Mémoire de licence présenté à la Faculté des lettres de l’Université de Fribour

Mémoire de licence présenté à la Faculté des lettres de l’Université de Fribourg (CH) par Delphine Neuenschwander Sous la direction du Prof. Alain Faudemay Chaire de Littérature française moderne Le Dépassement du naturalisme dans les Combats esthétiques d’Octave Mirbeau Juin 2006 Neuenschwander Delphine Route de Porrentruy 3 2915 Bure Langnau i. E. A Daisy, ma maman (14. 6. 1947-28. 1. 2006) Car la tristesse de ma joie Semble de l’herbe sous la glace. Maurice de Maeterlinck 2 Table des matières TABLE DES MATIÈRES ....................................................................................................................................... 3 .................................................................................................................................................................................. 4 INTRODUCTION ................................................................................................................................................... 4 I. LA NATURE DANS LES COMBATS ESTHÉTIQUES ................................................................................ 10 A) DÉFINITION « NATURALISTE » DE LA NATURE ........................................................................ 10 Quelques notions esthétiques du XIXe siècle ......................................................... 10 De l’Idéal à la nature .................................................................................................... 24 Genres, sujets, techniques et quelques innovations .............................................. 28 Mirbeau face aux mouvements esthétiques du XIXe siècle .................................. 34 B) CONCEPTION MIRBELLIENNE DE LA NATURE DANS LES COMBATS ESTHÉTIQUES ......................... 40 Quelques notions fondamentales .............................................................................. 40 Evolution de la conception de la nature : entre tradition et nouveauté ............. 55 Quand la laideur devient moderne et la modernité, laideur ................................ 58 A la découverte de la face cachée de la nature ........................................................ 63 La Nature, miroir de l’artiste ....................................................................................... 73 C) L’ANTI-NATURE .................................................................................................................. 82 La Peinture académique et la « belle nature » ......................................................... 82 Une Peinture versatile..................................................................................................91 La Peinture académique, une peinture contre la nature........................................92 Préraphaélisme et symbolisme ou la « nature barbare » ....................................... 94 La Nature, source de laideur.......................................................................................97 La Face cachée de la nature ou le symbole naturel...............................................102 La Nature reniée..........................................................................................................105 L’Art du néant..............................................................................................................107 ARCHITECTURE, SCULPTURE ET PHOTOGRAPHIE, ARTS DE LA « HIDEUR » MODERNE ................... 115 Architecture : de l’âge de pierre à l’âge de fer.......................................................115 Sculpture, dans l’attente du renouveau..................................................................118 Photographie, le leurre pictural...............................................................................121 II. LE NATURALISME ...................................................................................................................................... 124 A) DÉFINITION ...................................................................................................................... 124 B) « LES NATURALISMES » DANS LES COMBATS ESTHÉTIQUES .................................................. 136 Quelques caractéristiques générales ....................................................................... 136 Entre naturalisme « nouveau » et naturalisme « ancien »...................................136 L’ambiguïté réalisme-naturalisme...........................................................................138 3 Vérité, idéal et imaginaire : leur définition « naturaliste ».................................140 Première apparition du naturalisme dans les Combats esthétiques................145 L’Ecole naturaliste.......................................................................................................146 Les Reproches de Mirbeau à l’encontre du naturalisme ..................................... 148 La Perception de la nature........................................................................................148 Un Mouvement rapetissant.......................................................................................149 Abondance de détails et peinture artificielle........................................................151 Entre vulgarité et négation de la création artistique............................................155 Contre le naturalisme ou la volonté d’indépendance..........................................158 Les naturalismes mirbelliens .................................................................................... 161 Le naturalisme-copiste ou le naturalisme servile.................................................161 Le naturalisme académique......................................................................................163 Le naturalisme « savant », un naturalisme estimé................................................167 III. LE DÉPASSEMENT DU NATURALISME ............................................................................................... 171 La transition ................................................................................................................. 171 Remise en question.....................................................................................................171 Renouvellement et intériorité...................................................................................176 Sur la voie de l’expressionnisme ............................................................................. 183 Vincent Van Gogh et Auguste Rodin......................................................................183 À la recherche de l’absolu.........................................................................................191 Sur la voie de l’abstraction ........................................................................................ 