3e Conférence Francophone de MOdélisation et SIMulation «Conception, Analyse et
3e Conférence Francophone de MOdélisation et SIMulation «Conception, Analyse et Gestion des Systèmes Industriels» MOSIM’01 – du 25 au 27 avril 2001 - Troyes (France) MODELE DE PROCESSUS D’INNOVATION Frédéric TOMALA, Olivier SENECHAL, Christian TAHON Université de Valenciennes et du Hainaut Cambrésis – Laboratoire d’Automatique et de Mécanique Industrielles et Humaines (LAMIH) UMR CNRS n°8530 Équipe systèmes de production Le Mont Houy 59313 Valenciennes Cedex 9 France Tel : (+33)3-27-51-13-54 Fax : (+33)3-27-51-13-10 e- mail : ftomala@univ-valenciennes.fr RESUME : Les entreprises qui innovent rapidement et avec succès sont aujourd’hui celles qui ont acquis la maîtrise de leur processus d’innovation. Il devient alors nécessaire de proposer des modèles d’élaboration d’une innovation per- mettant de décrire, de comprendre puis de piloter l’innovation de façon optimale en tenant compte des spécificités re- latives à l’objet de l’innovation. Nous verrons en quoi une approche en terme de processus est pertinente pour décrire, comprendre puis piloter l’innovation. MOTS-CLES : Modèle, processus, processus d’innovation 1. INTRODUCTION L’objectif de cet article est d’étudier le mécanisme d’élaboration d’une innovation et d’en identifier les spécificités. Pour cela, nous précisons tout d’abord ce qu’est une innovation puis en quoi une approche en terme de pro- cessus est appropriée pour décrire, comprendre et piloter l’innovation. Après une définition du concept de proces- sus et une description des modèles de processus d’innovation existants, nous présentons le modèle que nous proposons. De nos jours, les entreprises compétitives sont celles qui transforment rapidement les nouvelles idées en nouveaux produits. Ceci entraîne une augmentation du nombre des innovations qui permet de répondre aux nouveaux be- soins des consommateurs, de proposer une gamme de choix de produits et de services plus importante, d’augmenter la qualité et la fiabilité des produits exis- tants, de réduire les coûts et d’augmenter les performan- ces des diverses fonctions de service qu’offrent les pro- duits…Innover est une solution à la situation de concur- rence soutenue en apportant aux entreprises des avanta- ges compétitifs, par rapport à leurs concurrents, en terme de coût, d’image, de valeur. La pérennité d’une entre- prise repose alors sur sa capacité à générer un flux cons- tant d’innovations (Xuereb, 1991). Mais innover, entraîne l’apparition de nouveaux problè- mes. Une innovation peut produire des effets en chaîne sur l’ensemble de l’entreprise : système de production, logistique, administration, flux d’information, services commerciaux, la comptabilité, les services financiers. Comment, dans ce contexte, maîtriser les changements ?, Comment sauvegarder le capital d’expérience et de sa- voir- faire accumulé par tous les acteurs de l’entreprise et qui constitue son atout majeur, son nouveau patri- moine ?. Le défi est important, il faut aujourd’hui imagi- ner une façon adaptée de gérer ce changement. L’enjeu est dans la maîtrise de cette pratique nouvelle, qui est aussi un nouveau mode de réflexion : le management de l’innovation. Il devient alors nécessaire de proposer des modèles de l’élaboration d’une innovation permettant ainsi de décrire, de comprendre puis de piloter l’innovation de façon optimale. Renaud propose d’ailleurs de mettre en œuvre une véritable « ingénierie de l ‘innovation » (Renaud et al ., 1999) tenant compte des spécificités relatives à l’objet de l’innovation. 2. QU’EST-CE QU’UNE INNOVATION ? Une innovation est une idée nouvelle qui se concrétise par la mise sur le marché d’un nouveau bien ou d’un nouveau service. A contrario, une invention, une nou- velle idée, un concept ou la découverte d’un produit ou d’un procédé, non commercialisé, ne sont pas des inno- vations. L’innovation est donc la transformation d’une idée ou d’une invention, qui n’émerge pas spontanément, mais résulte d’un processus complexe. Ce processus est cons- titué de nombreuses activités (recherche et développe- ment, marketing,…) réalisées grâce à de multiples moyens (groupe d’acteurs pluridisciplinaires, outils et méthodes d’analyse de conception, de simulation,…). 3. MODELISER POUR DECRIRE ET COMPRENDRE L’INNOVATION De nos jours, les systèmes - produits que nous fabri- quons, les organisations dans lesquelles nous vivons ont MOSIM’01 – du 25 au 27 avril 2001 - Troyes (France) atteint des niveaux de complexité très importants. En outre, nos possibilités d’action sont toujours limitées (rationalité limitée, délais, budgets,…). Il n’est donc possible de maîtriser ces systèmes qu’en les décompo- sant en sous-systèmes appréhendables, possédant des liaisons identifiables permettant une recomposition du système proche de la réalité. C’est l’objectif de la modé- lisation par processus qui constitue une aide conceptuelle et méthodologique, permettant d’obtenir des résultats plus satisfaisants que ceux obtenus par les méthodes classiques (analytique ou cartésienne) devenues insuffi- santes ou inadéquates pour l’étude de problèmes