1 ECOLE NATIONALE D’ADMINISTRATION PENITENTIAIRE COURS DE REDACTION ADMINISTRAT
1 ECOLE NATIONALE D’ADMINISTRATION PENITENTIAIRE COURS DE REDACTION ADMINISTRATIVE Enseignement dispensé par Mr ANANGA ZE Vincent de Paul, Magistrat en service au Parquet Général près la Cour d’Appel du Sud-Ouest à Buea INTRODUCTION GENERALE Pour construire une maison, un barrage, une centrale nucléaire, il faut des connaissances, une technique particulière, des matériaux très divers, mais surtout, l'habileté de spécialistes qui savent utiliser et agencer cette technique et ces matériaux. Il en va de même pour communiquer d'une manière efficace. L’Administration publique, par laquelle l’Etat agit comme outils de cohésion de la société toute entière dispose, d’un mode de communication à travers lequel elle prépare, informe, prévoit et exécute les décisions. C’est la rédaction administrative. Par elle, et grâce aux prérogatives de puissance publiques dont l’Etat jouit, l’Administration est comme le souligne Robert CATHERINE, « un être en soi qui domine les créatures dans le temps même où elle a pour mission de les servir ; mais un être en fait inséparable des hommes et des femmes qui le constituent, parlent et écrivent en son nom » ; et pérennisent l’existence de l’Etat par les documents qu’ils produisent. Le rédacteur, tout agent public ou commis de l’Etat, de la plus haute échelle à la plus basse, doit savoir comment réunir des données, comment les classer dans un plan et comment rédiger un texte d'une manière logique, claire, concise et correcte pouvant refléter le style de l’Administration qui reste marqué de particularismes. En conséquence, si elle veut être pleinement efficace, une Administration ou un organisme ne peut se contenter d'avoir des collaborateurs qui possèdent certaines spécialisations techniques; il doit de toute nécessité s'assurer que ceux-ci savent communiquer, qu’ils savent correspondre. Très souvent, une note, une directive, une offre de service, un 2 rapport manqueront leur but parce que le rédacteur n'est pas parvenu à faire valoir ses idées et ses propositions, n'a pas réussi à accrocher son destinataire et à garder le contact avec lui, ne s'est pas rendu lisible, accessible, persuasif. Ces faiblesses peuvent même compromettre le succès de projets d'une grande valeur technique. Ainsi, à compétence technique égale, un employé réussira mieux et rendra de meilleurs services à son Administration s'il sait assurer de bonnes communications écrites avec ses collègues, ses supérieurs, ses subordonnés et les autres services étatiques. Il existe plusieurs types de correspondances suivant les moyens utilisés et selon les secteurs dans lesquels on se trouve. La correspondance est écrite et présente une grande diversité, qu’elle soit administrative ou privée. C’est que chaque entité sociale a son vocabulaire et son genre. Celui- ci est constitué par des subtilités, des formules que l’usage a consacrées. Aussi la présentation des documents de l’Administration judiciaire diffèrent- elles de celle de l’Armée. De la même manière, l’on n’écrit pas à un membre de sa famille comme on le fait à sa hiérarchie. Rédiger et correspondre est donc un art, une technique dans laquelle transparaît la personnalité de chaque individu. Or, si l’Etat emploie des milliers d’agents publics en son sein, il court le risque de se retrouver avec une pléthore de styles rédactionnels dans son Administration. On conçoit dès lors aisément qu'il soit important, dans le souci d’une harmonie rédactionnelle des documents et correspondances administratifs (Titre II), que tous les agents publics s’imprègnent du style et des spécificités dont est empreinte la rédaction administrative (Titre I). 3 PREMIERE PARTIE: LES PRINCIPES GENERAUX DE REDACTION ADMINISTRATIVE Communiquer est en effet un art difficile. Que le message soit transmis à son destinataire ne signifie pas nécessairement qu'il sera lu et compris par celui-ci. L'évolution que nous avons connue depuis quelques années sur le plan des idées et sur le plan de la langue s'est accompagnée de certaines prises de conscience qui aboutissent à un développement considérable de l'esprit critique. Le lecteur, qui est très souvent saturé d'informations, qui voit les notes, les rapports, les articles s'empiler sur son bureau, devient de plus en plus exigeant quant au fond et à la forme des textes qui lui sont présentés. D'autre part, pour n'être pas chose aisée, la communication n'en est pas moins essentielle. De nos jours, le besoin de communiquer se manifeste de façon croissante. L'autorité ne s'imposant pas d'elle-même, il est nécessaire de prendre une décision en faisant recours à la communication. Et pour la faire exécuter, il faut la rédiger d'une façon claire, l'expliquer et la justifier. Et l’Etat procède généralement par la communication écrite suivant l’adage commun « l’Administration n’est pas verbale, elle est écrite ». Cette rédaction administrative obéit à des règles particulières liées aux spécificités de l’activité de l’Administration qui n’en demeure pas moins une activité de l’homme. Le travail administratif qui est pour l’essentiel écrit exige ainsi des commis d’Etat, à tous les échelons, un effort soutenu de rédaction, processus d’extériorisation de sa pensée lui permettant de se projeter vers son destinataire avec qui il entend correspondre, c'est-à-dire entrer en contact avec lui par des moyens appropriés. Aussi, en entrant en contact avec son destinataire, le rédacteur résout l’équation du triple questionnement « qu’est que j’écris ?» (Chapitre 1) et « comment je l’écris ? » (Chapitre 3), ou encore « quel vocabulaire utiliser ?» (Chapitre 2). 4 Chapitre 1 : LES CARACTERES DU STYLE ADMINISTRATIF L’Administration publique est souvent considérée comme toutes les autres personnes. Son style obéit alors aux mêmes critères que le style de toute personne (section 1). Toutefois, la spécificité de son être et de son activité, et donc ses prérogatives justifient l’émergence d’un style administratif revêtu de critères empreints de particularismes (section 2). Section 1 : Les caractères généraux de tout style rédactionnel Cinq qualités caractérisent tout style de rédaction. Ainsi, qu’il soit administratif, juridique, économique ou littéraire, le style doit faire montre de clarté (§ 1), de précision (§2), de concision (§ 3), de rigueur (§4) et de simplicité (§ 5). § 1- La clarté « Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement […]», disait BOILEAU ; et RIVAROL d’en rajouter : « ce qui n’est pas clair n’est pas français ». On dit d’un style qu’il est clair lorsqu’il est facilement intelligible, c'est- à-dire lorsqu’on comprend sans trop d’efforts, sans recherches inutiles et dès la première lecture, la signification des phrases d’un texte. Rédiger correctement c’est choisir un langage qui sera le mieux compris de son destinataire. Cela suppose un langage non pas familier, mais adapté et conforme aux règles grammaticales souvent oubliées. Il ne faut surtout pas perdre de vue que lorsqu’on rédige l’objectif est de livrer un message, de communiquer des informations, de poser un problème ou d’en résoudre un. Autrement dit pour être compris de notre lecteur, nous ne devons utiliser que le vocabulaire connu de lui. § 2- La précision Le mot précision dérive de l’adjectif précis qui qualifie ce qui ne donne lieu à aucune incertitude, aucune ambiguïté. C’est ce qui procède avec 5 exactitude. La précision consiste ainsi à donner à chaque mot de la phrase sa valeur et sa place : « the right word at the right place ». Au cours de la rédaction, il est donc nécessaire en toute circonstance d’utiliser le mot juste, l’expression la mieux appropriée. Pour obtenir la précision, il faut éviter des formules vagues dans l’expression des idées et des faits. Comme écrivait LA BRUYERE « Parmi toutes les expressions qui peuvent rendre une seule de nos pensées, il n’y en a qu’une qui soit la bonne. On ne la rencontre pas toujours en parlant ou en écrivant, il est vrai néanmoins qu’elle existe ». §3- La concision L’adjectif concis qualifie ce qui exprime beaucoup de choses en peu de mots. La concision dans la rédaction consiste à retrancher du texte toute superfluité pour n’en garder que ce qui est nécessaire à la compréhension correcte et sans ambigüité de votre pensée. Elle est synonyme de la litote, figure rhétorique consistant à dire peu pour faire entendre plus ou à dire beaucoup en peu de mots. § 4- La rigueur Elle est synonyme de sévérité, austérité, de dureté ou d’âpreté et consiste à dire uniquement ce qui est nécessaire. Elle se réfère ainsi au raisonnement, qui doit rester et demeurer dans la rédaction d’une grande exactitude ou d’une grande fermeté dans la démarche logique. § 5- La simplicité Elle est le critère de ce qui est facile à comprendre, à exécuter. Un style est dit simple lorsqu’il est naturel et de bon goût. La simplicité se démarque de la familiarité ou de la vulgarité. Ce qui veut dire que le rédacteur n’écrit pas comme il parle, mais il cherche plutôt à traduire sa 6 pensée le plus naturellement possible tout en évitant la recherche prétentieuse. Pour obtenir la simplicité, le rédacteur devra se méfier de l’emploi des images et éviter : - la périphrase qui est un procédé de style consistant à dire en plus de mots ce qui peut s’exprimer en un seul ; - l’emphase qui est une exagération provoquée soit dans le ton, soit dans les termes employés. Elle consiste à exagérer l’expression d’une idée par l’importance uploads/s1/ cour-de-redaction-administrative.pdf
Documents similaires










-
31
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Aoû 24, 2021
- Catégorie Administration
- Langue French
- Taille du fichier 0.3371MB