Correspondance avec Vasile Lovinescu, René Guénon, non publié, 1934- 1940 p. 38
Correspondance avec Vasile Lovinescu, René Guénon, non publié, 1934- 1940 p. 38 Le Caire, 6 février 1938 Cher Monsieur, J’ai bien reçu votre lettre du 26 janvier, et je vous remercie de m’avoir répondu si promptement au sujet de cette désagréable histoire. De mon côté, je vous ai récrit le 29 janvier en réponse à votre précédente lettre. La 2e lettre d’Avramescu est datée du 31 décembre, c’est-à-dire qu’elle a bien été écrite pendant votre absence ; mais la 1re est du 3 novembre, donc plus ancienne que vous ne le pensiez. Je vois que malheureusement vous n’avec pas une entière confiance dans ce que dit D., de sorte qu’on peut toujours se demander si, dans certains cas (la menace de ma lettre par exemple), les mensonges viennent de lui ou d’Avramescu, et il paraît bien difficile de savoir exactement ce qu’il en est. En tout cas, si Avramescu lui a réellement dit avoir reçu une lettre de moi en septembre, cela est tout à fait faux ; j’en suis d’autant plus sûr que précisément j’étais malade à ce moment-là, comme vous le savez, et que par conséquent je n’ai pas pu lui écrire ; du reste, je retrouve la date exacte de la dernière lettre que je lui ai adressée : c’est le 13 avril ! – Comme vous, je pense qu’il est vraiment plus prudent que je ne lui réponde rien du tout ; nous verrons s’il insiste encore de nouveau ; quant à une explication de l’affaire Alî Abdul-Haqq, il est évident qu’il n’en donnera jamais… Je crois bien aussi que, dans sa pensée, l’autre “épouvantail contre-initiatique” doit être l’affaire Bazil Zaharoff ; je ne vois pas en dehors de cela, à quoi il pourrait bien faire allusion. Ce que vous dites du rôle de la “pétrification” dans la tradition roumaine est réellement intéressant ; le sens général, tout au moins, paraît bien être celui que vous envisagez. Quant au rapport du “feu d’Hécate” avec Kundalinî, il faudrait, pour les identifier, envisager celle- ci dans le sens descendant ; en somme, le rapport est celui des deux courants de sens contraires, qui naturellement sont aussi en relation avec les deux phases hermétiques de “coagulation” et de “solution”. Le symbolisme de la pierre a d’ailleurs des aspects multiples et très complexes ; j’aurai probablement quelque occasion d’y revenir dans mes articles… L’interprétation suivant laquelle le 10e Avatâra naît de la race tartare serait, au fond, d’accord avec la Tradition d’après laquelle il doit venir de “Chang Shamballa”, si on admet la localisation au Nord du Thibet (outre le sens symbolique qui, bien entendu, n’est pas exclu par là). – Pour Armilus, je ne crois pas que sa manifestation puisse n’être pas soumise au temps dans le sens que vous dites ; s’il est un être humain, ce qu’il “incarne” ou représente en même temps ne change rien à cet égard. Pour ce qui est de l’interprétation de “Harap Alb”, je dois dire qu’elle me paraît juste dans l’ensemble, mais que peut-être j’aurais, pour ma part, présenté certains points sous une forme plus “dubitative”. Par exemple, le rapprochement entre le nom de Persée et Parashu, etc., ne me semble pas être très sûr ; je ne sais d’ailleurs pas quelle origine on donne généralement à ce nom de Persée… – Je n’arrive pas à comprendre l’expression “initiation hamsa”, car l’état de “hamsa” se réfère à une période où précisément la nécessité de l’initiation n’existait pas encore ; pourriez-vous m’expliquer ce que vous avez voulu dire par là ? – Je tâcherai de vous reparler encore de ce sujet la prochaine fois, si vous voulez bien me le rappeler… Croyez, je vous prie, cher Monsieur, à mes sentiments les meilleurs. René Guénon uploads/s3/ correspondance-avec-vasile-lovinescu-rene-guenon-6-fevrier-1938.pdf
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- Publié le Jul 31, 2022
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