Chapitre 16 Cours Les mouvements littéraires et culturels 1 17 1 Les mouvements

Chapitre 16 Cours Les mouvements littéraires et culturels 1 17 1 Les mouvements littéraires et culturels L es mouvements littéraires permettent d’identifier les tendances artistiques propres à une époque. Ce sont des repères dans l’histoire des idées, des arts et de la littérature. Les points communs entre les œuvres appartenant à un même mouvement concernent aussi bien les idées que les choix esthétiques. Le plus souvent, on reconnaît un courant nouveau parce qu’il se définit contre celui qui l’a précédé. Plusieurs éléments d’analyse permettent d’identifier un mouvement artistique ou littéraire : Moyens d’identification Caractéristiques Exemples Le manifeste Texte théorique élaboré par des artistes (lettre, préface, ouvrage complet, etc). La théorie qui y est énoncée est mise en pratique dans les œuvres du mouvement. Joachim du Bellay, Défense et illustration de la langue française (1549) André Breton, Manifeste du surréalisme (1924) Apparition de formes nouvelles, transformation des modèles littéraires existants. Chaque mouvement met en œuvre des innovations formelles. la forme du sonnet pour les poètes de la Pléiade Domination d’un genre Certains mouvements littéraires choisissent un mode d’expression privilégié. le genre romanesque pour les naturalistes Documents retraçant la réception par les critiques et le public Témoignages de la vie du courant littéraire à travers des mémoires, des lettres, des articles de journaux. Louis Leroy, journaliste du Charivari, critique les œuvres d’art des artistes exposés chez Nadar en 1874, en les qualifiant d’ « impressionnistes » n L’appartenance d’un créateur à une tendance n’implique pas qu’il abdique toute originalité. L’œuvre d’un écrivain ne peut être réduite au produit d’un groupe. 1 L’humanisme A Qu’est-ce que l’humanisme ? n Le terme humanisme n’apparaît qu’au XVIIIe siècle et désigne alors la « philan­ thropie ». Son sens étymologique est synonyme de « bienveillant ». Il faut attendre le XIXe siècle pour que le mot désigne la doctrine de la Renaissance qui place au centre des préoccupations l’humain. L’humanisme correspond à une période de l’histoire de la pensée. ➜ 1. Les bouleversements historiques n L’humanisme est un mouvement européen. Il est issu du quattrocento italien (qui correspond à notre XV e siècle) et s’épanouit au XVIe siècle. Il est préparé par des évé­ nements historiques qui vont influer sur les modes de pensée. ➜ 2. Les hommes et les œuvres n Dans le domaine de la diffusion des idées, Jacques Amyot (auteur de Vie des Hommes illustres) et Guillaume Budé assurent la traduction des auteurs de l’Antiquité. Grâce à Luther et à Calvin, la Bible ne se lit plus seulement en latin, mais dans les langues européennes courantes. Les mouvements littéraires et culturels 1 1448 invention de l’imprimerie permet la diffusion des écrits 1453 prise de Constantinople permet l’accès aux textes de l’Antiquité 1492 découverte de l’Amérique par Christophe Colomb ouverture de nouveaux espaces 1473-1543 Copernic découvre que la terre tourne autour du soleil l’héliocentrisme supplante le géocentrisme : la terre n’est plus perçue comme le centre de l’univers 1483-1546 Luther lance la Réforme remise en cause du pouvoir de l’Église 1450 1440 1460 1470 1480 1490 1500 1510 1520 1530 1540 cours 18 Cours Les mouvements littéraires et culturels 1 19 n À l’étranger, Thomas More et Érasme sont unis par une grande complicité intel­ lectuelle, ils traduisent ensemble des textes. Érasme a ainsi dédié à Thomas More son ouvrage Éloge de la folie. n En France, Rabelais et Montaigne s’inspirent des œuvres de l’Antiquité, qu’ils admirent. Certains de leurs thèmes de réflexion sont communs : l’éducation, la guerre… Artiste et sa­ vant à la fois, Léonard de Vinci peut faire figure de modèle pour les intellectuels de l’époque. ➜ 3. Le groupe de la Pléiade n Cette « école » rassemble sept écrivains qui ont une même volonté d’innovation littéraire. Ce groupe adopta d’abord le nom de Brigade pour signifier qu’ils livraient un combat. Le mot Pléiade, choisi ensuite, fait référence à l’Antiquité : dans la mythologie, les Pléiades sont les sept filles d’Atlas, que Zeus a transformées en colombes pour les placer dans une constel­ lation ; sept poètes d’Alexandrie avaient pris le nom de Pléiade au IIIe siècle av. J.