com- plexes. Or, en ce qui concerne l’innovation, l’approche fonctionnelle (habituellement utilisée) montre un certain nombre de limites théoriques et pratiques (Forest et al.,1997) telles que : - l’importance excessive accordée à la recherche, elle n’est en fait qu’un des multiples éléments permettant l’innovation ; - l’absence de rétroactions entre les fonctions ; - le caractère ‘boite noire’ du modèle fonctionnel, ne permettant pas une description interne. Conscients de telles limites, certains scientifiques traitant de l’innovation préconisent de décrire et de comprendre l’innovation comme un processus, rejoignant le point de vue de certains spécialistes du contrôle de gestion, qui affirment que l'analyse par processus permet de mieux maîtriser une gestion transversale de l'entreprise (ex: la gestion des projets, la gestion des commandes, etc.) (Bescos et al., 1995). De part ses capacités à modéliser les systèmes com- plexes de manière plus fiable, et à représenter l’évolution temporelle, une approche en terme de processus apparaît donc pertinente pour décrire et comprendre l’innovation. Afin d’utiliser les processus pour modéliser les étapes permettant de mettre une innovation sur le marché, il est nécessaire de définir plus précisément ce terme, les élé- ments importants le constituant et d’en connaître les caractéristiques. 4. LES PROCESSUS Différentes définitions du concept de processus apparais- sent dans la littérature technique, scientifique (dans le domaine de l’automatique ou de la gestion) (Bescos et Mendoza, 1994), (Lemoigne, 1994), (Lorino, 1995), (Vernadat, 1995), (Haurat et Théroude, 1999)…Nous n’en citerons que quelques- unes. Selon Lemoigne : ‘ Tout changement dans le temps de matière, d’énergie ou d’information est un processus’. Pour Vernadat, un pro- cessus est un ‘Ensemble partiellement ordonné d'activi- tés qui est activé par une condition de déclenchement provoqué par l'apparition d'événements’. Bescos précise quant à lui que ‘Un processus est un ensemble d'activités liées en vue d'atteindre un objectif commun. Ces définitions nous donnent les éléments à prendre en compte pour modéliser la structure et la dynamique d’un processus. : la notion de changement (passage d’un état initial à un état final), les activités assurant ces change- ments, les événements déclencheurs et les relations entre activités, le temps, la matière, l’énergie, les informations. Ces éléments seront précisés dans la suite de l’article. 5. LES PROCESSUS D’INNOVATION Pour R.G.Cooper (Cooper, 1979) un processus d’innovation « débute par une idée, développée par des activités techniques et marketing qui s’effectuent au sein de départements dans lesquels sont prises des décisions et entre lesquels circulent des informations ». Pour Jean- Marc Xuereb, c’est « l’ensemble des activités mises en œuvre pour transformer une idée de produit nouveau en une réalisation effective » (Xuereb, 1991). On peut re- gretter que dans la première définition, il soit fait abs- traction de la nécessaire pluridisciplinarité à mobiliser pour le développement d’idées et la prise de décisions (qui ne peut avoir toujours lieu au sein d’un département de l’entreprise ou au sein de l’entreprise elle-même). Dans la seconde définition, on considère l’idée de pro- duit nouveau comme une donnée, alors que l’une des principales difficultés rencontrées porte sur le passage de l’invention à l’innovation, et donc sur la génération de cette idée (de produit nouveau). En outre, ces définitions ne permettent pas d’appréhender la « dynamique » du processus, c’est à dire les règles d’occurrence des activités constitutives du processus, dont chacun des auteurs parle dans sa défini- tion. C’est sur ce point, et plus précisément sur le niveau de linéarité du processus, que la plupart des auteurs fon- dent leur modélisation. Le modèle de processus d’innovation le plus connu est le modèle linéaire et séquentiel, également appelé modèle du stage-gate system (Cooper, 1990). Celui-ci est issu de la théorie néo-classique et se fonde sur une hypothèse de non-interaction entre production et recherche. Il se pré- sente sous la forme d’une succession de phases de re- cherche, de développement, de production et de com- mercialisation. Entre ces phases sont intercalées des phases de prise de décision de forme dichotomique, c’est-à-dire : décision entre la continuation ou l’arrêt du processus d’innovation (à associer en management de projets au mode de pilotage en « stop or go » (Bobroff et al., 1993) ). Les conditions de déclenchement d’une phase opératoire sont d’une part la fin de la phase précé- dente et la décision de continuer, d’autre part. Dans ce modèle linéaire, les risques financiers sont supposés limités. De plus, les contrôles et le suivi de l’innovation sont relativement simplifiés. Le modèle linéaire ne per- met pas, par contre, la mise au point rapide des innova- tions car le processus est long (la durée du processus est égale à la uploads/Science et Technologie/ article-168.pdf
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- Publié le Mai 11, 2021
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