Alain mabanckou huit lecons sur l afrique

C CAVANT-PROPOS Tout avait commencé en par un courriel d ? Antoine Compagnon titulaire de la chaire de Littérature française et moderne au Collège de France Il m ? apprenait que mon nom revenait depuis un certain temps au sein du Collège qui souhaitait m ? attribuer la chaire annuelle de Création artistique une première pour un écrivain soulignait-il Des paramètres liés à l ? histoire littéraire du continent noir m ? incitaient à franchir le Rubicon En e ?et à l ? époque o? j ? étais encore étudiant à Paris chaque fois que je passais devant les b? timents du Collège de France je ne pouvais pas ne pas songer au Congrès des écrivains et artistes noirs qui se déroula juste à côté à la Sorbonne en Pour moi ce quartier du Ve arrondissement est toujours habité ? par la silhouette d ? Alioune Diop qui organisa ce Congrès après avoir fondé la revue Présence Africaine puis une maison d ? édition portant également le nom de Présence Africaine sise jusqu ? à ce jour au bis rue des Écoles donc à quelques centaines de mètres seulement du Collège Le Quartier latin était alors une véritable Afrique intellectuelle ? à Paris le lieu exact de naissance et de légitimation de ce qu ? on appelle désormais la pensée noire ? Léopold Sédar Senghor Aimé Césaire Bernard Dadié Cheikh Anta Diop Amadou Hamp? té B? Léon- Gontran Damas Jacques Rabemananjara et d ? autres précurseurs du courant de la Négritude fréquentaient la librairie et les éditions Présence Africaine de même que les intellectuels français et non des moindres qui soutenaient ce bouillonnement culturel du monde noir Théodore Monod André Gide Jean-Paul Sartre Georges Balandier Michel Leiris mais aussi des personnalités venues d ? autres espaces linguistiques et je pense à Pablo Picasso à Richard Wright à James Baldwin à Joséphine Baker etc Malgré cette e ?ervescence culturelle en plein c ?ur de Paris l ? Afrique demeurait absente au Collège de France Absente vraiment Pas tout à fait dans une certaine mesure car il y avait du temps de l ? Empire colonial français des chaires sur les pays du Sud ? ?? en réalité de l ? espace colonial Cfrançais à travers les quatre coins de la terre ?? mais ces études mettaient plutôt l ? accent sur l ? Afrique du Nord son histoire la sociologie musulmane Et pour couronner le tout elles étaient ?nancées non pas par l ? Éducation nationale française mais par les institutions coloniales La chaire des Études comparées des sociétés africaines occupée par l ? ethnologue et anthropologue Françoise Héritier dans les années était une réelle avancée au regard du charisme et de la réputation intellectuelle de sa titulaire Cet enseignement riche et passionné n ? avait pourtant pas créé au sein du système éducatif français l ? élan que nous espérions celui qui aurait bousculé les esprits et h? té l ? avènement des études africaines ? dans ce temple du

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