Anamorphose Une anamorphose est une déformation réversible d'une image à l'aide

Anamorphose Une anamorphose est une déformation réversible d'une image à l'aide d'un système optique — par exemple un miroir courbe — ou une transformation mathématique. On appelle également anamorphose la déformation de l'image d'un film ou d'une émission de télévision à l'aide d'un système optique ou électronique afin de l'adapter à un écran informatique ou de télévision (format large ana- morphosé, format 4/3 ou 16/9). Le mot dérive du grec ἀναμορφόω, anamorphoein, « transformer ». Anamorphose conique de 1842 : le motif n'est visible que de des- sus. Certains artistes ont créé par ce procédé des œuvres dé- formées qui se recomposent à partir d'un point de vue pré- établi. Historiquement, l'anamorphose est l'une des ap- plications des travaux de Piero della Francesca († 1292) sur la perspective. En effet, c'est la rationalisation de la vision qui a conduit à systématiser les techniques de pro- jection, dont les anamorphoses sont l'un des résultats. Cet « art de la perspective secrète »[citation nécessaire] dont parle Albrecht Dürer connaît des applications multiples, aussi bien dans le domaine de l'architecture et du trompe-l'œil que dans des utilisations utilitaires. Son premier théori- cien fut Jean-Louis Vaulezard (XVIIe siècle). La dernière anamorphose murale subsistant en France (8 mètres de long) se trouve dans la chapelle des Jésuites du lycée du Sacré-Cœur à Aix-en-Provence[1],[2]. 1 Application artistique 1.1 Anamorphose classique L'anamorphose est une particularité étonnante de la perspective[réf. souhaitée]. « La perspective est généralement considérée, dans l’his- toire de l’art, comme quelque chose de réaliste restituant la 3{ème} dimension. C’est avant tout un artifice qui peut servir à toutes les fins. Nous en traitons ici le côté fan- tastique et aberrant : une perspective dépravée par une démonstration logique de ses lois. » — Jurgis Baltrušaitis, Anamorphoses, ou Thaumaturgis opticus. On connaît, de Léonard de Vinci, cette anamorphose d’un visage d’enfant et d’un œil (1485, Codex Atlanticus). À regarder depuis la droite du dessin, en regard frisant. La peinture Les Ambassadeurs de Hans Holbein le Jeune contient près de la base de la toile l'anamorphose d'un crâne, qui est en fait une vanité. On ne peut voir le crâne qu'en regardant le tableau avec une vue rasante. Le peintre a caché discrètement un crucifix en haut à gauche du tableau derrière le rideau. Parfois, ce n'est pas le centre de la représentation qui est déformé, mais ses extrémités afin de donner l'impression que la surface du tableau n'est pas strictement plane. L'exemple le plus connu de ce type d'anamorphose en quelque sorte “inversée” est l'Autoportrait au miroir convexe du Parmesan (1524). Il s’agit dans ces trois cas d’anamorphoses directes. Il existe aussi d’autres types d’anamorphoses, où l’on inter- pose un miroir conique ou cylindrique entre le regard et la peinture qui, déformée, s’y reconstitue. C'est no- tamment le cas des anamorphoses chinoises datant de l’époque Ming (1368 à 1644). Les anamorphoses à miroir permettent grâce à l'interposition d'un miroir cylindrique ou conique de faire apparaître une image qui est la réflexion d'une image déformée conçue à cet effet. L'image déformée est peinte sur une surface plane autour d'un emplacement 1 2 1 APPLICATION ARTISTIQUE Anamorphose à miroir Anamorphose d'après l'Érection de la Croix de Rubens de Domenico Piola, Musée des beaux-arts de Rouen prévu du miroir ; ce n'est qu'en y installant le miroir que l'image apparaît non déformée sur la surface de celui-ci. Répandu au XVIIe siècle et XVIIIe siècle, ce procédé d'anamorphose a permis de diffuser caricatures, scènes érotiques et scatologiques, scènes de sorcellerie et grotesques qui se révélaient pour un public confidentiel lorsque le miroir était positionné sur la peinture. Parmi les peintres qui ont utilisé l'anamorphose, on peut par ailleurs citer Félix Labisse ou Salvador Dalí. De nos jours, cette technique classique a été remise au goût du jour par le marqueteur et sculpteur sur bois franc-comtois Pierre Beuchey. 