SociologieS Dossiers, Pragmatisme et sciences sociales : explorations, enquêtes

SociologieS Dossiers, Pragmatisme et sciences sociales : explorations, enquêtes, expérimentations ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Daniel Cefaï, Alexandra Bidet, Joan Stavo-Debauge, Roberto Frega, Antoine Hennion et Cédric Terzi Introduction du Dossier « Pragmatisme et sciences sociales : explorations, enquêtes, expérimentations » ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Avertissement Le contenu de ce site relève de la législation française sur la propriété intellectuelle et est la propriété exclusive de l'éditeur. Les œuvres figurant sur ce site peuvent être consultées et reproduites sur un support papier ou numérique sous réserve qu'elles soient strictement réservées à un usage soit personnel, soit scientifique ou pédagogique excluant toute exploitation commerciale. La reproduction devra obligatoirement mentionner l'éditeur, le nom de la revue, l'auteur et la référence du document. T oute autre reproduction est interdite sauf accord préalable de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Revues.org est un portail de revues en sciences humaines et sociales développé par le Cléo, Centre pour l'édition électronique ouverte (CNRS, EHESS, UP, UAPV). ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Référence électronique Daniel Cefaï, Alexandra Bidet, Joan Stavo-Debauge, Roberto Frega, Antoine Hennion et Cédric T erzi, « Introduction du Dossier « Pragmatisme et sciences sociales : explorations, enquêtes, expérimentations » », SociologieS [En ligne], Dossiers, Pragmatisme et sciences sociales : explorations, enquêtes, expérimentations, mis en ligne le 23 février 2015, consulté le 23 février 2015. URL : http://sociologies.revues.org/4915 Éditeur : Association internationales des sociologues de langue française (AISLF) http://sociologies.revues.org http://www.revues.org Document accessible en ligne sur : http://sociologies.revues.org/4915 Document généré automatiquement le 23 février 2015. Introduction du Dossier « Pragmatisme et sciences sociales : explorations, enquêtes, expé (...) 2 SociologieS Daniel Cefaï, Alexandra Bidet, Joan Stavo-Debauge, Roberto Frega, Antoine Hennion et Cédric Terzi Introduction du Dossier « Pragmatisme et sciences sociales : explorations, enquêtes, expérimentations » 1 Ce Dossier de SociologieS a pour finalité de donner un aperçu de la pluralité des réceptions du pragmatisme en sciences sociales dans le monde francophone 1. Elle s’inscrit dans la continuité d’un séminaire qui s’est tenu pendant l’année 2012-2013 à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS-Paris), coorganisé par Alexandra Bidet, Daniel Cefaï, Antoine Hennion, Roberto Frega, Joan Stavo-Debauge et Cédric Terzi 2. Ce séminaire s’est poursuivi en 2013-2014 par une coopération de Daniel Cefaï et Howard Becker autour du thème « Relire la sociologie de Chicago » 3 et reprend sous une forme élargie en 2014-15 avec le groupe de 2012, qu’ont rejoint Yves Cohen et Bénédicte Zimmermann 4. L’entreprise entre également en résonance avec la création récente, en 2014, d’une association d’études pragmatistes dans le monde francophone, Pragmata 5, qui fédère les chercheurs en sciences humaines et sociales, mais aussi dans d’autres domaines comme la philosophie morale et politique, l’épistémologie, les sciences formelles, les sciences de la nature, les sciences du langage, les sciences cognitives… Dans cette livraison, nous avons invité, au-delà du noyau du séminaire, un certain nombre de collègues francophones, connus pour leur intérêt pour le pragmatisme, à y participer : Mathieu Berger, Francis Chateauraynaud, Jean-François Côté, Louis Quéré et Joëlle Zask. Nous espérons ainsi donner un aperçu des apports foisonnants de cette transplantation et de cette acclimatation d’une philosophie nord-américaine dans les sciences sociales de langue française – en Belgique, en France, au Québec et en Suisse. 2 PragmatismeS, au pluriel. Il n’est en effet pas « un » pragmatisme, mais plusieurs, et ce dès la première période à laquelle nous nous référons plus spécifiquement (Ogien, 2014) 6. Le carré classique dessiné par Charles Sanders Peirce, William James, John Dewey et George Herbert Mead est celui qui a été retenu par l’histoire de la philosophie. Mais beaucoup d’auteurs importants en leur temps ont été en partie oubliés – Josiah Royce, James Hayden Tufts, James Rowland Angell, Alfred Henry Lloyd, Addison Moore, ou plus proches de nous par leurs préoccupations, Charles W. Morris et sa pragmatique linguistique et dans le domaine de la politique progressiste, Jane Addams, la cheville ouvrière de Hull House, Mary Parker Follett, qui a proposé une nouvelle théorie du pouvoir, de l’organisation et du management, Ella Flagg Young, qui coopérait avec Juon Dewey à la mise en place de la Laboratory School, ou Sidney Hook, marxiste hétérodoxe et infatigable défenseur de John Dewey dans les années 1920 et 1930. Pas question de faire dans ce Dossier un recensement de tous ces travaux ni l’exégèse de leur intérêt pour les sciences sociales. Le sens de la catégorie de « pragmatisme » s’est lui-même transformé au cours du temps et il suffit de discuter un moment avec des collègues pour percevoir la diversité de cette renaissance. Nous nous en tiendrons ici à l’exploration de différentes voies à travers lesquelles les auteurs pragmatistes continuent de nous interpeller. Ce Dossier de SociologieS présentera donc un certain nombre d’héritages et de réceptions – historiques, théoriques et empiriques – du pragmatisme et tentera de montrer quelques-unes des multiples voies d’exploration qui s’en inspirent aujourd’hui, au croisement de la sociologie, des sciences politiques, de l’anthropologie et de l’histoire. 