In Situ Revue des patrimoines 31 | 2017 Patrimoines de la santé : essais de déf
In Situ Revue des patrimoines 31 | 2017 Patrimoines de la santé : essais de définition - enjeux de conservation Tuberculose et patrimoine : les établissements de Perharidy et du Laber à Roscoff (Finistère) Tuberculosis and heritage: the Perharidy and Laber establishments in Roscoff (Finistère) Christel Douard et Avec la collaboration de Valérie Guesnier Édition électronique URL : http://insitu.revues.org/14011 DOI : 10.4000/insitu.14011 ISSN : 1630-7305 Éditeur Ministère de la culture Référence électronique Christel Douard et Avec la collaboration de Valérie Guesnier, « Tuberculose et patrimoine : les établissements de Perharidy et du Laber à Roscoff (Finistère) », In Situ [En ligne], 31 | 2017, mis en ligne le 03 octobre 2017, consulté le 03 octobre 2017. URL : http://insitu.revues.org/14011 ; DOI : 10.4000/insitu.14011 Ce document a été généré automatiquement le 3 octobre 2017. In Situ Revues des patrimoines est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International. Tuberculose et patrimoine : les établissements de Perharidy et du Laber à Roscoff (Finistère) Tuberculosis and heritage: the Perharidy and Laber establishments in Roscoff (Finistère) Christel Douard et Avec la collaboration de Valérie Guesnier Introduction 1 Roscoff s’inscrit, depuis le troisième quart du XIXe siècle, au rang des territoires innovants en matière de recherche scientifique et de santé. Le laboratoire de biologie marine et les six établissements de santé qui s’implantent sur son littoral entre 1870 et 1930 acquièrent très tôt une renommée nationale et pour certains, internationale. Cependant, leur contribution notable à l’histoire des sciences et à la santé publique demeure aujourd’hui confidentielle en dehors de leurs propres réseaux professionnels. Les travaux de recherche historique et le recensement du patrimoine immobilier, mobilier et technique menés depuis 2010 par l’association HeSCO (Héritage scientifique et culturel Ouest) tendent à sensibiliser le public à la richesse de cette aventure scientifique et médicale qui a forgé l’identité du territoire. Les actions menées ont récemment permis la sauvegarde et l’amorce d’un programme de valorisation portant sur des éléments patrimoniaux majeurs situés dans les sanatoriums marins de Perharidy et du Laber. Soigner sur le littoral breton 2 Le terme de sanatorium est définitivement adopté en France après le congrès national de la tuberculose qui se tient à Paris en 1893, dix ans après la découverte du bacille responsable de cette maladie infectieuse par le médecin allemand Robert Koch. Les Tuberculose et patrimoine : les établissements de Perharidy et du Laber à Ros... In Situ, 31 | 2017 1 institutions thérapeutiques construites alors témoignent du dramatique problème de santé publique que représente ce fléau qui touche l’Europe entière. Pourtant, la France accuse quelque retard par rapport à d’autres pays comme l’Allemagne, la Suisse ou les États-Unis, à l’exception toutefois des établissements maritimes dont l’un des plus importants dans le traitement des enfants atteints de tuberculose osseuse est présenté ici, le sanatorium de Roscoff (fig. 1). Figure 1 Page de couverture de la brochure de présentation du sanatorium marin de Roscoff, 1917. Archives départementales du Finistère, Q4 BB 404. Repro. Douard, Christel. © Association HeSCO, Saint-Pol-de-Léon. 3 Les bienfaits, supposés ou réels, de séjours prolongés sur le littoral, au contact de l’eau de mer et du soleil, avaient été mis en avant dès 1752 par le médecin anglais Richard Russel et avaient inspiré les fondateurs de l’un des plus anciens hôpitaux maritimes civils, le Royal Sea Bathing Hospital à Margate (Kent), construit en 1791 et très tôt destiné au traitement d’enfants atteints de tuberculose1. 4 En 1905, le littoral français compte une quinzaine d’établissements appelés hôpitaux marins, hôpitaux maritimes, sanatoriums marins, sanatoriums maritimes ou encore sanatoriums héliomarins, tous spécialisés dans le traitement de la tuberculose, principalement osseuse. Il en existe alors deux en Bretagne : Pen Bron à La Turballe (Loire-Atlantique) et Perharidy à Roscoff, entièrement réservés aux enfants2. 5 Durant le premier quart du XXe siècle, la tuberculose est responsable d’un tiers de la mortalité totale dans le Finistère. Les écoliers du primaire, estimés à environ 100 000, sont particulièrement touchés. Or, avant 1914, seuls les pavillons d’isolement de l’hôpital maritime militaire de Brest et Perharidy dispensent des traitements adaptés3 (fig. 2). Tuberculose et patrimoine : les établissements de Perharidy et du Laber à Ros... In Situ, 31 | 2017 2 Figure 2 Le déjeuner en plein air. Carte postale, vers 1910. © Collection Anquet, Roscoff. 6 On tentera de retracer la genèse et l’évolution du sanatorium de Roscoff, aussi bien dans son environnement naturel qu’historique, avant de mettre l’accent sur les commanditaires, les architectes et les décorateurs intervenus activement durant plusieurs décennies. Roscoff la maritime 7 Avant de devenir un lieu de recherche scientifique et de thermalisme marin, Roscoff fut, dès le XVIe siècle, un port marchand actif ouvert sur l’Europe ; son commerce maritime florissant lui a apporté une richesse dont témoigne aujourd’hui encore son remarquable patrimoine religieux et civil. 8 À la fin du XIXe siècle, cet héritage historique attire les touristes séduits par la vieille ville et le pittoresque du front de mer pendant que les premiers patients commencent à fréquenter les établissements de santé. La liaison ferroviaire Paris-Roscoff établie en 1883 permet à cette clientèle, mais également à une communauté scientifique internationale d’accéder directement à son lieu de séjour. 9 Scientifiques et médecins découvrent, à la même époque, un site exceptionnel tant par sa biodiversité marine et la richesse de son champ d’algues que par la qualité de son climat particulièrement tempéré, tonique et stimulant. Ils fondent alors deux établissements devenus emblématiques de la recherche scientifique et de la santé, la station biologique et l’institut marin de Roc’h Roum. 10 Lieu voué à la science, la station biologique doit son existence et sa renommée à Henri de Lacaze-Duthiers, professeur de zoologie à la Sorbonne et membre de l’Académie des sciences. Il fonde le laboratoire en 1872, dix ans avant celui de Banyuls-sur-Mer (Pyrénées-Orientales) destiné, en Méditerranée, au même type de recherches ; comme à Tuberculose et patrimoine : les établissements de Perharidy et du Laber à Ros... In Situ, 31 | 2017 3 Roscoff, un grand sanatorium marin pour enfants y fonctionne dès 18834. Désireux de rendre à la science française son niveau d’excellence et d’élever la zoologie au rang des sciences expérimentales, Lacaze-Duthiers innove en privilégiant les études en milieu naturel. Les chercheurs du monde entier vont y trouver et y trouvent encore des conditions de travail idéales5. 11 L’institut marin de Roc’h Roum est créé en 1902 par le médecin Louis Bagot6, convaincu des bienfaits du microclimat local associé aux vertus thérapeutiques de l’eau de mer chauffée et des algues. En traitant les rhumatismes par hydrothérapie il pose, le premier, les bases de la thalassothérapie moderne. Il sera également le second médecin du sanatorium de Perharidy. 12 C’est dans cet environnement favorable à la recherche et à la santé que naît le sanatorium marin de Perharidy dont les liens avec l’institut marin sont particulièrement étroits dès l’origine des deux établissements (fig. 3). Figure 3 Vue aérienne actuelle de la presqu’île de Perharidy, depuis le nord. Au centre, l’établissement, à gauche, l’anse du Laber. © Fondation Ildys/Centre de Perharidy. Perharidy : un sanatorium héliomarin Une initiative privée exemplaire 13 Louise de Kergariou (1854-1915) avait épousé Charles-Marie de Kergariou, grand propriétaire terrien et député des Côtes-du-Nord. Sans descendance et animée de charité chrétienne, elle décide, après la mort de son mari en 1897, de consacrer sa fortune et son énergie à la création d’un établissement pour enfants atteints de tuberculose. Elle prospecte d’abord le littoral voisin du Trégor, notamment les environs de Saint-Michel- en-Grève, avant d’acquérir en 1900 une presqu’île inhabitée d’environ trois hectares Tuberculose et patrimoine : les établissements de Perharidy et du Laber à Ros... In Situ, 31 | 2017 4 située entre Roscoff et l’île de Batz, un bout de terre sablonneux, de faible hauteur et dépourvu de végétation7. Seule l’extrémité nord est occupée par un fort désaffecté qui avait été érigé en 1861 en tant que maillon de défense de la Manche. 14 Louis Bagot, médecin et directeur de l’institut marin, et Albert Calmette, célèbre bactériologiste, fondateur du premier dispensaire antituberculeux en France (Lille, 1901-1903), surtout connu pour sa mise au point du vaccin contre la tuberculose, s’expriment en faveur du choix du site. Ce dernier suit d’ailleurs durant trente ans l’évolution de l’établissement ; il se rend à plusieurs reprises à Roscoff et en 1928, il souligne son exemplarité au niveau national8. 15 La fondation est reconnue d’utilité publique dès 1902, un an après la sortie de terre – ou plutôt de sable – du premier bâtiment (fig. 4) pour lequel, en l’absence de voie d’accès, on fait transporter les matériaux de construction par la grève, à marée basse. La congrégation des Sœurs de la Charité de Saint-Vincent-de-Paul et celle des Sœurs de la Présentation assurent le fonctionnement de l’établissement jusqu’en 1932, avant de se consacrer exclusivement aux soins et à l’intendance. Figure 4 Le sanatorium marin de Roscoff en 1903. Carte postale. © Association HeSCO, Saint-Pol-de-Léon. 16 Le projet architectural, relativement ambitieux, ne sera uploads/Science et Technologie/ tuberculose-et-patrimoine-les-etablissements-de-perharidy-et-du-laber-a-roscoff-finistere.pdf
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- Publié le Aoû 17, 2021
- Catégorie Science & technolo...
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