Pit-bull, 2017 - huile sur toile, 225 x 165 cm Conception et réalisation : gale
Pit-bull, 2017 - huile sur toile, 225 x 165 cm Conception et réalisation : galerie anne-marie et roland pallade Texte : Robert Bonaccorsi Crédits photographiques - portrait : Gérard Schachmes - oeuvres : Zarko Vijatovic Imprimerie : Rapid Copy - Lyon tirage 300 exemplaires numérotés Entre chien et loup Soyons franc. On ne présente pas ou plus l’œuvre de Vladimir Velickovic. Un travail qui se déploie à compter de 1959 en vastes séquences où la puissance visuelle s’accorde à la virtuosité technique en dévoilant sa propre intelligibilité dans son existence même. Un art poétique qui se révèle dans l’expérience et non dans la règle. Ici le dessin irrigue la peinture, la structure, la prolonge. La force du propos, l’évidence de cette pensée visuelle peut induire une admiration muette. L’émerveillement le dispute à la stupéfaction dans cette captation des regards. Pour autant la glose n’oblitère pas l’émotion. L’intelligence de la peinture peut se découvrir entre le vertige et le commentaire. Toutefois la sensation reste première. Car c’est bien de cela dont il est question, de ce trouble indicible que la peinture suscite. Les différentes pièces présentées par la galerie anne-marie et roland pallade se déclinent au présent de l’artiste. Réalisées entre 2016 et 2018, elles prolongent sa pérennité thématique : feux, corbeaux, chiens, avec une inflexion particulière sur l’espace. Les quelques éléments présents de la figure et du corps s’inscrivent en effet dans le paysage. Aucun dessin, la peinture étant privilégiée, mais quelques sculptures. Des têtes, projets / modèles d’une création plus ample qui se découvre désormais sur le chemin qui conduit au Vésuve. Le feu, les brasiers, l’incandescence, plus que jamais … Mais aussi les gibets, les potences, les corps suppliciés. L’appréhension de l’horreur … La sélection existe. Choisir de donner à voir… Pour Velickovic le simple fait de proposer une période pose question car chaque œuvre se révèle, dans le même mouvement, rétrospective et annonciatrice. Ici point de segment, mais un même souffle, un seul geste, la manifestation d’une singulière volonté de rendre compte du silence habité du chaos. Chaque élément développe ainsi l’essence du projet plastique, de ce qu’il faut appeler une manière, un style, un univers. Ecoutons Velickovic à propos de l’exposition initiée en 1977 par Alain Jouffroy, Guillotine et peinture, Topino-Lebrun et ses amis. « … Exécutions de l’image. 1. Approche physique de l’histoire comme fiction mortelle : un destin en ombre 2. de poignard. Action des séquences où le temps se raye. Arrêt brutal: chaque constat fixe 3. le présent. Guillotine du clair - obscur : condamnation de la palette et restes symboliques 4. des épaves d’artiste. Exposition horizontale, rétrospective du corps : le peintre livré à tout 5. venant. Largué, jeté, basculé aux profits et pertes : à moins que ne commence un 6. face à face avec l’inconnu. Du mouvement brisé de la lumière nait un geste incurable. 7. Répétition de la tuerie : Le possible bégaie. 8. Des documents entre meurtre et mensonge : flashes épinglés sur 9. éphémérides de la mort ». Feu, 2016, huile sur toile, 116 x 89 cm Au-delà du projet spécifique à propos de l’auteur de La Mort de CaÏus Gracchus, la peinture apocalyptique de Velickovic se découvre telle une peinture d’histoire contemporaine. On sait la mémoire à vif du peintre sur ses souvenirs des atrocités de l’occupation nazie en Yougoslavie. Aucune dimension anhistorique dans ces visions cauchemardesques, mais un processus de dissociation symbolique pour rendre compte de l’actualité des ciels vides et des espaces dévastés. Le trait expressionniste, l’aveuglante noirceur de la lumière, la subtile flamboyance de la couleur (rouges, noirs, clairs-obscurs) manifestent ce paroxysme permanent, incisif, corrosif du temps et de l’espace. Le cycle inspiré des photographies d’Edward Muybridge (1973) et représenté ici par un seul tableau participe à cette stratégie de la tension. Dissocier pour rendre compte de la corruption du temps. Décomposer dans toutes les acceptions du terme. Si Velickovic est bien l’un des acteurs essentiels du renouveau de la figuration des années soixante de l’autre siècle, son apport reste singulier. Ses images tournent résolument le dos aux artéfacts de la culture médiatique. L’imagerie pop lui est étrangère et il tient à distance les outils numériques. L’œil, la main, avant toute chose. Velickovic est et reste peintre. Fondamentalement. Essentiellement. Un peintre crépusculaire, de ce passage, du jour à la nuit, et aussi qui marque l’instant qui précède le lever du soleil. Entre