Douleur et lumiere du monde tahar ben jelloun 1

CTAHAR BEN JELLOUN de l ? Académie Goncourt DOULEUR ET LUMIÈRE DU MONDE poèmes GALLIMARD CLA SOIF DU MAL CDans la nuit du au décembre à Imlil un village du Haut Atlas dans la province d ? Al Haouz proche de Marrakech deux touristes Maren Ueland une Norvégienne de ans et Louisa Vesterager Jespersen une Danoise de ans ont été égorgées par une bande de terroristes Elles campaient avant que l ? horreur absolue ne s ? abatte sur elles CIls sortent des ténèbres pour répandre l ? obscur dans les villes et les campagnes Ils quittent leurs grottes a ?amés assoi ?és nus et sales Ils attendent la tombée du soir pour que le crime sonne l ? heure Le glas des pierres brisant les os Pour que le sang qui coule ruisselle longtemps dans la terre brune Terre humble modeste et hospitalière Ils arrivent d ? un pays qui n ? existe sur aucune carte Avec un drapeau noir comme des pirates qui ne savent pas écrire Des noms et des mots en blanc sur cette noirceur Linceul sur les cendres sur les pierres sur les arbres qui perdent leur dignité Ils sortent d ? un livre qu ? ils se sont approprié sans avoir appris à lire Qu ? importe le savoir la science et le rire Ils ont des sabres et des clous dans les cheveux Des crottes de chiens sous les aisselles Leurs yeux entourés de kohol comme jadis faisait le Prophète CLa barbe est fournie lourde de scorpions de poux et de sang séché Ils ont traversé les siècles à pied répétant à l ? in ?ni la litanie du Mal La transe avec la panse pleine d ? argile et de cailloux Ils ne parlent pas et avancent sans se retourner Tuer ne leur su ?t pas Il faut égorger il faut trancher la tête à la chevelure de soie Il faut crever les yeux bleus et déchirer l ? ? me aussi blanche que le c ?ur Il faut que le sang chaud dégouline sur leurs mains très sales Tout le corps est parsemé des furoncles de la haine La haine chaude farouche grosse grasse lourde Elle pèse des tonnes et a tant accumulé de pierres Ils ont habité la haine comme d ? autres occupent une vieille cabane Ils sont habillés de haine un tissu fait de peau humaine Pour ne pas s ? étou ?er par cette haine fétide Ils viennent déchirer les corps dans leur sommeil Les animaux sauvages les craignent et les évitent Des hyènes des lions des loups des vipères quittent le pays Ils ont peur de ces hommes sortis de nulle part Brandissant un livre qu ? ils n ? ont pas lu Répétant des prières à l ? envers faisant fuir les chacals et les tigres CMais c ? est l ? homme humain qu ? ils visent Le bruit sec du sabre traversant la poitrine Le goût saum? tre du sang et de la

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