Christian PUREN Séminaire « La didactique des langues-cultures comme domaine de

Christian PUREN Séminaire « La didactique des langues-cultures comme domaine de recherche » http://www.christianpuren.com Bibliothèque de travail document 008 Dossier n° 2 – Annexe 5 TABLEAU DES OPPOSITIONS MÉTHODOLOGIQUES FONDAMENTALES MÉTHODE PRINCIPE MÉTHODE PRINCIPE 1. transmissive L’enseignant considère l’apprentissage comme une réception par l’apprenant des connaissances qu’il lui transmet : il lui de- mande surtout d’être attentif. active L’enseignant considère l’apprentissage comme la construction par l’élève lui-même de son propre savoir, que son enseignement peut aider et guider ; il lui demande surtout de participer. 2. indirecte La langue maternelle des élèves est un moyen de travail en langue étrangère : on a recours à la langue maternelle comme langue de travail en classe, et à la traduction comme outil de compréhension et d’exercisation. directe La langue étrangère est à la fois l’objectif et le moyen : la classe de langue étrangère se fait en langue étrangère. 3. analytique L’enseignant va ou fait aller les apprenants des composantes à l’ensemble ou du simple au complexe : par exemple de la compréhen- sion des mots à celle de la phrase, de celle de chaque phrase à celle du texte, ou encore de l’entraînement de chaque règle isolément à leur mise en œuvre simultanée dans des productions orales ou écrites. synthétique L’enseignant va ou fait aller les apprenants de l’ensemble aux composantes ou du com- plexe au simple : par exemple de la compré- hension globale d’un texte à sa compréhen- sion détaillée, de la mémorisation de dialo- gues à des variations sur ces dialogues, de l’utilisation de formules « toutes faites » à la maîtrise de leurs composantes isolées. 4. déductive En grammaire, l’enseignant va ou fait aller les apprenants « des règles aux exemples », en s’appuyant sur leur capacité à relier ra- tionnellement des exemples nouveaux aux régularités, classifications ou règles déjà connues. En lexique, l’enseignant demande par ex. aux élèves de rectifier leur compréhension d’une phrase en leur donnant la signification en contexte du mot clé qu’elle contient. inductive En grammaire, l’enseignant va ou fait aller les apprenants « des exemples aux règles », en s’appuyant sur leur capacité à remonter intuitivement d’exemples donnés aux régula- rités, organisations ou règles jusqu’alors inconnues. En lexique, l’enseignant demande par ex. aux élèves de « deviner » le sens des mots inconnus à partir du contexte (travail en « inférence lexicale ». 5. séma- siologique L’enseignant va ou fait aller les apprenants des formes linguistiques vers le sens : en compréhension, on part des formes connues pour découvrir le message ; en expression, on produit un message de manière à réutili- ser certaines formes. onoma- siologique L’enseignant va ou fait aller les apprenants du sens vers les formes linguistiques : en compréhension, on part des hypothèses sur le sens pour les valider ou invalider par l’analyse des formes ; en expression, on a recours à certaines formes en fonction de besoins d’expression préalablement repérés. 6. conceptualisa- trice L’enseignant fait appel à l’intelligence de l’apprenant en le faisant “ conceptualiser ” (i.e. appréhender rationnellement) les formes linguistiques au moyen de régularités, classi- fications et règles. répétitive L’enseignant met en place des dispositifs (extensifs et intensifs) de réapparition et reproduction des mêmes formes linguistiques pour créer des habitudes, des mécanismes ou des réflexes chez les apprenants. 7. applicatrice La production langagière se fait en référence explicite à des régularités, classifications ou règles que l’on se représente consciemment. imitative La production langagière se fait par repro- duction de modèles (linguistiques ou de transformation linguistique) donnés. 8. compréhen- sive L’enseignant s’appuie sur la compréhension (écrite ou orale). expressive L’enseignant s’appuie sur l’expression (écrite ou orale). 9. écrite L’enseignant s’appuie sur l’écrit (en com- préhension ou en expression). orale L’enseignant s’appuie sur l’oral (en compré- hension ou en expression). Remarque 1 : Dans ce tableau n’apparaît pas une méthode pourtant très utilisée en classe, parce qu’elle n’a pas de méthode oppo- sée (d’où son utilisation intensive…) : la “ méthode interrogative ” (schéma question du professeur / réponses des élèves / réactions du professeur). Remarque 2 : Ces méthodes peuvent être utilisées soit combinées entre elles (ex. : à la première lecture d’un texte, chercher dans un dictionnaire la traduction en L1 d’un mot inconnu = méthodes analytique et indirecte), doit articulées entre elles (ex. : une phase de réflexion grammaticale – méthode inductive – est généralement suivie d’exercices d’application (méthodes réflexive, déductive, applicatrice, orale) et/ou d’exercices structuraux (méthodes répétitive, imitative et orale) Remarque 3 : Il a pu y avoir, au cours de l’histoire, des méthodologies qui ont privilégié globalement les méthodes de gauche au détriment des méthodes de droite, et vice versa, mais on peut parfaitement concevoir des stratégies d’enseignement qui fassent appel à la fois aux unes et aux autres. L’éclectisme actuel en didactique des langues tend d’ailleurs à articuler des stratégies opposées dans des dispositifs complexes. PUREN Christian, « Méthodes et constructions méthodologiques dans l’enseignement et l’apprentissage des langues », Les Langues modernes n° 1, 2000, pp. 62-70 uploads/s3/ 008-oppositions-methodes-tableau-annexe5-d1.pdf

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