3 Notre première tâche aura été d’en faire le point, de repérer un certain nombre d’interrogations, de choisir et de relire quelques textes, de comprendre comment tel ou tel auteur s’est emparé d’une idée particulière et l’a fait jouer dans son propre travail de recherche. Comment le pragmatisme nous travaille-t-il ? Qu’en retenons-nous ? En quoi le monde de ces œuvres nous parle-t-il encore ? Quels ont été les modalités et les enjeux de ces processus de réception, d’appropriation, d’interprétation et d’application ? Qu’est-ce qui a été dit et fait de ces textes, qu’est-ce qu’on leur a fait dire et qu’est-ce qu’ils ont permis de faire ? Mais aussi, en quoi Introduction du Dossier « Pragmatisme et sciences sociales : explorations, enquêtes, expé (...) 3 SociologieS une démarche pragmatiste, dont le sens reste à définir, s’éprouve-t-elle dans les façons de s’engager dans des enquêtes de sciences sociales ? En quoi la référence aux pragmatismes nous aide-t-elle à travailler ? Comment et pour quoi ces idées, qui datent pour certaines de plus d’un siècle, nous permettent-elles de décrire et d’analyser le monde contemporain ? Que nous disent-elles et de quoi nous rendent-elles capables ? S’engager dans l’enquête : en passant par Chicago… 4 À Chicago, au début du XX e siècle, la science sociale est entendue comme une science de la définition et de la résolution des problèmes sociaux – problem-defining et problem-solving, non pas au sens d’une ingénierie sociale, mais de la boucle réflexive à travers laquelle une société exerce une prise sur elle-même et sur son devenir (Cefaï & Terzi, 2012). La place centrale, pour les pragmatistes, de l’enquête empirique et de ses connexions avec les affaires publiques est à comprendre dans ce cadre-là. Nous sommes en amont de la figure du sociologue-expert, manipulant de grandes séries statistiques à l’échelle nationale et occupant une place de conseiller du gouvernement fédéral, qui se développera à partir des années 1920 aux États-Unis et s’affirmera dans la publication des Recent Social Trends in the United States et avec l’administration du New Deal. La figure de l’activiste progressiste qui pratique l’enquête sociale (social survey), qui est avant tout impliqué dans l’action civique et politique de son quartier et de sa ville et pallie les déficiences des pouvoirs publics, n’a pas encore disparu. Va ainsi s’imposer une figure intermédiaire du sociologue en voie de professionnalisation, concerné par et impliqué dans les affaires publiques de la zone métropolitaine de Chicago : un sociologue qui fréquente encore les social settlements et qui connaît les élites éclairées de la ville, qui œuvre surtout dans le cadre des services du plan urbain, des agences démographiques et met en place des dispositifs d’observation des relations raciales ou de régulation criminologique de la délinquance… Charles Henderson, William Isaac Thomas, Robert E. Park, Ernest Watson Burgess ou John Dewey, George Herbert Mead, Charles Merriam ou Clifford Shaw en sont de bons exemples. Premier point, donc, une certaine modalité de participation – via l’enquête collective et la promotion de dispositifs d’enquête collective – à la vie publique, dans une continuité avec les enquêtes ordinaires des acteurs – une continuité que John Dewey thématise dans la Logique (1993), dans le chapitre « L’enquête du sens commun et l’enquête scientifique » et dans le chapitre conclusif sur « L’enquête sociale ». 5 La science sociale à Chicago est donc avant tout, deuxième point, une science de l’enquête, selon des canons rigoureux, se substituant lentement aux social surveys – Robert E. Park évoque la sociologie comme un « mouvement » (au sens de mouvement social) dont la philosophie naturelle serait le pragmatisme. Cette enquête peut prendre de multiples formes : à l’encontre d’une image d’Épinal de l’école de Chicago, elle n’est pas « ethnographique » ni « qualitative » ou « interprétative »… Elle combine méthode statistique et étude de cas, recourt aussi bien à des hypothèses fortes, quantitatives et cartographiques – souvent pensées dans l’horizon de la démographie ou de l’écologie – qu’à des enquêtes sur les « identités », les « expériences » ou les « significations », souvent traitées comme relevant de la psychologie sociale uploads/Science et Technologie/ cefai-daniel-et-alli-intro-pragmatisme-et-sciences-sociales-pdf.pdf

  • 32
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager