The Tija ¯niyya Brotherhood was created in the Algerian desert by Ahmad al- Tij
The Tija ¯niyya Brotherhood was created in the Algerian desert by Ahmad al- Tija ¯nı ¯ in 1781. While some researchers place emphasis on individual branches in West Africa, most have ignored analyzing this important movement through a transnational lens. This article examines the process of dissemination of the Tija ¯niyya, taking into consideration its historical conflicts of succession in North Africa after the death of the second Khalifa Ali Taması ¯nı ¯. It places particular emphasis on the struggle for succession during the French colonial period. First, it shows how the French administration exerted its authority over the masters and disciples of the Tija ¯niyya, always advocating for their candidate, who resides in Ayn Ma ¯dı ¯ (Algeria) or Fez (Morocco). Next, it analyzes how the North African tija ¯nı ¯ hierarchy and the French administrators succeeded in forming relations with other influential West African families, notably Senegalese ones, such as the Sy, Aidara, and Niasse families. Finally, I clarify how the French administrations utilized these networks to attempt to disseminate their policies through the Tija ¯niyya in sub-Saharan Africa. L a confrérie Tija ¯niyya a été fondée en 1781 par l’Algérien Ahmad al-Tija ¯nı ¯ (1737–1815). Avant sa mort, il avait nommé plusieurs muqqadam (i.e., des dignitaires religieux chargés d’initier et de diffuser les normes d’une confrérie donnée). Ces derniers le représenteront dans les territoires les plus reculés du Maghreb, de l’Arabie et de l’Afrique subsaharienne. Si, sans doute, 147 L’ADMINISTRATION FRANÇAISE DANS LES LUTTES DE POSITIONNEMENT AU SEIN DE LA TIJA -NIYYA NORD-AFRICAINE : SITUATION LOCALE ET RÉPERCUSSIONS SUR LES MARABOUTS SÉNÉGALAIS (1840–1956) El Hadji Samba Amadou Diallo El Hadji Samba Amadou Diallo is a Lecturer at Southern Illinois University-Edwardsville. His research interests include the expansion of the Tija ¯ niyya brotherhood and its networks in North and West Africa. © Michigan State University French Colonial History, Vol. 9, 2008, pp. 147–174 ISSN 1539-3402 la Tija ¯niyya est considérée comme l’une des plus grandes confréries du monde musulman, rappelons qu’elle domine aussi sur toutes les autres en Afrique de l’Ouest. La question de la naissance de la Tija ¯niyya a été étudiée par des spé- cialistes (historiens, islamologues, littéraires, etc.), depuis le précurseur Abun Nasr1 jusqu’aux dernières analyses de l’auteur.2 Imed Milliti a abordé dans une perspective sociologique, la fonction de socialisation de la confrérie dans la société tunisoise actuelle3 et le rôle prépondérant des femmes dans les processus rituels. D’autres auteurs se sont interrogés sur la question de la mystique et de la littérature, et ont joué un rôle de premier plan dans les études de la con- frérie, de ses ramifications notamment en Afrique subsaharienne. Il s’agit de Bousbina,4 précédé par les synthèses du même auteur,5 sur la théorie de la préexcellence de la Tija ¯niyya sur toutes les autres confréries, telle que le soutenait El Hadji Oumar Tall (c.1797–1864). Avant Bousbina, Robinson s’était penché sur le débat suscité par la jiha ¯d du marabout propagateur de la Tija ¯niyya, la plus connue de l’histoire de l’islam ouest-africain. Ailleurs et cette fois-ci, dans une démarche islamologique, Mbaye s’est peu étendu sur les origines, la doctrine et les critiques de la confrérie.6 C’est dans ce reg- istre doctrinal que nous mettrons le résumé de la mystique tija ¯nı ¯ de P . J. Ryan.7 Pour le moment, c’est à El Adnani que nous devons l’essentiel des études sur la fondation de la Tija ¯niyya,8 même si l’auteur ne s’étend pas, autre mesure, sur la période post-Ahmad al-Tija ¯nı ¯. Pour résumer, nous ren- verrons aux ouvrages fondamentaux dirigés par Robinson et Triaud,9 pour une étude plus approfondie de l’idéologie de la confrérie et de ses dif- férentes branches en Afrique subsaharienne. Au regard de ces divers écrits sur la Tija ¯niyya, plusieurs probléma- tiques se télescopent et s’interpénètrent, dont le but ultime est de combler un déficit historique : celui de la Tija ¯niyya dans la longue durée. Qu’est-ce qu’est devenue la Tija ¯niyya algéro-marocaine après la période étudiée par El Adnani (1781–1880) et par Bernady (1838–1911) ? Comment et dans quelle mesure la Tija ¯niyya s’est-elle alliée au pouvoir colonial français ? Par quels procédés politiques les administrateurs ont- ils contribué à l’élection du chef de la confrérie ? Comment les Français ont-ils pu mettre en relation les marabouts maghrébins favorables « à la cause coloniale », avec leurs muqqadam subsahariens ? Quel est le degré d’influence religieuse et politique des marabouts nord-africains sur leurs homologues