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Ce document est extrait de la base de données textuelles Frantext réalisée par l'Institut National de la Langue Française (InaLF) Observations sur l'oxydation de quelques métaux [Document électronique] / L.- J. Gay-Lussac p32 L' on doit à M Proust d' avoir, le premier, reconnu que les métaux se combinent avec l' oxigène dans des proportions invariables, très-peu nombreuses : ses recherches l' ont même conduit à penser qu' il n' existe au plus, pour chaque métal, que deux oxides, qui, par leur mélange ou leur combinaison, produisent les autres oxides qu' on a cru appartenir au même métal ; mais cette opinion ne peut être soutenue aujourd' hui. La théorie des proportions multiples, établie par M Dalton, a jeté beaucoup de jour sur l' oxidation des métaux, et M Berzelius l' a appuyée par un si grand nombre d' expériences, qu' il semble se l' être appropriée. Ce savant chimiste a déterminé les proportions d' un grand nombre d' oxides avec plus de précision qu' on ne l' avait fait avant lui ; il a rejeté plusieurs de ceux qui étaient adoptés, et en a admis de nouveaux : il faut avouer cependant que ses recherches, quoique dirigées par une théorie qui peut être vraie, n' offrent point toujours le degré de certitude qu' on pourrait desirer. Il m' a semblé, au moins, que les divers degrés d' oxidation qu' il adopte pour le fer, le manganèse, l' étain et l' antimoine, peuvent donner lieu à des objections, et je crois qu' on est en droit d' en faire quand les faits allégués ne sont point de nature à entraîner la conviction. p33 Des oxides de fer. M Berzelius n' admet que deux oxides de fer ; le premier contenant 29, 5 d' oxigène, et le second 44, 25, sur Ioo de métal. / Annal De Ch, Tomlxxviii, P 228 /. Cependant il me paraît hors de doute qu' il existe un troisième oxide de fer intermédiaire entre les deux précédens. Le nombre 37, 8 que j' ai donné pour exprimer son degré d' oxidation / Annal, Tomlxxx, Pi 63 / n' est peut-être pas très-exact, et je suis d' autant plus porté à le croire, qu' il n' est pas en rapport simple avec les deux autres degrés d' oxidation du fer ; mais j' ai dû le rapporter tel que mes expériences me l' ont fourni. De nouvelles expériences, faites par M Despretz à ma prière, porteraient l' oxidation intermédiaire du fer à 38, O, au lieu de 37, 8 ; et pour démontrer que l' eau ne peut point oxider le fer au maximum , nous avons fait passer de la vapeur d' eau, pendant près de soixante heures, sur du fil de fer, à une température rouge, et l' oxide que nous avons obtenu n' avait acquis que 37, 8 d' oxigène pour Ioo de métal : il était d' un gris noir et fortement attirable à l' aimant. Ce résultat démontre évidemment l' existence d' un oxide intermédiaire, à moins qu' on ne veuille admettre qu' il est une combinaison des deux autres oxides, et que c' est leur p34 affinité réciproque qui s' oppose à une oxidation uniforme. Il est difficile d' admettre cette opinion, parce qu' elle n' est fondée ni sur aucune preuve directe, ni sur aucune analogie, et qu' elle cadre au plus avec la loi numérique que doivent suivre, suivant M Berzelius, les oxides d' un même métal. La nature présente en abondance des oxides magnétiques qui ne peuvent être rangés ni parmi les oxides de fer au minimum , ni parmi ceux qui sont au maximum , et il ne serait pas indifférent de connaître leur véritable nature. L' opinion dont je viens de parler ne me paraît pas cependant improbable ; je pense seulement qu' avant de l' admettre, il faudrait commencer par en donner des preuves non douteuses, et faire voir pourquoi un oxide intermédiaire serait tantôt un oxide distinct, tantôt une combinaison. Je sais, à la vérité, que lorsqu' on a dissous l' oxide de fer intermédiaire dans l' acide sulfurique, on peut le séparer en oxide au minimum et en oxide au maximum , soit par le moyen de l' alcool, soit par le moyen du carbonate de potasse ; mais ces faits ne sont pas suffisans pour infirmer son existence. Les acides ont une affinité plus grande pour les métaux peu oxidés que pour ceux qui le sont beaucoup, et cette cause seule suffit pour que l' oxide intermédiaire de fer se