196 Nouvelle conception de la nature............................................................................196 Par-delà la nature........................................................................................................209 Les limites de l’écriture .............................................................................................. 213 CONCLUSION .................................................................................................................................................... 224 Introduction Octave Mirbeau un faux naturaliste ? Cette question posée par Roger Bellet en 1977, en guise de titre pour l’un de ses articles1, est toujours d’actualité trente ans après et reflète à la fois la complexité d’une période, la seconde moitié du XIXe siècle, et celle d’un écrivain, Octave Mirbeau. Par ailleurs, les trois termes – Octave Mirbeau, « naturaliste » et « faux 1 Bellet, Roger, « Mirbeau un faux naturaliste ? », Magazine littéraire, 129, (oct. 77), pp. 50-53. 4 naturaliste » – qu’elle contient, résument parfaitement les trois axes principaux qui constituent la problématique de cette étude : Mirbeau, sa place dans le siècle et face au grand questionnement esthétique de l’époque, la représentation de la nature ; son accointance avec le naturalisme et, ce qu’annonce déjà cette question, la position esthétique de Mirbeau au-delà de ce mouvement, c’est-à-dire le dépassement du naturalisme. La question de Roger Bellet reste pertinente, car même si de nombreuses études ont été consacrées à la relation de Mirbeau avec le naturalisme, elles n’ont pas apporté de réponses satisfaisantes. En outre, cette relation a été étudiée plutôt à travers les romans ou la vie de l’auteur, mais rarement dans la perspective de ses critiques d’art, les Combats esthétiques2. Pourtant, ce recueil d’articles se trouve être le plus approprié pour révéler des informations concernant un des grands mouvements esthétiques du XIXe siècle, le naturalisme. Recouvrant une quarantaine d’années, de 1877 à 1914, ces critiques d’art sont un véritable témoignage de la richesse artistique de ce siècle, en France, qui voit naître tant de tendances différentes et, par conséquent, tant de bouleversements. Toutefois, si la vie artistique qui évolue à un rythme effréné, le journalisme et surtout, la critique d’art, vivent eux aussi une période d’intense développement. Il s’agira de déterminer, en premier lieu, la place qu’a occupée Octave Mirbeau dans ce contexte foisonnant. Si la relation entre Mirbeau et le naturalisme est empreinte d’ambiguïté, cela vient du fait que le naturalisme lui-même contient quelques zones d’ombre. Qu’est-ce que le naturalisme ? Ou plutôt, quelle est la définition du naturalisme ? Ces interrogations ne sont pas aussi simples qu’il paraît. Le naturalisme étant souvent réduit à une seule personne – Emile Zola, le chef de file du mouvement – il jouerait un rôle mineur par rapport au grand courant qui le précède, le réalisme. Pour répondre à ces questions, il est évident qu’il faut retourner à l’origine du mouvement et étudier ce qu’en dit Zola dans l’optique d’une confrontation avec la perception de Mirbeau. 2 Mirbeau, Octave, Combats esthétiques, tomes I et II, Paris, Séguier, 1993. 5 Cependant, les conceptions d’autres auteurs considérés comme naturalistes doivent également être prises en compte, car elles sont, sans aucun doute, une des causes de la polysémie du terme « naturalisme ». Le naturalisme n’avait pas l’ambition d’imposer une pensée esthétique unique, ce qui laissait une certaine liberté aux artistes se reconnaissant dans le mouvement, tout en cherchant à créer des œuvres originales. Le naturalisme est, selon Paul Alexis, « une méthode de penser, de voir, de réfléchir, d’étudier, d’expérimenter, un besoin d’analyser pour savoir, mais non une façon spéciale d’écrire »3 ; d’où les nombreuses nuances qui peuvent émaner de l’étiquette de naturalisme. A la difficulté de la définition de ce mouvement, s’ajoute la relation amicale instable qui lie Zola et Mirbeau. Même si l’influence des sentiments personnels de l’un et l’autre reste un facteur minime dans l’opinion qu’a Octave Mirbeau du naturalisme, il ne faudra néanmoins pas le perdre de vue. En revanche, si l’importance de ce courant esthétique pour la fin du XIXe siècle est incontestable en littérature, qu’en est-il dans le domaine des beaux-arts ? Cette question est légitime, d’une part parce que l’étude des Combats esthétiques se concentrent uniquement sur ce champ et, d’autre part, parce que certains écrivains naturalistes, comme Huysmans, ont également été critiques d’art. Il sera, par la même occasion, intéressant de comparer l’opinion de Mirbeau avec celles de ses collègues critiques d’art et d’en estimer la valeur. De surcroît, de nombreux mouvements esthétiques ont souvent été étroitement liés à ces deux domaines artistiques, s’influençant mutuellement, il faudra alors voir si le naturalisme suit cette pratique et réussit à imposer sa conception esthétique également dans le domaine des beaux- arts. Les Combats esthétiques offrent justement la possibilité d’un double point de vue, littéraire et artistique. La question exposée au début de cette introduction laisse en outre présager une certaine distance, pour ne pas dire quelques divergences, entre Mirbeau et le naturalisme. Quelles sont les raisons de cet éloignement ? Et à quel moment se produit-il ? Il est vrai qu’Octave Mirbeau, étant donné le nombre d'années durant 3 Huret, Jules, Enquête sur l’évolution littéraire, Paris, Corti, 1999, p. 206. 6 lesquelles il a posé son regard critique, a vu se succéder plus d’une tendance et il ne faut pas oublier que l’indépendance et la volonté d’innovation ont toujours été ses règles de base. De surcroît, Octave Mirbeau se veut un critique d’art en perpétuelle évolution grâce à son esprit d’ouverture. Mais comment a-t-il réussi à dépasser le naturalisme ? Quelles sont les esthétiques, ainsi que les artistes, qui l’ont mené sur une nouvelle voie ? Même si son désir de nouveauté est très fort, il est permis de se demander quelles ont été ses réactions face à des mouvements esthétiques qui s’éloignent des conceptions artistiques du début du siècle et, plus particulièrement, de la représentation de la nature telle qu’elle est pensée depuis les années cinquante avec le réalisme. Enfin, il subsistera un dernier point à éclaircir concernant Octave Mirbeau lui-même : comment a-t-il réussi à concilier les ambitions du critique d’art avec celles de l’écrivain face à un art toujours plus avant-gardiste ? Auparavant, il est nécessaire de comprendre ce qui est à l’origine de toute création artistique et au centre des débats durant tout le XIXe siècle : la nature. Pour ce faire, il faudra se pencher sur l’évolution de sa perception depuis le début du XIXe siècle et étudier, plus particulièrement, quelle est celle du naturalisme. Il est, effectivement, impossible de parler du naturalisme, sans aborder la perception de la nature, vu que c’est bien uploads/s3/ delphine-neuenschwander-quot-le-depassement-du-naturalisme-dans-les-quot-combats-esthetiques-quot-de-mirbeau-quot.pdf

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