1 Dominique Ottavi L’art Textes expliqués, sujets analysés, glossaire. Collecti

1 Dominique Ottavi L’art Textes expliqués, sujets analysés, glossaire. Collection dirigée par Laurence Hansen-Løve Edition numérique : Pierre Hidalgo La gaya scienza © avril 2011 2 Table des matières Introduction ........................................................................ 6 L’art doit être pensé ................................................... 7 Le sentiment esthétique ............................................. 9 La création artistique ................................................ 12 L’art et le travail ................................................... 12 L’art est la création du génie ................................ 14 Art et représentation ................................................. 15 L’art en question ....................................................... 17 1. Le sentiment esthétique ................................................. 20 Texte 1: L’enthousiasme, Platon (v. 427-v. 347 av. J. -C.) ............................................................................ 22 Pour mieux comprendre le texte ......................... 24 Texte 2 : Le beau n’est pas l’agréable, E. Kant (1724- 1804) ........................................................................ 25 Pour mieux comprendre le texte ......................... 27 Texte 3 : Le beau est aussi une propriété des œuvres, G. -W. F. Hegel (1770-1831) ..................................... 29 Pour mieux comprendre le texte ......................... 30 Texte 4 : Beauté naturelle et beauté artistique, G. -W F. Hegel (1770-1831) ................................................ 32 3 Pour mieux comprendre le texte ......................... 33 2. Art et travail ................................................................... 36 Texte 5 : L’agir et la création, Aristote (384-322 av. J. -C.) ........................................................................ 39 Pour mieux comprendre le texte ......................... 40 Texte 6 : Les abeilles exercent-elles un art ? E. Kant (1724-1 804) ............................................................. 42 Pour mieux comprendre le texte ......................... 43 Texte 7 : Les règles de l’art, E. Kant (1724-1804) .... 45 Pour mieux comprendre le texte ......................... 46 Texte 8 : L’art est une forme de la fête, G. Bataille (1897-1962) .............................................................. 47 Pour mieux comprendre le texte ......................... 49 Texte 9 : L’œuvre d’art comme modèle réduit C. Lévi-Strauss (1908-2009) ......................................... 51 Pour mieux comprendre le texte ......................... 53 3. La création artistique ..................................................... 56 Texte 10 : Le génie, E. Kant (1724-1804) ................. 59 Pour mieux comprendre le texte .......................... 61 Texte 11 : L’illusion de la facilité, F. Nietzsche (1844- 1900) ........................................................................ 62 Pour mieux comprendre le texte ......................... 64 4 Texte 12 : Le temps de la création, H. Bergson (1859-1941) .............................................................. 65 Pour mieux comprendre le texte ......................... 67 4. Art et représentation...................................................... 69 Texte 13 : L’artiste imitateur, Platon (v. 427-v. 347 av. J. -C.) .................................................................. 72 Pour mieux comprendre le texte ......................... 74 Texte 14 : Le charme de l’imitation, Aristote (384- 322 av. J. -C.) ........................................................... 76 Pour mieux comprendre le texte .......................... 77 Texte 15 : L’art est un besoin 19 de l’esprit G. -W. F. Hegel (1770-1831) .................................................... 78 Pour mieux comprendre le texte ......................... 80 Texte 16 : L’art : une perception étendue H. Bergson (1859-1941) .............................................................. 81 Pour mieux comprendre le texte ......................... 83 5. L’art en question ............................................................ 86 Texte 17 : Pouvoirs de l’inconscient, S. Freud (1856- 1939)......................................................................... 89 Pour mieux comprendre le texte .......................... 91 Texte 18 : Un amour suspect, P. Bourdieu (né en 1930) ........................................................................ 93 Pour mieux comprendre le texte ......................... 94 5 Texte 19 : Innovation et tradition, C. Lévi-Strauss (1908-2009) ............................................................. 96 Pour mieux comprendre le texte ......................... 97 Texte 20 : Une illusion salutaire, F. Nietzsche (1844- 1900) ........................................................................ 99 Pour mieux comprendre le texte ........................ 101 Texte 21 : Peut-on reproduire une œuvre d’art ? W. Benjamin (1892-1940) ........................................... 102 Pour mieux comprendre le texte ....................... 104 Sujets analysés ................................................................. 107 Premier sujet : Devant une œuvre d’art, peut-on dire : « à chacun son goût ? » ................................. 107 Deuxième sujet : Une œuvre d’art nous invite-t-elle à nous évader du monde ou à mieux le regarder ? . 110 Glossaire ........................................................................... 113 À propos de cette édition électronique ............................ 