12 Plusieurs façons de travailler les mouvements de la taille, selon l'avanceme
12 Plusieurs façons de travailler les mouvements de la taille, selon l'avancement de chacun Alix Helme-Guizon, à partir de discussions avec Céline Davière et Lionel Descamps, association KunLun, Angers. (1re partie) Les textes classiques du taijiquan insistent sur la mobilité de la « taille » Yao, qui correspond pour nous à la zone du bassin. « Pour atteindre l'objectif de l'agilité et de la légèreté, vous devez commencer par accorder de l'attention à la régulation de votre taille (Yao) et de vos aines (Kua) » ( Cité et traduit par Yang Jwing-Ming « La théo- rie du taijiquan » Budo éditions ) Pourtant, nos habitudes sont généralement tout autres, quand on démarre l'apprentissage du taijiquan. Il faut donc d'abord (re)découvrir que cette partie du corps est mobile, et la bouger, peu importe comment ! Au bout de quelques années, quand cette mobilité est bien acquise, alors on peut approfondir et recher- cher comment bouger finement le bassin, sans bouger les jambes. Ce qui est résumé ici en quelques phrases est, en fait, une longue exploration et chaque étape prend plu- sieurs années. À chacun selon son rythme, ne tentez pas de brûler les étapes, c'est contre-productif. Ce tra- vail de mouvement du bassin demande de la persévérance car le bassin est généralement une zone dont on est peu conscient(e) et qu'on mobilise difficilement. Il faut essayer encore et encore, chaque jour du- rant plusieurs années avant de réussir. Chaque essai renforce notre sensibilité et notre coordination. Donc chaque échec prépare la réussite, selon le proverbe Shadock « Plus on rate, plus ça réussit. » Mon intention est aussi de montrer pourquoi un enseignant donne nécessairement des instructions « fausses », car « ce qui est simple est faux ; ce qui ne l'est pas est inutilisable » dit Paul Valéry. L'ensei- gnant doit donc s'adapter à ce qui est possible à ce moment-là, pour celui qui écoute. On peut donc don- ner deux consignes de travail différentes à deux élèves du même cours. Laissez votre (vos) enseignant(s) vous guider et vous indiquer quand changer d'objectif de travail. 1 - Bouger le bassin, peu importe comment ! Pour commencer, il faut découvrir qu'on peut bouger son bassin, et peu importe par quel moyen on y arrive. On réalise alors de grands mouvements, créés par de fortes contractions des muscles superficiels. Notre forme ressemble alors peu à celle de nos enseignants, mais c'est une étape indispensable. Il ne faut pas tenter de copier la forme du corps de l'enseignant à ce stade. Commencer chaque mouvement par le déplacement du bassin crée une nouvelle représentation du corps, où la zone la plus importante n'est plus le torse et la tête, mais le bassin. Dans notre culture occidentale, le bassin n'est sou- vent qu'une zone pleine de viscères et d'organes sexuels, une zone plutôt « hon- teuse ». Peu à peu cela devient le centre de l'être, le Dan Tian, point de départ de tout mouvement. C'est un bouleversement dans la représentation de soi, et cela prend du temps. Construire un nouveau schéma corporel où le Dan tian in- férieur devient votre centre est l'étape la plus importante, et on y revient sans cesse. Il y a deux mouvements élémentaires du bassin, qu'il est plus simple de travailler l'un après l'autre. Le Yao -taille Dan Tian 13 Yangjia Michuan Taiji Quan Lian Hui premier, dans le plan vertical est le mouvement d'antéversion et rétroversion, le deuxième dans le plan ho- rizontal est le mouvement de rotation autour de l'axe vertical de la colonne vertébrale. Pour chaque type de travail, un exercice typique est décrit, avec les critères de réussite et son application dans la forme1. Beaucoup de ces exercices vous sont déjà familiers. 1.1 Mouvement dans le plan vertical, d'antéversion et de rétroversion2 1. But : la rétroversion du bassin crée la position d'enracinement, qui permet de bien lier le haut et le bas du corps. La rétroversion doit être légère, on dit que le coccyx (weilu) doit être vertical. 2. Consignes : pour créer une rétroversion, on diminue la cambrure lombaire, en déplaçant le bas du bassin vers l'avant et le haut du bassin vers l'arrière. Dans un premier temps, on cherche seulement à effectuer ce mouvement à volonté. En le faisant, on observe qu'il faut beaucoup contracter les muscles abdominaux (les abdominaux grands droits) et les fes- siers pour obtenir une rétroversion. On va rechercher alors, dans un deuxième temps, à obtenir le même mouvement non par contraction des abdominaux, mais par relâchement des muscles du dos. 1 - Par forme j'entends, forme à mains nues + forme avec armes + forme à deux 2 - Inspiré du travail de Marie-Christine Moutault 14 le tuishou, c'est un travail fondamental que celui d'apprendre à recevoir les poussées. 