1 LA CREATIVITE, LE TRESOR INCONNU par Hubert Jaoui LA CREATIVITE : POURQUOI AU
1 LA CREATIVITE, LE TRESOR INCONNU par Hubert Jaoui LA CREATIVITE : POURQUOI AUJOURD'HUI ? 1. QU'EST-CE QUE LA CREATIVITE ? - Les caricatures de la créativité - L'invention de la créativité par Guilford et Osborn - Descartes, pionnier de la créativité européenne - Alex Osborn et le brainstorming - La découverte révolutionnaire de J.P. Guilford - La Foundation for Creative Education - La créativité aujourd'hui dans le monde. 2. CREATIVITE ET INTELLIGENCE - Le rôle majeur de la culture générale - Les quatre niveaux de comportement - Les deux cerveaux du Professeur Sperry 3. LES TROIS DIMENSIONS DE LA CREATIVITE - Le talent - La méthode • Le principe de base • Le parcours d'invention - L'énergie 4. L'HEURISTIQUE ET LES LOGIQUES DE LA DECOUVERTE - Les logiques associatives - Les logiques analogiques - Les logiques combinatoires - Les logiques oniriques - Une méthode synthétique 5. LA CREATIVITE POUR QUOI FAIRE ? - Les applications en entreprise - Education, formation et créativité - Vers une société sans travail. Ou sans emploi ? - Créativité et vie personnelle - Un programme pour libérer et développer sa créativité. 2 LA CREATIVITE : POURQUOI AUJOURD'HUI ? La créativité est une idée aussi vieille que l'homme. L'homme s'est fait homme en fabricant, c'est-à-dire en créant un outil. De tout temps des hommes ont créé : des objets, des machines, des villes, des poèmes, des systèmes... Comment se fait-il que ce ne soit qu'à partir des années 70 que ce thème émerge, péniblement d'ailleurs, et qu'il soit aujourd'hui encore ignoré par la majorité des gens, à commencer par les plus directement concernés ? Pendant des millénaires, la création s'est produite à la conjonction d'une offre et d'une demande. L'offre venait des créateurs spontanés (nous reparlerons d'eux dans le chapitre sur les motivations à créer) qui avaient un besoin irrépressible d'exprimer leurs tensions internes dans une oeuvre. La demande venait de ceux qui avaient les moyens de la payer : princes, pharaons, bourgeois enrichis. Point de mécène point d'artiste, à moins que, exceptionnellement celui-ci dispose d'une fortune personnelle lui permettant d'assouvir sa passion. Point de commanditaire, point de palais, point de machines, guerrière ou pacifique. Selon les périodes la demande était plus ou moins limitée. Certains ne toléraient que la reproduction fidèle des créations du passé. Rares furent celles qui ont systématiquement reconnu et valorisé les créateurs : on parle de la Grèce de Périclès, de la Crète des Minoens. Beaucoup plus régulièrement ils ont été contenus et souvent réprimés. En effet, comme l'a écrit Abraham Maslow, "la vie est un mélange intime de routine et de créativité", historiquement les sociétés humaines ont été beaucoup plus conservatrices qu'innovatrices. L'ordre plus fréquent que le changement : celui-ci, bien souvent, n'a pu advenir qu'au prix de la violence révolutionnaire. Cette tendance naturelle de tout organisme à privilégier le maintien du statu quo est la principale explication du peu d'intérêt porté jusqu'à ces dernières années à la créativité. Les gisements à l'air libre étaient suffisamment abondants. Pourquoi se serait-on préoccupé de fouilles géologiques pour découvrir, à grand coûts et à grande fatigue, des filons moins riches et plus difficiles à exploiter. La situation a commencé à changer quand la production en idées et innovations des créateurs spontanés a commencé à devenir insuffisante par rapport aux besoins économiques de la société. Ainsi, de même que le calcul, la lecture et récriture ont vu leur enseignement répandu dans les masses pour produire en nombre suffisant des employés et des comptables, demain l'enseignement de la créativité se répandra-t-il afin que la société puisse disposer de suffisamment d'individus flexibles et innovants. Ainsi pourra-t-on passer de l'ère "post-figurative" où le savoir est détenu par les Anciens à l'ère "cofigurative", fondée sur l'équilibre entre compétence acquise et innovation audacieuse, et se préparer à entrer dans l'ère "pré-figurative", dans laquelle il y aura plus à inventer qu'à apprendre (M. Mead). Longtemps donc on a tenu la création pour un phénomène mystérieux, don magique dévolu à une infime minorité d'individus touchés par l'étincelle divine. On l'avait ou on ne l'avait pas. Qui l'avait pouvait, devait l'exprimer, même -selon une certaine imagerie culturelle- sans la cultiver. Qui ne l'avait pas devait se contenter de ramasser les miettes du festin et parfois de bénéficier du privilège de copier l'œuvre du génie. Qu'est-ce que créer ? Pourquoi, comment est-ce que l'on crée ? Qu'est-ce qui entrave l'expression créatrice ? Autant de sujets peu abordés. Aujourd'hui encore, en Europe, le même tabou, paresseux ou superstitieux, semble stériliser la recherche. Heureusement, les besoins de la société sont là et exercent une pression de plus en plus forte sur le