120 6 Introduction L’art, aujourd’hui, semble s’adresser à tous ; la convic- tion, largement partagée, qu’il concerne la société dans son ensemble s’allie aux moyens de communication de masse pour le rendre accessible même à ceux qui ne le rechercheraient pas spontanément. Toutefois, l’art, dans ses formes contemporaines, est souvent réputé éloigné du public, d’accès difficile et réser- vé à des initiés. En fait, ces deux aspects entretiennent peut-être secrè- tement un rapport. La facilité apparente de l’accès aux œuvres d’art, qui répond à un souhait égalitaire, ne garan- tit pas que la perception et l’abord en soient plus aisés, dès que l’on quitte cette appréciation quantitative pour s’intéresser à la réalité des réactions individuelles. Faut-il se féliciter sans réserve du succès, mesuré en nombre d’entrées, de certaines grandes expositions ou de certains concerts, du mécénat d’entreprise ou du fait que les musées sont devenus des lieux pédagogiques ? Cette surenchère de bonne volonté est peut-être source de ma- lentendus : alors que l’œuvre d’art est toujours censée être le reflet d’une individualité qui exprime ainsi son origina- lité, on lui demande, sans doute de manière contradic- toire, de plaire à un public de plus en plus large. Certains historiens de l’art ont d’ailleurs souligné dans l’art con- 7 temporain un « culte du nouveau », c’est-à-dire une fuite en avant dans la recherche systématique de l’inédit ; comme si les formes devenaient périmées dès qu’elles ne choquent plus l’opinion, la provocation risquant de deve- nir la seule finalité de l’art. Les artistes n’ont-ils le choix qu’entre l’affirmation exacerbée d’une singularité qui les conduirait à produire « n’importe quoi » et le fait de se conformer au goût majoritaire ? Ici s’ouvre la question de savoir quelles sont les finalités de l’art et ce qui justifie la pratique artistique. Quant au public pressé et à l’amateur désorienté, deux attitudes les guettent : le relativisme, qui s’en tient à l’idée que tout se vaut, et, par conséquent, que rien ne vaut, et le scepticisme, pour qui nous sommes condamnés à l’ignorance, ce qui rejette l’activité artistique dans le do- maine de la futilité : l’art n’est-il pas de façon privilégiée le domaine de l’irrationnel ? L’art doit être pensé Le secours de l’érudition, les savoirs concernant l’art, qu’il s’agisse de l’histoire ou de la critique esthétique, peu- vent-ils permettre de lever ces difficultés ? Peuvent-ils constituer une médiation entre l’artiste et son public ? Comment la philosophie doit-elle se situer par rapport à eux ? Les connaissances sur l’art développent bien entendu la réflexion. La connaissance de la genèse d’une œuvre, de 8 son contexte historique, son étude formelle ou la restitu- tion des techniques employées permettent de mieux la comprendre et, souvent, de mieux l’apprécier. Mais ces connaissances s’édifient autour d’objets auxquels on re- connaît valeur et beauté avant de justifier ce jugement par une parole savante. C’est pourquoi, dans certains cas, on peut tout autant soutenir que cet accompagnement est parasitaire et que, loin de faciliter le rapport aux œuvres, il le rend plus superficiel. La philosophie aura, par exemple, pour tâche d’interroger l’expérience qui se trouve au fondement de cette reconnaissance. Le sentiment esthétique, l’expérience du beau constituent, à côté de ce qui peut concerner l’art sous un aspect déterminé, un domaine d’interrogation de portée générale. Sans ignorer les sciences de l’art, la philosophie ne doit donc pas s’y substituer. En effet, celles-là traitent d’objets particuliers, alors que la tâche de la philosophie est plutôt d’explorer la signification de l’activité artistique en géné- ral. Elle tentera d’en dégager le « pourquoi » et d’expliciter les notions qui y sont appliquées, à commencer, par exemple, par le goût, dont la prétendue souveraineté justi- fie la dérive des opinions. Il faut donc distinguer l’esthétique au sens de com- mentaire exercé à propos des œuvres d’art de l’esthétique philosophique, qui, soit qu’elle s’oriente de manière privi- légiée vers l’étude du sentiment de la beauté, ou qu’elle tende à devenir, comme chez Hegel, une science de l’art, une science des œuvres, recherche l’intelligible au cœur 9 même de cette activité humaine qui semble échapper à la rationalité. Loin de devoir rester impensé et finalement insigni- fiant, l’art, qui invite à penser, doit être considéré comme une partie de la conscience et de la lucidité conquises par l’humanité. Ainsi, l’historicité de l’art ne vient pas seule- ment de ce qu’il porte la marque de son époque et en té- moigne, mais de ce qu’il l’exprime, de ce qu’il en révèle des aspects essentiels à l’esprit attentif. L’interrogation sur les productions artistiques en tant que porteuses de significa- tion nous permet de nous connaître nous-mêmes, en effec- tuant au besoin un détour par ce que nous a légué le passé. En ce sens, il n’y a pas à isoler une partie de la philo- sophie qui serait la philosophie de l’art, pourvue d’une certaine autonomie du simple fait qu’elle s’attacherait à un domaine particulier. Bien plutôt, la philosophie s’exerce à propos de l’art, pensée incarnée qui s’exprime dans la ma- tière et les formes plutôt que dans des concepts. Le sentiment esthétique L’expérience du beau est le phénomène irréductible sur lequel se fonde notre interrogation. Ce caractère est de nature à compromettre la réflexion : questionner cette expérience, n’est-ce pas porter atteinte au point d’appui le plus sûr de l’individu et raisonner inutilement sur une certitude qui naît dans la particularité intime de chaque être ? Si les beaux-arts se donnent à travers les œuvres, uploads/s3/ art-ottavi.pdf

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