1.2 Anamorphose contemporaine 1.2.1 Trompe-l'œil architectural Les principales utilisations modernes de l'anamorphose interviennent dans le domaine du trompe-l'œil. Elles consistent à peindre d'une façon déformée et calculée une image qui se reconstituera, vue d'un point de vue prééta- bli, et donnera à la peinture murale une impression de relief et donc de réalité spatiale. Trompe-l'œil en façade. Un carré pour un square, Jean-Max Albert 1988 Vue de la petite place Saint-Georges à Paris, un peu plus haut, le spectateur découvre une façade d'immeuble avec fenêtres en arcades et à fronton, volets. Mais toute cette architecture apparente (moulurations, corniches, ombres portées, vitrages et reflets) est fictive, uniquement pic- turale, sans réalité volumétrique ; elle n'est que la résul- tante visuelle de l'opération que produit l'anamorphose. L'image « anamorphosée » du théâtre vous paraîtra évi- dente de ce point de vue privilégié, mais en vous dé- plaçant vous verrez alors l'image se déformer et s’étirer étrangement. L'occasion de créer une anamorphose nécessite une étude attentive et appropriée des circonstances scénographiques et topographiques satisfaisantes et un choix judicieux de points de vue obligés et privilégiés. Ci-contre, un carré pour un square, une anamorphose réa- lisée par l’artiste Jean-Max Albert pour la Place Fréhel en 1988. Le tracé d’un carré vu en perspective vient s’ins- crire dans la site de la place. Il est constitué par un en- semble de lignes formées d'étroites plaques de marbre de Carrare imbriquées dans les murs des immeubles rive- rains. Un muret en maçonnerie a été créé ainsi qu'un pi- 3 Jean-Max Albert, Reflet anamorphose, Sculpture en bronze, Parc de la Villette.1985 lier de pierre de taille destiné à former l’angle gauche du « carré ». Les vestiges d'une ancienne construction ont été préservés et servent aussi de support au dessin du car- ré virtuel. Par le même artiste, un autre exemple, dont le point de vue obligé est indiqué par l'une des sculptures de visées du parc de la Villette. Une anamorphose cette fois constituée par le reflet d'un assemblage en bronze. Le reflet montre discrètement l'imbrication d'un cercle dans un carré dans un triangle en référence au plan directeur de Bernard Tschumi, architecte du parc. Une autre variante de cette technique a été réalisée par l’artiste Cinzia Pasquali, qui avait dirigé la restauration de la Galerie des Glaces du château de Versailles, pour dé- corer le tunnel autoroutier du Duplex A86[3]. Sa fresque évoque le Roi-Soleil, dont la tête d’Apollon aux cheveux flamboyants a été déformée à 400% pour permettre aux automobilistes de la section Vélizy-Villacoublay – A13 du tunnel d’avoir une perception globale de l’œuvre à une vitesse maximale de 70 km/h. Ci-dessus, la façade en trompe-l'œil du théâtre Saint- Georges, réalisée par Dominique Antony. Au printemps 2016, a été réalisée une anamorphose de la Pyramide du Louvre, à Paris, par l'artiste photographe JR. Celle-ci a constitué à plaquer sur la face avant de la pyramide, une photo de la partie du Pavillon Sully, se trouvant derrière la pyramide. En se plaçant en un point particulier sur le parvis, la perspective réalisée permet de faire coïncider la photo de la partie cachée du pavillon, avec le reste du bâtiment, masquant ainsi la Pyramide[4]. 1.2.2 Anamorphose ludique La technique peut également servir un objectif plus lu- dique, rappelant les utilisations classiques, et cacher dans une image des éléments à découvrir. Selon Dominique Antony, auteur de l'anamorphose ci- dessous : « L'image inattendue jaillit vers le regard ébahi du spectateur. C’est un secret et celui qui l'a découvert, le garde ou le divulgue... Cette scénographie de l'anamorphose uti- lise les ressources et les contraintes de l’archi- tecture pour créer un rapport magique avec ce- lui que, soudain, l'anamorphose rencontre. » L'anamorphose est aussi le phénomène des miroirs dé- formants que l'on trouve dans les animations de foire. Les enfants s’amusent souvent avec leur reflet dans une cuiller. • Cette forme étrange flottant dans le ciel, cachée par les ramures de cet arbre a été peinte pour un autre point de vue. Ici, l'anamorphose telle qu'elle est peinte… • … là, telle qu'elle apparaît de l'autre côté du pe- tit bâtiment sur la droite, révélant de ce point d'observation un échafaudage planté dans le mur, deux planches, un pot de peinture oublié là-haut… 1.2.3 Anamorphose 3D Un procédé informatique développé en 2010[5] par Ro- drigue Pellaud permet de projeter des animations 3D en dissociant le point de vue du spectateur du point de vue de projection[6]. • anamorphose 3D (projection vidéo) • l'image est projetée à partir d'un mur latéral sous le porche et elle est en suite réfléchie sur le plafond à l'aide d'un miroir. • Anamorphose stéréoscopique créée par Dimitri Pa- rant • Anamorphose conique en art contemporain 2 Applications utilitaires 4 2 APPLICATIONS UTILITAIRES 2.1 Application militaire L'anamorphose a été utilisée pour les périscopes des chars d'assaut dès la Première Guerre mondiale, afin d'augmenter l'angle de vue : l'image était « compri- mée » par l'objectif du périscope, puis décompressée par l'oculaire[7], sans doute afin de réduire la taille du conduit — traversant le blindage — reliant l'objectif à l'oculaire. 2.2 Application à la projection cinémato- graphique et vidéo Image originale (haut) et image anamorphosée sur une pellicule uploads/s3/ anamorphose.pdf

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