Boyer eloge de l x27 enthymeme
Alain Boyer Université Blaise Pascal Clermont-Ferrand CELA VA SANS LE DIRE ÉLOGE DE L'ENTHYMÈME Aucun dialogue ni aucune recherche ne prend la forme de suites de syllogismes complets opposés les uns aux autres comme des bataillons d'armées d'Ancien Régime Qu'ils soient justi ?catifs ou purement critiques les arguments sont rarement présentés in ordine et in extenso le locuteur présuppose tout un ensemble de propositions dont il considère plus ou moins sciemment qu'elles sont évidentes et au mieux notoirement connues comme telles Common Knowledge On appelle enthymème un raisonnement dont certaine s prémisse s voire la conclusion ne sont pas explicitées mais dont la validité doit pouvoir être exhibée si l'on ajoute les énoncés manquants et présupposés On se propose ici d'esquisser les traits généraux d'une théorie enthymématique de l'argumentation susceptible de relier les aspects logique et rhétorique de cette activité spéci ?quement humaine Dans une première partie on rappellera certaines données historiques sans prétendre pour autant résoudre la petite énigme que constitue le glissement sémantique qu'a subi le terme à'enthymème Dans une seconde partie on tentera d'illustrer la fécondité de la technique enthymématique ? pour aider à l'intelligence de certaines procédures argumentatives en particulier en philosophie En ?n on risquera une conjecture à savoir que des arguments caractérisés d'habitude comme non déductifs peuvent être interprétés comme des enthymèmes en particulier dans le cas des inductions et des analogie La reprise réglée du thème de l'implicite et la levée de la contrainte de certitude quant aux prémisses permettent d'assouplir certaines divisions tranchées entre logique et argumentation HERMÈS V CAlain Boyer Du vraisemblable à l'implicite Aristote parle de l'enthymème surtout dans sa Rhétorique Il le dé ?nit comme un syllogisme probable ? caractéristique de cette discipline partie politique ? de la dialectique consacrée à l'usage des arguments au sein des tribunaux et des assemblées en vue non de démontrer mais de persuader Le nom d'enthymème est réservé à des déductions tirées de vraisemblances et d'indices ? Le recours à l'indice ou au signe para? t être propre à la rhétorique puisque le syllogisme dialectique est dé ?ni comme une déduction dont les prémisses sont seulement probables ? ou vraisemblables Mais Aristote d'a ?rmer que les prémisses d'un enthymème peuvent n'être pas énoncées Si elles sont connues l'auditeur les supplée Var exemple pour conclure que Dorieus a reçu une couronne comme prix de sa victoire il su ?t de dire il a été vainqueur à Olympie inutile d'ajouter à Olympie le vainqueur reçoit une couronne cest un fait connu de tout le monde ? Ce passage semble être à l'origine de l'évolution sémantique qui conduira le terme enthymème ? à signi ?er purement et simplement syllogisme incomplet ? au rebours de la lettre péripatéticienne Il ne semble pas en e ?et qu'Aristote utilise sciemment deux dé ?nitions puisqu'il a ?rme que les maximes gnôma? peuvent devenir des enthymèmes si on leur adjoint la cause le pourquoi ? Cependant le texte de la Rhétorique ne laisse pas d'être quelque peu ambigu en particulier lorsqu'Aristote
Documents similaires
-
29
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Aucune attribution requise- Détails
- Publié le Mai 06, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
- Langue French
- Taille du fichier 105.5kB