partage en deux autres oxides, l' un et l' autre solubles dans les acides. Je ferai voir d' ailleurs que le manganèse, auquel M Berzelius attribue cinq degrés d' oxidation, se comporte absolument de la même manière que le fer, et qu' il existe par conséquent trois métaux, le plomb, le fer et le manganèse, dont les oxides intermédiaires ont la propriété de se partager en d' autres oxides par l' action des acides. Mais avant de quitter le fer, je dois faire connaître p35 un résultat très-singulier que présente son oxidation par l' eau, et la réduction de ses oxides par le gaz hydrogène. On sait, depuis Priestley, que quoique le fer décompose l' eau, l' hydrogène réduit cependant complètement ses oxides. Les recherches d' Amédée Berthollet et d' Hassenfratz ne laissent aucun doute à cet égard ; mais pour expliquer ces deux faits aussi opposés l' un à l' autre, on a supposé que la réduction des oxides de fer par l' hydrogène n' avait lieu qu' à une haute température, et que l' eau n' était décomposée par le fer qu' à une température beaucoup plus basse ; je dis qu' on a supposé, car je ne connais aucune expérience faite dans le dessein d' expliquer cette anomalie. Témoin plusieurs fois de la basse température à laquelle l' hydrogène réduit les oxides de fer, j' ai conçu des doutes sur la supposition dont je viens de parler, et j' ai cherché à les résoudre par l' expérience. J' ai pris du fil de fer très-fin, et j' en ai formé un cylindre d' environ cinq centimètres de longueur, que j' ai placé dans un tube de porcelaine, à égale distance des parois du fourneau, qui avait trois décimètres de diamètre. J' ai pris cette précaution, afin que tout le fer fût sensiblement à la même température : à l' un des bouts du tube était adaptée une cornue remplie d' eau, et à l' autre un tube de verre recourbé plongeant dans un bain de ce liquide. Le feu a été gradué lentement, et porté jusqu' au rouge- blanc, au moyen d' un tuyau de tôle de un mètre de longueur, qui surmontait le fourneau. Le dégagement de l' hydrogène s' est manifesté avant la chaleur rouge, et il a été successivement en augmentant, à mesure que l' on élevait la température, jusqu' au dernier degré qu' il a été possible d' atteindre. Ce dégagement progressif p36 de l' hydrogène est le plus sensible au commencement de l' opération, parce que l' eau a d' autant moins de prise sur le fer , que l' oxidation est plus avancée. D' après les circonstances de cette expérience, il me semble qu' on ne peut se refuser à admettre que l' eau est décomposée par le fer depuis le rouge obscur jusqu' au rouge blanc, et en proportion croissante avec la température. Comme, entre ces limites de température, le gaz hydrogène réduit complètement les oxides de fer, il devenait certain que le fer décompose l' eau précisément au même degré de chaleur que ses oxides sont réduits par l' hydrogène ; néanmoins, pour ne laisser aucun doute à cet égard, j' ai cherché à réduire complètement l' oxide de fer obtenu dans l' expérience précédente , et j' ai commencé par substituer à la cornue qui fournissait la vapeur, un flacon à trois tubulures, contenant du zinc et de l' eau. L' une des tubulures portait un tube de welter à boule, pour verser l' acide dans le flacon ; la seconde communiquait avec l' un des bouts du tube de porcelaine, au moyen d' un ajutage portant un robinet ; et la troisième recevait un tube recourbé plongeant de un décimètre environ dans un bain d' eau, et par lequel le gaz hydrogène s' échappait dans l' atmosphère quand le robinet était fermé ; le gaz traversait, au contraire, le tube de porcelaine quand le robinet était ouvert, parce que le tube de verre A, adapté à l' autre bout du tube de porcelaine, ne plongeait dans l' eau que de deux centimètres. L' appareil étant supposé refroidi, on a fait passer de l' hydrogène dans le tube de porcelaine pour en chasser l' air atmosphérique, et l' on a fermé le robinet ; on a ensuite élevé graduellement la température, et l' on a remarqué p37 que l' eau a commencé à s' élever dans le tube A avant uploads/Philosophie/ observations-sur-l-x27-oxydation-de-quelques-metaux 1 .pdf

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