-C. n Ronsard, Du Bellay, Belleau, Jodelle sont les auteurs les plus célèbres de la Pléiade. En 1549, Du Bellay fait paraître le manifeste du mouvement : Défense et illustration de la langue française. D’une part, il s’agit de protéger la langue française (devenue langue nationale en 1539 après l’ordonnance de Villers-Cotterêts) et de l’enrichir (par des emprunts et des néologismes) ; d’autre part, il se réfère aux modèles de l’Antiquité, pour les imiter et rivaliser avec eux. n Les auteurs de la Pléiade innovent surtout dans le domaine de la poésie : ils imposent l’ode (poème inspiré de l’Antiquité), l’hymne (qui vante un héros ou une idée) et le sonnet (qui connaît le plus grand succès). Des tragédies et des comédies sont écrites en français. B Les thèmes privilégiés par l’humanisme ➜ 1. L’homme au centre de l’Univers n Pic de la Mirandole affirme ainsi la place de l’homme au centre du monde. Dans cette perspective optimiste, l’homme est vu comme un être perfectible, harmonieux, qu’il faut éduquer. L’importance du corps est réaffirmée. L’être humain est caractérisé par sa soif de connaissances. Les modèles d’éducation sont nombreux, privilégiant soit la quantité (Rabelais), soit la qualité (Montaigne). Cet homme idéal agit avec mesure dans le respect de Dieu. ➜ 2. L’importance de la réflexion, l’exercice du jugement n Les récits de voyage liés aux Grandes Découvertes ont entraîné la conscience du relativisme. Les humanistes, comme Montaigne, condamnent les conquêtes, l’intolé­ rance, l’arbitraire, et toute attitude fondée sur des préjugés. La réflexion personnelle permet souvent une prise de distance vis-à-vis des violences religieuses et du fanatisme de l’époque (guerres de religion, inquisition). ➜ 3. L’utopie n Le terme utopie vient du grec topos, qui signifie « lieu », et le préfixe u-renvoie à la fois au bonheur, à la perfection (eu-) et à nulle part (ou-). C’est donc un endroit parfait qui n’existe pas. n L’utopie présente une société sans défauts où l’homme pourrait s’épanouir. Les deux utopies humanistes les plus célèbres sont celle de Thomas More, écrivain anglais (qui nomme sa cité idéale Utopie) et celle de Rabelais (l’abbaye de Thélème = l’abbaye du bon vouloir). 2 Le baroque n À l’origine, le terme baroque est un mot portugais évoquant un rocher ou une perle de forme irrégulière. Puis, il apparaît en français en 1531 dans le domaine de la joaillerie. Au XVIIIe siècle, le mot acquiert un sens figuré, pour désigner ce qui est « irrégulier, bizarre », ou « choquant ». Par extension, on l’utilisera pour qualifier l’art du début du XVIIe siècle, apparaissant comme une forme décadente de l’art de la Renaissance. Le mot a une connotation péjorative et n’a été utilisé pour la littérature que tardivement, par similitude avec les Beaux-Arts. A Histoire et géographie du mouvement baroque n Le mouvement baroque naît dans les années 1570-1580 au moment de la Contre- Réforme, et s’achève avec la fin de la Fronde (1652). Le baroque se situe entre l’huma­ nisme et son foisonnement d’idées, et le classicisme et sa rigueur. n Le baroque se développe dans un contexte de crises. Crise religieuse Crise économique Crise intellectuelle Crise politique causes la Contre-Réforme s’oppose au protestantisme et à sa rigueur difficultés climatiques conflit entre les partisans de l’orthodoxie religieuse et les adeptes de la science conflit entre l’Angleterre et l’Espagne conséquences elle favorise un art ornemental pour séduire et convaincre famines et pénuries tensions intellectuelles, doute, scepticisme déroute de l’Invincible Armada (1588) cours 20 Cours Les mouvements littéraires et culturels 1 21 B Les thèmes baroques n Le baroque s’exprime surtout à travers l’architecture, la sculpture et la peinture. A priori, il apparaît plutôt comme un art « chargé » et tourmenté. On distingue tradi­ tionnellement un baroque « noir », qui exprime des tensions et des angoisses et un baroque « blanc », qui est plus joyeux, ornemental et exubérant. En littérature, certains motifs sont typiquement baroques. ➜ 1. La métamorphose n L’Illusion comique de Corneille (1636) est un bon exemple de pièce baroque. Parmi les personnages, on trouve un magicien et des comédiens. Une mise en abyme place spectateur et personnages devant la scène du monde. Le magicien est baroque par excellence, parce qu’il effectue des métamorphoses. L’idée selon laquelle le monde n’est qu’un théâtre illusoire exprimant les incertitudes de l’univers, est fondamentale dans l’art baroque : « Je tiens ce monde pour ce qu’il est : un théâtre où chacun doit jouer son rôle. » (William Shakespeare, Le Marchand de Venise, 1596). n La tragi-comédie est un genre nouveau : il s’adapte bien à une esthétique qui ap­ précie le mélange des genres. L’inconstance amoureuse est un thème privilégié car le baroque apprécie le mouvement (cf. la comédie de Corneille, Le Menteur, 1645). Les travestissements, qui montrent le goût du baroque pour l’illusion, sont nombreux : les pseudo-bergers et bergères des pastorales sont uniquement occupés d’amour (L’Astrée d’Honoré d’Urfé). Le déguisement permet de ressembler à un autre, de uploads/Litterature/ litterature-beur.pdf

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