chien et loup. Quand l’homme ne peut distinguer le chien du loup. Quand le chien et l’homme deviennent loups. Entre chiens et loups … à la temporalité du singulier s’ajoute le pluriel de la matérialité des sujets. C’est dans ce double mouvement du temps et des corps, dans cet intervalle, ce hiatus, que l’œil, la main et la mémoire appréhendent symboliquement le réel. Un entre-deux devenu le lieu du déploiement de l’acte de peindre, qui se constitue et s’affirme dans sa particularité visionnaire. Velickovic a la conviction que la flamme de la peinture a été préservée par certains grands artistes figuratifs. Il trouve naturellement sa place sur la liste, non comme le gardien d’un temple en péril mais tel le messager d’une peinture qui sait trouver en elle-même les moyens et les fins de son dépassement. Robert Bonaccorsi, octobre 2018 Paysage, 2018, huile sur toile, 116 x 89 cm Blessure, 2016, huile sur toile, 116 x 89 cm Gibets, 2016, huile sur toile, 116 x 89 cm Corbeaux 3, 2014 - huile et collage sur toile, 116 x 89 cm Paysage, 2017, huile sur toile, 116 x 89 cm Gibets, 2018, huile sur toile, 116 x 89 cm Main, 2016, huile sur toile, 81 x 120 cm Paysage, huile sur toile, 225 x 165 cm, 2016 Sans titres, 2011 - 2018, huile sur toile, 35 x 27 cm Danger, huile sur toile, 2016, 116 x 89 cm Danger, huile sur toile, 2016, 116 x 89 cm Feux, Corbeaux, 2015 - 2018, huile sur toile, 35 x 27 cm Vladimir Velickovic est né le 11 août 1935 à Belgrade (Yougoslavie) où il expose pour la première fois en 1951. C’est dans cette même ville qu’il est diplômé en 1960 de la Faculté d’Architecture et que le Musée d’Art Moderne lui offre sa première exposition personnelle. Il obtient le prix de peinture de la Biennale de Paris en 1965, ville où il s’installe l’année suivante et où il vit et travaille aujourd’hui encore. Il fait sa première exposition personnelle à Paris en 1967 à la galerie du Dragon. Nommé en 1983 professeur à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, il y enseigne pendant dix-huit ans. En 2009, il crée le « Fonds Vladimir Velickovic pour le dessin » qui récompense de jeunes artistes serbes. Il est : • Membre de l’Académie Serbe des Sciences et des Arts • Membre de l’Académie des Beaux-Arts, Institut de France. • Membre de l’Académie Macédonienne des Sciences et des Arts. • Commandeur des Arts et des Lettres. • Chevalier de la Légion d’Honneur. Principales expositions personnelles 1963 Belgrade - Musée d’Art Moderne Sao Paulo - Biennale de Sao Paulo 1964 Lubljana - Mala Galerjia 1965 Bruxelles - Galerie Defacqz Athènes - Galerie Zygos 1967 Paris - Galerie du Dragon 1969 Belgrade - Musée d’Art Moderne Zagreb - Galerie d’Art Contemporain Rijeka - Musée d’Art Moderne 1970 Paris - Musée d’Art Moderne de la ville de Paris Amsterdam - Galerie Jalmar 1971 Milan - Galerie d’Art Vinciana Rome - Galerie Giulia Bologne - Galerie Forni Bolzano-Galleria d’Arte Goethe 1972 Milan - Galerie Eidos Venise - XXXVe Biennale Internationale des Arts Trieste - Galleria Cartesius 1973 Paris - Galerie du Dragon Paris - Galerie Hervé Odermatt Gent - Galerie Richard Foncke 1974 Amsterdam - T – Galerie Bologne - Galerie Forni Torino - Galerie Documenta Cracovie - Galerie Pryzmat Düsseldorf - Galerie Futura 1975 Stockholm - Galerie Futura 1976 Sevilla - Galeria Juana de Aizpuru Lund - Lund Konsthall Goteborg - Konsthall Rijeka - Musée d’Art Moderne Stockholm - Kulturhuset 1977 Paris - Galerie Hervé Odermatt Sao Paulo - Biennale de Sao Paulo 1979 Zagreb - Galerie Zagreb Bruxelles - Galerie Miroir d’encre Barcelone - Galerie Cientro 1980 Genève - Galerie Jan Krugier Sarajevo - Collegium Artisticum Lubljana - Mala Galerjia 1981 Oslo - Henie-Onstad Kunstsenter Bruxelles - Galerie Charles Kriwin 1982 Caracas - Musée des Beaux-Arts Aix-en-Provence - Présence Contemporaine Monte-Carlo - Galerie Le Point 1983 Paris - Galerie de France 1984 Helsinki - Galerie Kaj Forsblom Genève - Galerie Pierre Hubert Kruishouten - Fondation Veranneman Utrecht - Musée de Hedendagse Kunst 1986 Bruxelles - Galerie Miroir d’encre Belgrade - Galerie de l’Académie des Sciences et des Arts 1987 Paris - Galerie Patrice Trigano Monte-Carlo - Galerie Le Point Londres - Galerie Birch and Conrad Bologne - Galerie Forni 1988 Zagreb - Pavillon des Arts Genève - Galerie Kara Tilly sur Seulles-Abbaye de Mondaye 1989 Athènes - Galerie Artio Helsinki - Galerie Kaj Forsblom Los Angeles - Galerie Meyer-Schwarz Bruxelles - Galerie Miroir d’encre 1990 Paris - Galerie Patrice Trigano 1991 Aosta - Centre San Benin Paris uploads/s3/ catalogue-velickovic.pdf
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- Publié le Jan 07, 2022
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