6. Temps d'apprentissage moyen : pour réussir la rétroversion du bassin par relâchement, il faut souvent au moins 2 ans de travail régulier. En effet, ce mouvement n'est possible que lorsque les mus- cles du dos sont suffisamment assouplis. C'est pour cela qu'on réalise des étirements répétés du dos, au début de l'échauffement. Ces étirements doivent être pratiqués longuement et avec soin, afin de ral- longer la musculature postérieure. Ce sont des exer- cices qui préparent ou entretiennent la possibilité de rétroversion par relâchement. 1.2 Rotation autour de la colonne vertébrale2 Le deuxième type de mouvement élémentaire du bassin est une rotation autour de l'axe central ver- tical, qui passe (à peu près) par la colonne verté- brale. On pratique ce travail lors de l'échauffement et lors des exercices de base de tuishou, seul ou à deux. Lors de ces exercices, la rotation est combi- née avec un mouvement vertical (de rétro et anté- version). 1. But : il s'agit d'apprendre à générer tous les mouvements de rotation à partir du bassin. 2. Consignes : commencer la rotation en tour- nant le bassin. Les épaules et les jambes ne font que suivre cette rotation du bassin. 3. Critère de réussite : il y a toujours un très léger retard du mouvement des bras et des pieds par rapport au mouvement du bassin, et il y a une sen- sation d'unité de tout le corps. « Quand une partie du corps bouge, tout le corps bouge » disent les Classiques du taijiquan. 4. Point à surveiller : quand le bassin tourne, le genou de la jambe d'appui va suivre le bassin et se tordre. Si le genou se tord, le pied d'appui se sou- lève sur son bord externe. On doit donc faire des rotations de très petite amplitude et toujours se forcer à pousser son genou d'appui dans le sens opposé à celui de la rotation, en gardant toute la surface du pied d'appui en contact avec le sol. Ce point est fondamental car on peut être amené(e) à arrêter la pratique à cause de douleurs aux ge- noux, ce qui serait dommage pour une « pratique de santé »! 5. Lien avec la pratique : le taijiquan repose en- tièrement sur des mouvements spiralés, qui sont des mouvements de rotation du bassin combinés à un 3. Critères de réussite de la rétroversion : . Au début, le critère de réussite à observer est la diminution de la cambrure lombaire (un Chinois dirait : « Ouvrir Ming Men, la porte de la vie », qui est au creux de cette cam- brure). On peut en prendre conscience en se plaçant contre un mur, une main entre le mur et le creux du dos. Le mouvement de rétro- version doit presser sur la main qui est contre le mur. Au cours des exercices d'échauffe- ment ou de tuishou à deux, on peut poser une main sur les lombaires et sentir s’il y a une diminution de la cambrure lombaire lors de l'enracinement. . Critères de réussite de la rétroversion par re- lâchement : on place une main sur le ventre et une sur le dos, et on essaie de sentir quels muscles se contractent et lesquels se relâ- chent lors de la rétroversion. On développe ainsi la sensation des muscles, et peu à peu on peut apprendre à les contrôler. Ni les ab- dominaux ni les fesses ne se contractent. . Critères de réussite de la rétroversion lors du travail à deux : par la rétroversion du bas- sin, toute poussée sur le haut du corps peut être absorbée et retransmise vers le bas du corps jusqu'aux pieds. On peut expérimenter cela par le travail à deux de tuishou, durant les exercices de base puis lors du tuishou libre. 4. Point à surveiller : à partir du moment où on réussit à faire un mouvement de rétroversion à vo- lonté, il faut veiller à ne pas exagérer ce mouve- ment. Le mouvement obtenu par contraction des abdominaux est de très grande amplitude, mais ce n'est pas cela que l'on recherche. Une rétroversion trop poussée bloque les autres articulations du bassin, et il y a perte de mobilité. On souhaite plu- tôt obtenir un très petit mouvement par uploads/Litterature/ hanche-1.pdf
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- Publié le Jul 11, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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