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Girard la violence et le sacre

DU M f ME AUTEUR Mensonge romantique et verite romanesque Bernard Grasset LA VIOLENCE ET LE SACRE CRENE GIRARD LA VIOLENCE ET LE SACRE BERNARD GRASSET PARIS CA Paul Thoulouze Tous droits de traduction de reproduction et d'adaptation reserves pour tous pays y compris l'U R S S ? tduions Bernard Grassel CLa Fondation Guggenheim et l'Universite de New York a Bu ?alo Faculty of Arts and Letters ant accorde l'une la bourse l'autre le temps libre qui ant facilite Ia redaction du present ouvrage L'auteur les remercie Sa reconnaissance va egalement a taus ses amis a Eugenio Donato principalement eta Josue Harari dont Ia collaboration quotidienne et les nombreuses suggestions sont partout presentes dans les pages qui suivent CI LE SACRIFICE Dans de nombreux rituels le sacri ?ce se presente de deux fa ons opposees tantOt comme une chose tres sainte ? dont on ne saurait s'abstenir sans negligence grave tantOt au contraire comme une espece de crime qu'on ne saurait commettre sans s'exposer a des risques egalement tres graves Pour rendre compte de ce double aspect legitime et illegitime public et presque furtif du sacri ?ce rituel Hubert et Mauss dans leur Essai sur la nature et la fonction du sacri ?ce invoquent le caractere sacre de la victime II est criminel de tuer la victime parce qu'elle est sacree mais la victime ne serait pas sacree si on ne la tuait pas II y a la un cercle qui recevra un peu plus tard et qui conserve de nos jours le nom sonore d'ambivalence Si convaincant et meme impressionnant que nous paraisse encore ce terme apres l'etonnant abus qu'en a fait le xx siecle il est peut- etre temps de reconnaitre qu'aucune lumiere propre n'emane de lui qu'il ne constitue pas une veritable explication II ne fait que designer un probleme qui attend encore sa resolution Si le sacri ?ce apparait comme violence criminelle il n'y a guere de violence en retour qui ne puisse se decrire en termes de sacri ?ce dans la tragedie grecque Par exemple On nous dira que le poete jette un voile Poetique sur des realites plutot sordides Indubitablelllent mais le sacri ?d'e et le meurtre ne se preteraient Extrait de l' Annee sociologique C LA VIOLENCE ET LE SACRE pas a ce jeu de substitutions reciproques s'ils n'etaient pas appa rentes II y a la un f tit si evident qu'il parait un peu ndicule mais qu'il n'est pas inutile de souligner car les evidences premieres dans le domaine du sacri- ?ce ne pesent d'aucun poids Une fois qu'on a decide d e faire du sacri ?ce une institution essentiellement ? smon meme purement ? symbolique on peut dire a peu pres n'importe quai Le sujet se prete merveilleuse- ment a un certain type de re exion irreelle II y a un mystere du sacri ?ce Les pietes de l'huma- nisme classique endorment notre curiosite mais la fre- quentation des auteurs anciens la reveille Le mystere aujourd'hui demeure aussi impenetrable que