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Maurice blanchot la folie du commencement

Andrea Del Lungo Maurice Blanchot la folie du commencement In Cahiers de l'Association internationale des études francaises N pp - Citer ce document Cite this document Del Lungo Andrea Maurice Blanchot la folie du commencement In Cahiers de l'Association internationale des études francaises N pp - doi caief http www persee fr web revues home prescript article caief - num CNous publions ci-dessous le texte de l'article qui a mérité le Prix annuel de l'Association réservé à un jeune chercheur Le lauréat Andrea Del Lungo est italien Son article dont nous publions la version française avec l'aimable autorisation des édi teurs a paru pour la première fois sous le titre Maurice Blanchot la follia dell'inizio ? dans les Studi di letteratura francese XXII pp - N D L R MAURICE BLANCHOT LA FOLIE DU COMMENCEMENT Les Sirènes il semble bien qu'elles chantaient mais d'une manière qui ne satisfaisait pas qui laissait seulement entendre dans quelle direction s'ouvraient les vraies sources et le vrai bonheur du chant Toutefois par leurs chants imparfaits qui n'étaient qu'un chant encore à venir elles conduisaient le navigateur vers cet espace o? chanter com mencerait vraiment Énigmatique et inhumain séduisant et fatal le chant des Sirènes ne peut que représenter le symbole d'un piège e ?rayant celui de la parole romanesque maintes fois évo qué par Maurice Blanchot dans ses premières ré exions théoriques en ouverture du Livre à venir ce chant constitue la rencontre de l'imaginaire ? métaphore se référant moins à l'idée d'une parole errante et in ?nie qu'au récit même dans sa tension vers l'absence vers le Maurice Blanchot Le Livre à venir Paris Gallimard coll Folio Essais ? pour l'indication des pages p On peut voir par exemple Le roman ?uvre de mauvaise foi ? Les Temps modernes pp - et Le langage de la ?ction ? dans La Part du feu Paris Gallimard pp - C ANDREA DEL LUNGO lieu de disparition de la parole vers le vrai commence medn'ut ne insaisissable ?uvre à venir D'ailleurs l'idéal fantasmatique du Livre absolu et de toute évidence impossible ne peut qu'assigner au début un caractère de pure abstraction tel un point d'attrait d'une parole qui se situant dans un avant ? indé ?ni e ?ace l'origine et la re sponsabilité de tout acte inaugural Et pourtant si l'on revient à la parabole du chant des Sirènes il faudrait ré échir aussi sur la ruse formidable et symbolique d'Ulysse navigateur astucieux qui échappe à la séduction par une double feinte éminemment ?ctionnelle la sur dité étonnante de celui qui est sourd parce qu'il entend ? Tout en croyant donc à son mensonge ou mieux en faisant semblant d'y croire Ulysse impose le silence aux Sirènes et nous conduit dans la navigation du récit jouant ainsi le rôle même de l'écrivain ?? dont il est l'emblème Quand Ulysse devient Homère ? ?? par la détermination de l'origine d'une parole qui a ?rme son propre commencement C'est justement sur la base de cette contradiction inso luble