple dans Ni d’Eve ni d’Adam et dans La nostalgie heureuse, où la narratrice évoque le pays du soleil levant, un pays qu’elle aime et déteste à la fois : d’où la thématique de la dualité. Dans d’autres œuvres de Nothomb, on est mis en présence d’une autre facette de l’espace qui est écrasant comme dans Acide sulfurique et dans Les Catilinaires. On peut donc dire que l’espace chez Murakami tout comme chez Nothomb, est un espace atomisé et complexe : de nombreux éléments exercent sur l’espace une influence directe et indirecte, mais les personnages romanesques qui traversent les espaces, ont un effet singulier que l’on peut associer à la notion de dualité. Notre approche portera donc sur le rapport étroit entre l’espace et la psychologie des personnages : des fois l’on assiste à un rapport harmonieux entre les lieux et les être. D’autres fois, le cadre spatial s’oppose aux personnages. Aussi se demande- t-on à quel point l’espace peut être essentiel dans une œuvre. Chez Murakami comme chez Nothomb, l’espace est intriguant et les personnages s’y engouffrent souvent. Dans Danse, danse, danse de Murakami par exemple, le protagoniste se retrouve lié à un espace qui détermine tout ce qu'il entreprend, mais qui agit aussi sur ses états d'âme ou les personnages qui croisent son chemin. La réalité et le rêve s'entremêlent et le fil conducteur des personnages est un lieu, l'hôtel du Dauphin : “Tu es relié à ce lieu. Et ce lieu est relié à tout.” Passé, présent et futur s'entremêlent dans cet espace où tout recommence. C’est l'altérité des lieux qui est soulignée avec des personnages qui se cherchent dans des espaces double et parallèles. Chez les deux écrivains, l’espace semble complexe et infini. Il englobe une masse d'émotions, d'énergies et de sentiments. Il domine des fois les personnages au point de les écraser, décrit comme étant une force majeure. On peut penser à Acide sulfurique de Nothomb et encore une fois à 1Q84 de Murakami qui est probablement inspiré de 1984 de George Orwell, récit dans 4 lequel l’espace devient le noyau d’un régime totalitaire, dystopie où les personnages sont décrits comme étant les prisonniers d’un lieu maléfique et castrateur. On peut donc dire que l’espace est principalement décrit comme un cercle éternel qui prend plusieurs dimensions comme l’a démontré Jacques Derrida dans La Circoncision où tout semble se détacher tout en étant relié au centre qu’est l’espace en question. C’est pourquoi la corrélation Espace-personnages nous semble digne d’être approfondie et qu’aborder cette problématique chez nos deux écrivains peut se révéler utile à mieux comprendre leurs œuvres romanesques peuplées de personnages complexes menant à la fois une quête ontologique et une quête d’un temps perdu qui ne cesse de se défiler . 5 2- Problématique et approche méthodologique : Pour commencer, nous aimerons citer Alain-Robbe Grillet dans Pour un nouveau roman lorsqu’il écrit : « Un personnage, tout le monde sait ce que le mot signifie. » Mais, sait-on réellement toujours ce qu’est ou ce que représente un personnage dans la littérature contemporaine ? En effet, la question du personnage est centrale. Ainsi, Todorov dans Le dictionnaire encyclopédique des sciences du langage classe le personnage dans la sphère de la description. On comprend donc que la notion du personnage est problématique puisqu’au second degré on peut passer du personnage à la personne comme c’est le cas dans les œuvres à dimension autobiographiques, ce qui a été négligé dans la théorie descriptive élaborée par Todorov. Au XXème siècle, on assiste à la disparition du personnage « héros », ce personnage à qui tout réussit et qui est représentatif de certaines valeurs. Ce personnage laisse place à un autre : mutilé, incompris, voire perdu dans un monde qui ne lui convient pas et une société capitaliste qui manque d’authenticité. Selon Jean-Marie Schaeffer dans le Nouveau dictionnaire encyclopédique des sciences du langage « … le personnage représente fictivement une personne, en sorte que l'activité projective qui nous fait traiter le premier comme une personne est essentielle à la création et à la réception des récits.» Aussi, ce que nous chercherons à démontrer, c’est le rapport entre la littérature et l’imaginaire symbolique de la contemporanéité. En effet, dans les œuvres de Nothomb et de Murakami, le personnage est bien contemporain, c’est un personnage qui est proie à des doutes, des hésitations et à une impossibilité d’intégration au sein d’une société d’exploitation. Le personnage est sujet, c’est-à-dire qu’il n’est plus spectateur, bien au contraire. C’est ce qui fait, selon nous, que le personnage et l’espace sont en étroite relation chez les deux écrivains. Il est clair que notre approche méthodologique est comparative. Ce qui signifie que nous allons tenter de démontrer les similitudes comme les différences chez les deux auteurs dans leur vision romanesque de l’espace et des personnages. Une approche comparative sera en partie basée sur l’intertextualité et sur les aspects modernes de ces textes. Textes variés qui ne se limitent pas à un seul type de roman, puisqu’on y trouve une part de réalisme mais également des fois un côté uploads/Litterature/ espaces-et-personnages-dans-les-oeuvres-de-haruki-murakami-et-d-x27-amelie-nothomb.pdf
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- Publié le Dec 19, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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