Sophia Mergiali-Falangas «Didascale» de l'Église : un titre et deux réalités In

Sophia Mergiali-Falangas «Didascale» de l'Église : un titre et deux réalités In: Revue des études byzantines, tome 52, 1994. pp. 175-185. Résumé REB 52 1994 France p. 175-185 Sophia Mergiali-Falangas, «Didascale » de l'Église : un titre et deux réalités. — Partant de quelques exemples caractéristiques de maîtres d'école connus à Constantino- pole, à Thessalonique et en Crète à l'époque des Paléologues, l'auteur signale la particularité de leur enseignement (instruction profane et dogmatique) et la ressemblance de leur cursus avec celui d'un «didascale» de l'Église. Si le rôle des didascales au sein de la hiérarchie enseignante de l'Église est difficile à cerner dans sa diversité, on constate pourtant, à travers ces exemples de maîtres de l'époque des Paléologues, que le ministère des didascales s'étendait dans certains cas au-delà de la stricte prédication et comportait une activité pédagogique et scolaire. Citer ce document / Cite this document : Mergiali-Falangas Sophia. «Didascale» de l'Église : un titre et deux réalités. In: Revue des études byzantines, tome 52, 1994. pp. 175-185. http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_1994_num_52_1_1890 «DIDASCALE» DE L'ÉGLISE : UN TITRE ET DEUX RÉALITÉS Sophia MERGIALI-FALANGAS Appréhender la diversité et l'étendue du rôle des didascales dans le cadre de la hiérarchie enseignante de l'Église nous est apparu néces saire étant donné l'ambiguïté quant aux fonctions réelles de la charge en question à travers les sources et notamment celles de la dernière phase de l'époque byzantine. D'autant plus que ce terme, appliqué principalement pour qualifier les personnes qui avaient comme attr ibutions la prédication et le contrôle des mœurs des fidèles (prédica teurs) l, recouvrait indirectement, semble-t-il, les activités des maîtres d'école2. 1. Cf. P. Gautier, L'édit d'Alexis Ier Comnène sur la réforme du clergé, BEB 31, 1973, p. 193227239. En fait, l'édit d'Alexis Ier visait à ranimer le corps des didascales, institution somnolente de l'époque des Apôtres et des Pères de l'Église. Sur les didas cales connus jusqu'au 12e siècle, voir Vasiliki Léontaritou, 'Εκκλησιαστικά αξιώματα και υπηρεσίες κατά την πρώιμη και μέση Βυζαντινή περίο8ο, Athènes 1993, § 30, ρ. 185-188. Sur l'enseignement théologique procuré par l'Église avant la réforme d'Alexis Ier Comnène, voir J. Meyendorff, Theological Education in the Patristic and Byzantine eras and its lessons for today, St. Vladimir's Theological Quarterly 31, 1987, p. 197-213 ; un spéc imen de l'enseignement dogmatique et spirituel procuré aux laïcs vers le milieu du 13e siècle nous est donné par une œuvre intitulée «Trésor»; à ce sujet, voir J. Munitiz, Religious instruction in the mid-xmth century : the evidence of an unpublished Greek Θησαυρός, Ades du XVe Congrès international d'Études byzantines. Athènes - Septembre 1976. IV, Histoire, Athènes 1980, p. 253-258. 2. La novelle d'Alexis Ier prévoit l'entrée dans le corps des didascales de laïcs qui ont fait preuve de διδασκαλικός λόγος (cf. L'édit d'Alexis Ier, p. 189185190 et p. 1952β3-2βδ), ce qui sous-entend par conséquent des activités d'enseignant de nature profane ; cf. à ce sujet J. Darrouzès, Becherches sur les Όφφίκια de l'Église byzantine, Paris 1970, p. 73 n. 3 : «La situation des didascales les plus bas varie donc du laïcat aux ordres mineurs; comme tous ne sont pas affectés au ministère pastoral, la novelle (se. d'Alexis Ier) touche indirectement le personnel des écoles». Une série d'études ont déjà été consa crées à l'existence de tels maîtres dans la capitale au cours du 11e et du 12e siècle, dont la nomination est souvent à la discrétion du patriarche et qui, sous le titre de παιδευτής ou μαίστωρ, dispensent un enseignement élémentaire ou secondaire, considéré comme préparatoire aux matières théologiques enseignées ensuite par les didascales du Psaut ier, de l'Apôtre et de l'Évangile ; à ce propos, voir P. Lemerle, Cinq éludes sur le Revue des Études Byzantines 52, 1994, p. 175-185. 176 SOPHIA MERGIALI-FALANGAS En fait, notre attention s'est particulièrement portée sur les didas- cales dont le ministère s'étendait au-delà de la stricte prédication de la parole sacrée et comportait une activité pédagogique et scolaire. Pourtant, la distinction des didascales en prédicateurs et maîtres d'école n'est généralement pas faite dans les sources, qui passent sous silence l'existence de la deuxième catégorie. A ce propos, le témoi gnage de Nicéphore Grégoras est à signaler : il concerne les didascales de l'Église des temps antérieurs et ne fait aucune allusion au caractère profane de l'enseignement qu'ils dispensaient. En fait, il les classe en deux catégories : d'une part, ceux qui étaient chargés d'enseigner dans différents lieux de Constantinople le Psautier, l'Apôtre et l'Évangile (exégètes) ; d'autre part, les clercs qui prêchaient la parole de Dieu périodiquement dans les familles ou dans les réunions publiques (prédicateurs)3. En d'autres termes, l'historien cite unique ment l'enseignement dispensé au sein de l'Église soit pour la forma tion théologique du futur clergé, soit pour la formation morale du peuple dans le cadre de la doctrine orthodoxe. Quant à l'historien du concile de Ferrare-Florence, Sylvestre Syro- poulos, faisant mention des didascales de l'Église qu'il connut pen dant sa jeunesse, il cite d'abord deux exemples bien connus de prédi cateurs, Joseph Bryennios et le futur patriarche Euthyme II, pour y ajouter un peu plus bas un troisième, Jean Chortasménos, qu'il veille à distinguer, semble-t-il, d'une manière particulière des deux autres en le comptant à la fois parmi «les savants et les grands didascales»4 ; il en résulte que la distinction entre les deux types de didascales (pré dicateurs et maîtres d'école) est établie dans la conscience collective des Byzantins et que, vu les significations diverses que le terme de didaskalos recouvre, d'autres substantifs sont employés parfois pour XIe siècle byzantin, Paris 1977, p. 227-235; R. Browning, Enlightenment and repres sion in Byzantium in the eleventh and twelfth centuries, Studies on Byzantine History, Literature and Education, Variorum Reprints, London 1977, ch. XV, p. 4; Darrouzès, Όφφίκια, p. 66-79; Β. Katsaros ('Ιωάννης Κασταμονίτης. Συμβολή στή μελέτη τοΰ βίου, τοϋ έργου και της εποχής του, Thessalonique 1988, ρ. 206-207) fait la distinction entre les deux types de didascales de l'Église, les identifiant dans certains cas à un maître d'école qui exerce à titre privé, sans dépendance de l'Église et sans statut particulier (cf. ibidem, p. 185). Il admet en même temps la difficulté de définir les charges exactes des didascales dans le cadre de l'Église. C'est également la conclusion de Éleuthéria Papa- gianni (Ta οικονομικά τοϋ έγγαμου κλήρου στο Βυζάντιο, Athènes 1986, ρ. 82 η. 17). 3. Nicéphore Grégoras, Historia Byzantina, p. 18420"24 et p. 1851"8. 4. Sylvestre Syropoulos, Les «Mémoires» du Grand Ecclësiarque de l'Église de Constantinople Sylvestre Syropoulos sur le concile de Florence (1438-1439), éd. V. Laurent, Paris 1971, p. 4482825 : Où μόνον δέ εκείνος, άλλα καί πάντες οι λόγιοι καΐ οί σοφοί έπήνουν αυτήν ώστε γενέσθαι και οί 8ι8άσκαλοι της 'Εκκλησίας ημών, έξ ών έφθασα και έγώ τόν πατριάρχην κϋρ Εύθύμιον, τόν 8ι8άσκαλον κϋρ 'Ιωσήφ ... ; p. 4502 : εΐδον δέ καΐ τόν Σηλυβρίας τόν Χορτασμένον, δς ήν τών λογίων και των μεγάλων 8ι8ασκάλων εις... «DIDASCALE» DE L'ÉGLISE 177 faire ressortir les différences5. Lorsque les textes en viennent à comparer prédicateurs et professeurs, ce n'est que pour mettre en évidence la supériorité et le grand mérite de l'enseignement procuré par les premiers face à celui des deuxièmes6. Bien que les sources ne le disent pas toujours clairement, certaines données nous permettent d'identifier un didascale de l'Église derrière l'activité d'un certain nombre de maîtres de l'enseignement primaire ou secondaire à l'époque des Paléologues. Ainsi, on peut identifier des itinéraires similaires chez la plupart de ces maîtres dont l'activité d'enseignant ne constitue pas un but en soi, mais précède soit leur entrée soit leur promotion dans la hiérarchie de l'Église. Mais, être didascale ne présuppose pas toujours un statut bien défini par rapport à l'Église, surtout au niveau de la nomination et de la rétribution, puisque l'activité des maîtres qui exercent à titre privé et sont rétr ibués par la famille de leurs élèves est également bien attestée. Enfin, il apparaît encore que les didascales ne visent pas μniquement à l'in struction profane de leurs élèves, mais aussi au développement de leurs qualités morales. Par conséquent, leur rôle est double : pédagogue et maître à la fois, un didascale aspire à donner à ses élèves un idéal éthique selon le dogme orthodoxe et un savoir de niveau rudimentaire ou encyclopédique en fonction de ses propres compétences7. 5. C'est le cas pour Joseph Bryennios, didascale de Γ Église-prédicateur, que l'histo rien Georges Sphrantzès appelle «le vrai maître»; cf. Chronicon, éd. Maisano, Rome 1990, p. 121921 : άπελθών εις τήν τοϋ Χαρσιανίτου μονήν, έν f) ήν και ό κατ' άλήθειαν διδάσκαλος κυρ 'Ιωσήφ ... 6. La lettre qu'un certain Sophonias adressa à Macaire Chrysoképhalos, métropolite de Philadelphie et didascale de l'Église-prédicateur, nous offre un exemple significatif dans ce sens (R. Walther, Ein Brief an Makarios, den Metropoliten von Philadelphia, JOB 22, 1973, p. 22924-26-30-32) : Διδασκάλους γαρ πάνυ θαυμαστούς ήμΐν αύχήσαι ό χρόνος δέδωκεν, άλλ' οΰπω και τήμερον τοιούτω κατά σε προαγωνιστη και υφηγητή των καλλίστων μαθημάτων ένετύχομεν ... Τους γαρ σους λόγους ουκ άλλο τι ή θείας φωνής ήγηνται και πάντας μέν τους άλλους άνθρωπικότερον uploads/Religion/ sophia-mergiali-falangas-didascale-de-l-x27-eglise-un-titre-et-deux-realites-revue-des-etudes-byzantines-tome-52-1994-pp-175-185.pdf

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  • Publié le Jui 02, 2021
  • Catégorie Religion
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