noirs africains colonisés ? Dans une première partie, nous étudierons les problèmes de succession en Algérie et au Maroc, et dans 148 EL HADJI SAMBA AMADOU DIALLO une deuxième, nous aborderons la question des relations d’intermédiaires avec les marabouts en Afrique au sud du Sahara, en prenant l’exemple sénégalais. LA GESTION DE L’HÉRITAGE CONFRÉRIQUE APRÈS AHMAD AL-TIJA ¯Nı ¯ Peut-être oublions-nous trop à cet égard qu’en pays musulman et en parti- culier en matière de confréries religieuses, le « divide et impera » doit presque toujours être la règle. —Octave Depont, Les Tidjanis et leur rôle politique Vers une colonisation de la confrérie A la mort du fondateur de la confrérie, deux courants religieux et politique naîtront de son testament oral : la tradition confrérique inspirée par Ali al- Taması ¯nı ¯ (1766–1844), proche disciple d’Ahmad al-Tija ¯nı ¯ ; et la faction militaire incarnée par le fils du fondateur Muhammad al-Kabı ¯r (voir le dia- gramme de parenté ci-dessous). La direction de la confrérie revenait alter- nativement à ces deux familles, mais celle du fondateur étant la plus impliquée dans les luttes politiques. Ainsi, de 1827 à 1840 et même au- delà, l’Algérie fut le théâtre de plusieurs mouvements anti-colonialistes, auxquels avaient participé les chefs de la Rahmaniyya, de la Sanusiyya et de la Qa ¯diriyya avec le plus connu ‘Abd al-Qa ¯dir al-Jaz’irı ¯ dit Abdelkader l’Algérien (1808–1883). L ’entrée en politique de la Tija ¯niyya ne saurait se comprendre sans sa mise relation effective avec ces nombreuses confréries qui occupaient déjà l’espace social maghrébin. • • • Dans un manuscrit,10 écrit quelques années après les Confréries religieuses (1897), Octave Depont met en valeur un muqaddam tija ¯nı ¯ qui prêta allégeance au Lieutenant Colonel Marey-Monge. L ’auteur, de même que Clancy-Smith,11 passent sur le nom du chef Ahmad ben Salem (qui sem- ble être Muhammad al-Saghı ¯r). Pour Depont, ce muqaddam a beaucoup facilité l’installation des Français dans les territoires du sud, en ayant remporté une victoire sur les Awlad Arbi (Arba’a) à al-Hnay. Quelques temps avant sa mort, lorsque Henri d’Orléans (1822–1897), le Duc d’Aumale se dirigea vers Biskra (nord-est), Ali al-Taması ¯nı ¯ soutient les Français en tenant ce discours à ses disciples : LA TIJA ¯NIYYA NORD-AFRICAINE 149 C’est Dieu qui a donné aux Français l’Algérie et tous les pays qui en dépen- dent, c’est lui qui protège leur domination. Restez donc en paix et ne faites pas parler la poudre. Dieu vous a délivrés de nos oppresseurs qui ne con- naissent d’autres règles que la violence. Laissez faire aux autres ce qu’ils veulent car ils paraissent quoique, infidèles, avoir pris le chemin de la jus- tice et de la sagesse pour lequel, justifiera le bien de tous. Ce droit suit le droit, tout ce qui vient de Dieu doit être respecté.12 Naturellement, nous constatons ici, l’instauration progressive d’une tradi- tion d’accommodation par la reprise, à l’infini, des propos prêtés à Ali al- Taması ¯nı ¯. C’est dans le même courant de loyalisme qu’en 1852, un an avant la mort de Muhammad al-Saghı ¯r, que ce dernier appela ses fidèles à servir les Français. Il avait depuis longtemps exploité la puissance française pour mettre en place une hiérarchie religieuse reconnue par sa clientèle coloniale. Sa descendance suivra cette ligne de conduite pour boucler le projet colonial d’implantation chez les tribus guerrières des ter- ritoires désertiques du sud. Considérant que les garçons de Muhammad al-Saghı ¯r ne pouvaient prétendre à la succession dans la confrérie car étant très jeunes, les affaires politiques de la famille al-Tija ¯nı ¯ et même ses pro- pres enfants, seront confiés au chef (qa’id) Riyya ¯n ben al-Mushrı ¯ (1796–1881) qui sera l’homme de confiance de l’administration française. Elle le nommera caïd en 1865.13 En effet, al-Mushrı ¯ était selon Ahmad al-Tija ¯nı ¯, le domestique et le maçon de son père qu’il a « vêtu et nourri de son pain ». Il est nommé « agent » des Français, titre qui lui permit de dilapider les biens de la confrérie que son frère Si al-Bashı ¯r, trop jeune, n’était pas en mesure de contrôler. Depont dira qu’al-Mushrı ¯ « se jeta avec ardeur et sans discernement dans le monde de la politique »,14 et sera utilisé par les colons à chaque fois qu’ils auront besoin de ses « bons et loyaux services », et contre les gens d’Ayn Ma ¯dı ¯ qu’il était censé représenter. La rupture avec la tradition successorale entre les familles al-Tija ¯nı ¯ et al-Taması ¯nı ¯ La direction des affaires religieuses reviendra à uploads/Politique/ ladministration-frana-aise-dans-les-lutt.pdf
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- Publié le Mar 29, 2022
- Catégorie Politics / Politiq...
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