See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://ww
See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.net/publication/274751913 Phonostylistique : étude du style dans la parole Article in L Information Grammaticale · January 1996 DOI: 10.3406/igram.1996.2986 CITATIONS 2 READS 136 2 authors, including: Some of the authors of this publication are also working on these related projects: Rhythm in working-class Parisian French View project Zsuzsanna Fagyal University of Illinois, Urbana-Champaign 51 PUBLICATIONS 458 CITATIONS SEE PROFILE All content following this page was uploaded by Zsuzsanna Fagyal on 29 August 2019. The user has requested enhancement of the downloaded file. L'Information Grammaticale Phonostylistique : étude du style dans la parole Zsuzsanna Fagyal, Mary-Annick Morel Citer ce document / Cite this document : Fagyal Zsuzsanna, Morel Mary-Annick. Phonostylistique : étude du style dans la parole. In: L'Information Grammaticale, N. 70, 1996. pp. 16-20. doi : 10.3406/igram.1996.2986 http://www.persee.fr/doc/igram_0222-9838_1996_num_70_1_2986 Document généré le 16/10/2015 PHONOSTYLISTIQUE : ÉTUDE DU STYLE DANS LA PAROLE Zsuzsanna FAGYAL et Mary-Annick MOREL LA NOTION DE « STYLE VOCAL » Many people have an illusion that style is something that belong to literature. Style is an every-day facet of speech that characterizes both the social group and the individual. (Sapir 1927)0) Le style n'est pas propre à la littérature, ni même à la langue écrite. Il est omniprésent dans la parole de tous les jours sous forme de variations phoniques systématiques dues à la situation, à l'individu ou à certains groupes d'individus. Le sermon, les commentaires sportifs ou le langage adressé aux bébés mettent en uvre des traits phoniques particuliers qui leur confèrent un statut de « genre situationnel » (Lucci 1983). L'art oratoire de De Gaulle (Léon 1971), la voix « charmeuse » de Brigitte Bardot (Léon 1981) et l'autoritarisme de la parole de Hitler (Schnauber 1969) relèvent des styles phoniques individuels. La prononciation de la bourgeoisie du 16e arrondissement de Paris (Mettas 1973), l'accent dit « snob » (Léon 1971) imité aussi par les enfants (Blanche-Benveniste et al. 1990), illustre les « façons de parler » des groupes sociaux. Le style vocal perpétué par le groupe professionnel des annonceurs de la radio et de la télévision pourrait même induire des changements considérables du patron accentuel du français quotidien non-méridional dans l'avenir (Fônagy et Fônagy 1976) : suraccentuation des éléments enclytiques (pronoms, prépositions), multiplication des accents d'insitance contigus, etc. Au vu de ce bref recensement, le style vocal semble omniprésent dans l'usage quotidien de la parole. La parole possède, en effet, de multiples sources de variations phonématiques et prosodiques exploitées à des fins stylistiques. Certaines sont délibérément choisies par le locuteur en vue d'une représentation du soi (styles individuels), d'un marquage socio-professionnel (sociolectes et jargons) ou d'un jeu artistique (poésie). D'autres, comme les informations « vocales » concernant la taille, le sexe, l'âge, l'origine étrangère ou dialectale, ainsi que les manifestations phoniques des émotions relevant de mécanismes inconscients échappent au contrôle du locuteur. Traditionnellement, l'effet produit par les variations systématiques des phénomènes langagiers est considéré comme « style » lorsqu'il 1 . Plusieurs ont cette illusion que le style relève de la littérature. Or, le style est un aspect quotidien de la parole qui caractérise le groupe social tout comme l'individu. (Sapir 1927, traduit par les auteurs de l'article) est le résultat d'un choix volontaire et conscient. C'est également l'une des définitions actuelles du « style vocal » : phénomènes phoniques particuliers caractérisant, par un choix délibéré, des groupes, des individus et des situations (Fônagy 1977). La phonostylistique, domaine spécialisé de la phonétique, a pour rôle d'étudier ces phénomènes. Selon une autre définition, le terme « style vocal » réfère à tout effet sonore produit - consciemment ou inconsciemment par l'occurrence systématique de certains traits phoniques (Léon 1971). Cette conception plus large du style vocal ne tient pas compte des motivations de l'effet produit. Elle considère que les effets phoniques « involontaires » appartiennent tout autant au domaine de la phonostylistique que les traits phoniques « choisis » par le locutueur pour marquer, par exemple, son appartenance à un groupe social. Les deux définitions coexistent actuellement (voir Léon 1993 pour discussion). La seconde est favorisée par les tentatives de synthèse et de reconnaissance vocales, alors que la première s'appuie sur une longue tradition d'étude de l'expressivité dans la parole. ORIGINES DES MODÈLES THÉORIQUES DU STYLE VOCAL L'étude des variations dans la parole fut longtemps exclue de la tradition linguistique. La naissance et l'élaboration des fondements théoriques de la phonostylistique illustrent bien cette tendance. Léon (1993) note l'ironie du sort qui fait de Troubetzkoy (1939) le père fondateur de la phonostylistique. Dans l'introduction aux Principes de Phonologie, Troubetzkoy propose, pour la première