mur de la résistance passive de nos maîtres-à-ne-pas-penser : la 3 créativité trouve peu à peu son chemin dans les entreprises, même publiques, dans quelques collectivités pilotes. Des lézardes apparaissent dans la muraille du conservatisme scolaire et universitaire. Les politiques eux-mêmes... Il est difficile aujourd'hui d'ouvrir un journal ou un magazine sans y trouver une déclaration ou une analyse sur le thème "Les solutions du passé ne fonctionnent plus, le moment est venu d'apporter des idées nouvelles. Innovons !" Eh bien justement, c'est à cela que sert la créativité. QU'EST-CE QUE LA CREATIVITE ? Les définitions sont nombreuses, parfois alambiquées ou tautologiques. Mc Kinnon : "La créativité est un processus qui se déroule dans le temps et qui se caractérise par l'originalité, l'esprit d'adaptation et le souci de réalisation concrète". Ghiselin : "C'est un ensemble de comportements opérant des transformations originales et significatives dans l'organisation du conscient". Guilford : "La créativité recouvre les aptitudes les plus caractéristiques des individus créatifs, lesquelles déterminent la possibilité pour un individu de faire preuve d'un comportement créatif. Paradoxalement, c'est cette dernière définition qui s'est révélée la plus féconde. C'est en recherchant les différences significatives entre les créateurs et les non-créateurs que J.P. Guilford a posé les fondements de toute la psychologie de la créativité. Une définition plus simple énonce que "la créativité est la capacité à créer". Mais qu'est-ce que créer ? Originellement, à tous les sens du terme, c'est "faire à partir de rien, ce que l'Homme ne peut". Un autre énoncé, plus modeste est plus encourageant : "Créer, c'est réaliser un assemblage original et utile en combinant des éléments préexistants". Ainsi la créativité serait-elle à la portée de tous, à condition d'oser combiner et de persister jusqu'à ce que nous ayons trouvé cet "assemblage à la fois original et utile". L'originalité, pour relative qu'elle soit, est plus facile à apprécier que l'utilité. Celle-ci dépend en effet le plus généralement d'un "utilisateur". Celui-ci peut être le créateur lui-même, à la fois auteur et spectateur de son œuvre. Ce peut-être sa maman, sa famille, le clan de ses amis. Ce peut être la Terre entière, avec la sanction du Prix Nobel. L'œuvre peut être une chansonnette dont le succès ne dépassera pas l'été ou la Cinquième de Beethoven. Certains lecteurs pourraient se trouver offusqués que l'on parle d'utilité à propos d'une œuvre d'art. De notre point de vu l'Art n'est pas seulement utile, il est indispensable. Plus d'un futurologue l'affirme : le XXIème siècle sera celui de la culture et l'art y tiendra une part prépondérante. Quant à apprécier la valeur relative de tel ou tel artiste, c'est -à court terme- l'objet d'une vaine querelle. A long terme, l'Histoire se trompe rarement et sait faire la différence entre Mozart et Salieri. Créer c'est donc combiner efficacement. "L'imagination constructive" (Applied imagination) est le titre du best-seller d'Alex Osborn, l'inventeur du mal compris brainstorming. Arthur Koestler, un des esprits les plus éclairés de notre siècle, a étudié les voies de l'invention et de la création dans son "Cri d'Archimède" (The act of création). Il y décrit comme fondamental le mécanisme de la "bisociation". Pour lui créer, c'est provoquer la rencontre extra-ordinaire entre deux éléments qui préexistaient dans deux univers séparés. Si cette rencontre est pertinente, originale, utile, nous avons créé. Apparemment, créer, c'est tout simple. Pourquoi est-ce si difficile, dans les faits ? Nous le verrons dans les chapitres suivants et surtout nous verrons comment nous pouvons être concrètement aidés dans cette aventure. 4 Les caricatures de la créativité Elles sont nombreuses. Le mot a un air de familiarité qui fait que tout un chacun s'en fait une image a priori, image qui agit malheureusement parfois comme filtre déformant et comme alibi à l'ignorance ou à la mauvaise foi. Quand ont dit de quelqu'un qu'il est créatif, on sous-entend généralement qu'il est original jusqu'à l'excentricité, fantaisiste jusqu'à l'égarement, audacieux jusqu'à la provocation, novateur jusqu'à la marginalisation. Bref on tend à mettre l'action davantage sur le dérangeant que sur l'efficace, sur le farfelu que sur l'utile. Au mieux, on pose l'équivalence de la créativité et de l'imagination. Mais on peut être très imaginatif sans jamais rien créer et inversement : l'exemple japonais nous en fournit chaque jour des illustrations. L'utilisation du mot créatif comme substantif dans la publicité ne fait qu'ajouter à la confusion, puisque c'est ainsi que l'on désigne les rédacteurs et concepteurs chargés de traduire les instructions uploads/s3/ la-creativite 2 .pdf
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- Publié le Mar 10, 2021
- Catégorie Creative Arts / Ar...
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