fois, d'appliquer le terme phonostylistique (Lautstilistik) à l'étude des variations expressives dans la parole. Mais, paradoxalement, il est aussi le premier à exclure la nouvelle discipline du domaine linguistique. Semblablement à la dichotomie saussurienne entre Langue et Parole, le chef de file de l'École de Prague situe toute variation en dehors de la Langue, et attribue à la phonostylistique l'étude des réalisations expressives dites extrapho- nologiques. Malgré sa grande influence, cette conception ne fut pas unique à l'époque. Troubetzkoy, lui-même, cite les propos de Laziczius (1935) qui suggère de répertorier les vraies variantes de la langue au sein d'une phonologie expressive. Bien que l'idée ne soit pas retenue, et ceci principalement parce que Troubetzkoy a largement sous-estimé 16 L'Information grammaticale n° 70, juin 1996 l'ampleur du phénomène de style vocal (2), l'élaboration d'un modèle théorique fonctionnel des variantes connut un succès important par la suite. Parmi les continuateurs de l'École de Prague, Jakobson (1963) s'appuie entre autres sur les ouvrages de Laziczius lorsqu'il développe son modèle de la communication. Les fonctions attribuées aux trois principaux éléments de la chaîne de la communication verbale (destinateur, destinataire et message) sont reprises et amplement discutées dans les modèles phonostylistiques ultérieurs. Léon (1971), par exemple, s'appuie sur l'analyse de Jakobson et la définition linguistique du style par Riffaterre (1961) lorsqu'il distingue entre quatre fonctions du message : (1 ) fonctions expressives qui permettent d'identifier l'énonciateur généralement à son insu (fonctions émotive, caractérielle et dialectale), (2) fonctions impressives visant l'auditoire (style oratoire), (3) fonction phatique et (4) fonction métalinguistique. Plutôt que de définir les fonctions expressives du message par rapport aux interlocuteurs, Fônagy (1977 et 1985) suggère de répertorier les phénomènes expressifs au sein d'une caractérologie vocale comparable à l'interprétation psychologique de récriture individuelle (idem: 14). Ce faisant, Fônagy pointe vers les schémas expressifs universaux et spécifiques à chaque langue. L'approche fonctionnelle de l'expressivité vocale s'élargit par la suite pour aborder la notion du signe. Plusieurs travaux soulignent que le message communiqué semble être le résultat d'un « double codage », à la fois sémantique et expressif, du signe. L'idée revient par exemple dans le modèle « connotatif » de Kerbrat-Orecchioni (1977) pour qui le message est sémantique et pragmatique, dans la mesure où la communication consiste en la transmission des informations du type référentiel (« dénotation » du sens) et expressif (« connotation » du sens). Fônagy (1971 et 1983) développe tout un modèle basé sur l'idée du double codage, en ajoutant une dimension paralinguistique à la conception saussurienne du signe. D'après son modèle, le processus d'encodage serait d'abord linguistique, ensuite paralinguistique. La première étape, telle qu'on la connaît à partir de la description structuraliste, consisterait à engendrer des éléments phoniques distingués par la grammaire. Il en résulterait des signes discrets où le rapport entre signifiant (matière phonique) et signifié (sens) serait arbitraire. A la seconde étape, les signes phoniques (signifiants + signifiés) subiraient un encodage supplémentaire par le module para- linguistique ajoutant une dimension expressive au contenu référentiel par la « distorsion » des signifiants : allongement de la durée d'une voyelle, accroissement des écarts mélodiques... etc. Les unités engendrées par le second module sont entières, continues et motivées, dans la mesure où l'information paralinguistique « greffée » sur le message linguistique initial serait issue d'un code préverbal. Ohala (1984) parle à ce propos de frequency code (code fréquentiel), phénomène ethologique étant à la base du choix de la 2. Il encourage les recherches ultérieures à rassembler des matériaux, et cela dans les langages les plus diverses possibles, mais il précise qu'à son avis ceux-ci ne constitueront que de petits groupes de faits (Troubetzkoy 1939/1957: 27-28) hauteur absolue de la voix chez les mammifères comme chez les oiseaux : la voix grave symbolise grand, fort, dominant, la voix aiguë implique petit, faible et dominé. Le message linguistique modifié en fonction de ce code deviendrait donc « doublement codé », porteur d'un message secondaire considéré comme stylistique. Mise à part sa contribution à l'étude psychanalytique de la voix, la conception du double codage de Fônagy relance également la discussion sur l'iconicité du signe et le débat philosophique millénaire sur les rapports entre substance et matière : « Thesei » et « Physei » (Fônagy 1993). SUR LE RYTHME DE PAROLE DE DURAS Méthode Le meilleur moyen d'aborder la variabilité stylistique dans la parole est probablement la méthode comparative. Il est possible, par exemple, de saisir des différences situation- nelles, individuelles uploads/s3/ fagyaland-morel-1996-phonostylistique.pdf
Documents similaires










-
33
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Oct 16, 2022
- Catégorie Creative Arts / Ar...
- Langue French
- Taille du fichier 1.0513MB